Emma de Jane Austen

Tableau :

L’histoire se déroule au sein de la bonne société anglaise, loin de Londres, à la campagne.
Emma est une jeune femme libre de cœur et d’esprit.
Nous découvrons cette petite société locale au sein de laquelle s’active Emma qui en occupe la place centrale.
Une vision exclusivement féminine et partielle du monde nous est présentée ici.
Que s’y passe-t-il ? On s’invite à boire le thé. Dîners et bals favorisent les échanges et servent aussi à tromper l’ennui.

Les soirées se terminent par des jeux de cartes, des charades et par des discussions en petits groupes…souvent femmes et hommes séparés, d’un côté on parle musique et toilettes, de l’autre politique.
On organise parfois des parties de campagnes. De son côté, Emma tente, avec plus ou moins de succès, de favoriser les rapprochements entre personnes de même condition dans l’espoir de les amener jusqu’au mariage.

Vous l’aurez compris nous sommes bien éloignés du livre d’aventure et d’action.

Caractères et sentiments s’expriment en permanence au fil des pages.
Il est beaucoup question de « bonté ».
On se doit d’avoir des « pensées charitables » et de respecter les « règles de décence » et les « bonnes convenances ».
Nous assistons donc à des échanges de compliments sincères mais bien conventionnels.
Malgré cette accumulation de bons sentiments, la nature humaine est telle que chacun essaie tout de même d’imaginer ce que l’autre peut penser, ce qui est source de quiproquos amusants.

Emma présente les hommes et les femmes tels qu’elle les voit, elle.

Les hommes sont très affairés, ils gèrent leurs terres, leur patrimoine et s’occupent d’activités très sérieuses.
Ils n’apparaissent en règle générale qu’en fin de journée.
Nul ne sait précisément ce qu’ils font et certainement pas les femmes.
Emma décrit ce que représente pour elle l’homme idéal. Ainsi, il peut être laid mais se doit d’être distingué. Il doit être sérieux mais souriant. Le sens de l’humour est le bienvenu.
Emma aime les hommes respectables, bienveillants et aimables.
Ceux-ci doivent faire preuve de simplicité, être pourvu d’un caractère heureux, être bons, gentils et discrets. Ils doivent avoir de l’instruction et de l’élégance. Faire preuve de grossièretés est complètement inacceptable pour elle.

Les femmes se rencontrent, bavardent, échangent des banalités.
Les femmes sont rarement « intelligentes » sauf notre héroïne qui s’estime « intelligente » mais reconnait que c’est relativement exceptionnel pour une femme. Cette qualité n’est, selon elle, pas indispensable aux femmes qui doivent cependant avoir de l’éducation et un minimum de conversation.
Emma estime que les femmes doivent être délicieuses et belles, qu’elles doivent faire preuve de gaieté, d’entrain, d’obligeance, de gentillesse.
Pour être intéressante, une femme doit être jeune, jolie, élégante, avoir le teint éclatant de fraîcheur et de santé. Lorsqu’elle vieillie, la femme devient ennuyeuse.

Mieux vaut être riche mais si par malheur, le jeune fille est orpheline (cas d’Harriet et de Jane Fairfax), alors il faut qu’elle soit polie et bien élevée car elle peut toujours espérer contracter une alliance pour améliorer leur situation et ne pas être contrainte à travailler comme gouvernante.

Mon avis :

De manière surprenante, j’ai beaucoup apprécié l’écriture de Jane AUSTEN qui sait écrire de belles phrases au vocabulaire choisi.
L’histoire est bien construite.
Certains évènements s’enchaînent pour former une trame cohérente qui aboutit à un dénouement du plus bel effet.
Franchement, « Emma » est un livre que j’aurais aimé étudier à l’école tant la psychologie des personnages est étudiée et mériterait de s’y pencher avec plus d’attention.

J’ai particulièrement aimé les 150 dernières pages du livre, lorsque le dénouement approche. J’ai trouvé cette partie plus vivante. J’ai aimé cette succession de non-dits qui créent des quiproquos. Emma croit tout savoir des sentiments d’autrui mais se trompe. Le lecteur est invité à participer au jeu des devinettes. Qui aime qui ?

J’ai particulièrement apprécié certains personnages comme le ténébreux Mr Knightley qui représente la voix de la raison.
Il correspond à la description de l’homme idéal que nous dépeint Emma dans les  trois premiers quarts du livre.

J’ai également beaucoup apprécié Frank Churchill, le fils prodigue, élevé loin de cette micro-société.
Il est celui dont on attend tout et crée l’évènement à chacune de ses apparitions.
J’ai apprécié son humour, son enthousiasme, sa spontanéité, sa fraicheur.

Le père d’Emma est également un personnage intéressant. Présenté comme le doyen, il est excessivement capricieux. Cependant, il est respecté par tous à l’exception de son beau-fils John qui le snobe un peu. Emma est au petit soin pour lui (les autres aussi d’ailleurs) : il ne doit pas être contrarié car le bonheur qui règne autour de lui en dépend. Chacun le surveille : il ne doit pas prendre froid, il doit prendre son thé à l’heure, il a besoin de tranquillité, il n’aime pas les courants d’airs, il a besoin de repos, etc etc…

Franchement, entre nous, je déteste ce type de société et je me demande comment j’ai pu supporter cela pendant 560 pages. Je n’en reviens pas moi-même. C’est le miracle de l’écriture de Jane Austen qui y porte un regard amusé.
Ce catalogue de bons sentiments, ces bavardages à n’en plus finir sur fond de banalités ont réussi à pousser ma curiosité jusqu’à la dernière page. Certaines répliques au ton affecté m’ont tout de même fait sursauter tant elles débordaient de ridicule. Dans ce registre, c’est le personnage de Mrs Bates qui est particulièrement réussi tant il est truculent de bêtises.

En conclusion : je pense qu’il faut absolument connaitre l’écriture de Jane Austen et je remercie Bookine d’avoir proposé cette lecture commune.
Ce fut une belle découverte de cet auteur et je vais réitérer au moins une fois l’expérience juste pour voir si l’effet est le même.

Note : 8,5 / 10

Le livre sans nom de Anonyme

Résumé

Santa Mondega, une ville d’Amérique du Sud oubliée du reste du monde, où sommeillent de terribles secrets. Un serial killer qui assassine ceux qui ont eu la malchance de lire un énigmatique livre sans nom. La seule victime encore vivante du tueur, qui, après cinq ans de coma, se réveille, amnésique. Deux flics très spéciaux, des barons du crime, des moines férus d’arts martiaux, une pierre précieuse à la valeur inestimable, un massacre dans un monastère isolé, quelques clins d’oeil à Seven et à The Ring, et voilà le thriller le plus rock’n’roll et le plus jubilatoire de l’année !

Diffusé anonymement sur Internet en 2007, cet ouvrage aussi original que réjouissant est vite devenu culte. II a ensuite été publié en Angleterre puis aux Etats-Unis, où il connaît un succès fulgurant.

Avis

Je remercie Livraddict et les éditions Le livre de Poche pour m’avoir permis de découvrir ce roman.

Je tenais absolument à lire ce livre, devenu un véritable phénomène. J’ai cependant commencé ma lecture avec quelques appréhensions : le résumé part dans tous les sens et la couverture est à mon sens assez rédhibitoire. Et au final j’ai été très heureusement surprise, j’ai tout simplement adoré cette lecture !

Le résumé est fidèle à l’histoire totalement décalée qui met les personnages dans des situations loufoques et abracadabrantes. Le livre regorge de scènes sanglantes souvent immorales, d’une multitude de personnages atypiques. Et malgré tout ça, le récit est plaisant, palpitant et parfois hilarant (comment ne pas rire quand on s’imagine un super méchant affublé d’un costume complètement ridicule ?), ce que j’ai trouvé surprenant, moi qui d’habitude n’aime pas spécialement ce genre de mélange dans les livres.

Mon personnage préféré est Sanchez, le barman du Tapioca Bar, témoin privilégié de l’agitation suscitée par la recherche d’une mystérieuse pierre précieuse, porteuse d’étranges pouvoirs.

A l’abri derrière son bar, Sanchez assiste à de nombreux massacres perpétrés dans son bar par de curieux personnages passablement énervés et avides de s’emparer de cette pierre, et notamment par  … le Bourbon Kid (que j’appellerai plutôt le Tueur Sanglant …) personnage mystérieux sur qui le bourbon produit de curieux effets.

Un petit mot concernant les enquêteurs (il y a bien évidemment des enquêteurs vu le nombre impressionnant de meurtres commis par chapitre !) : ce qui était intéressant était de voir apparaître un personnage extérieur, ne connaissant pas la ville et ses étranges « coutumes ». C’est chose faite avec l’inspecteur Miles Jensen, qui doit faire équipe avec un inspecteur local, et qui découvre, à travers des situations souvent cocasses, les particularités de la ville.

Avant cette lecture, j’avais entendu de nombreuses spéculations concernant l’identité de l’auteur et notamment la possibilité que ce soit Quentin Tarantino : je comprends mieux maintenant cette hypothèse ! Certains passages m’ont rappelé le film Pulp Fiction, et je suis persuadée que Tarantino sera le candidat idéal en cas d’adaptation cinématographique.

Vous l’aurez compris j’ai trouvé cette lecture très plaisante et j’ai hâte de continuer à suivre les aventures du Bourbon Kid.

Le roman de l’été de Nicolas Fargues

John Bennett est un homme de 55 ans, fils de peintre, qui décide à 55 ans de se retirer dans la maison de son défunt père, face à l’océan, pour se mettre à l’écriture : il veut profiter de cet été pour écrire un roman. Ce n’est pas chose aisée, entre la visite de sa fille et de ses amis, la présence de ses voisins, la rencontre du maire du village, un ancien camarade devenu pour le moins antipathique…

Nicolas Fargues a le don de nous plonger dans des situations du quotidien tout à fait banale pour vouloir nous en extirper et nous élever vers quelque chose de plus littéraire, parfois même philosophique.

A travers le quotidien de ce cinquantenaire qui décide de se mettre à la littérature, c’est toutes ces interrogations d’écrivain qu’il nous expose, ses ambiguïtés, ses pensées les plus profondes, ses remises en questions. Au fond, le vrai sujet de ce livre, c’est pourquoi et sur quoi écrit-on ? Qu’est-ce qui peut pousser un homme à écrire ?

Toutefois, si la lecture est plaisante, agréable et divertissante, marquera-t-elle les esprits ? L’ambition est réelle et intéressante, le propos est sérieux, mais il y a un décalage avec la teneur des personnages : on dirait que Nicolas Fargues n’a pas osé (ou n’a pas voulu) creuser plus avant leur personnalité, et cela reste à mon avis un manque à ce roman. Il y aurait eu des rôles intéressants à donner à ces jeunes de banlieues venues passer une semaine dans le Calvados, ou une plus grande profondeur à Mary, fille de John, bien rangée dans son milieu huppé, qui se découvre une passion pour une jeune femme bien différente d’elle.

Mais j’en garderai une impression positive : de l’humour, de l’envie, de la réflexion. Certes ce n’est pas parfait, pas profond, mais c’est un tableau de la société française brossé à gros traits, qui reste une lecture plutôt savoureuse.

Merci donc à Livraddict et à Folio de m’avoir permis de le découvrir.

Je le ferai pour toi de Thierry Cohen

Résumé

Pour son fils assassiné, un père élabore un projet insensé. Pour une femme, un homme fait tout pour  » devenir quelqu’un « . Par amitié, une bande d’anciens voyous retrouve ses instincts guerriers… Tous ont un point commun : une vie qui bascule. Par amour, devoir ou amitié, ils auront à prouver leur véritable valeur.

Avis

J’ai découvert Thierry Cohen en lisant J’aurais préféré vivre que j’avais adoré, un vrai coup de cœur.

Je le ferai pour toi m’a fait la même impression. Nous suivons en parallèle dans ce roman l’histoire de Daniel, dont la vie vient de basculer suite à un tragique évènement, et de Jean, victime d’un étrange enlèvement.

L’auteur aborde ici un thème très dur, à savoir la perte d’un enfant. Il nous décrit avec des mots justes et une écriture plein de sensibilité la descente aux enfers d’un père à qui la bêtise humaine à enlevé son fils.

Au fil des chapitres, nous en apprenons de plus en plus sur la vie du personnage : son passé, sa rencontre avec celle qui deviendra la femme de sa vie, les liens inébranlables d’amitié qui l’unissent à ses amis d’enfance. Accablé de chagrin puis ivre de vengeance, ce père va se lancer dans un véritable combat contre cet ennemi des temps modernes qu’est le terrorisme, au détriment cependant des gens qui l’entourent et qui l’aiment. L’auteur nous décrit à merveille les étapes du deuil de Daniel, sa douleur, son désespoir, sa révolte.

Une fois commencé, ce livre, très émouvant, ne se lâche plus jusqu’à la fin : il est en effet impossible de rester insensible devant la description de cet amour paternel mais aussi de l’amour d’un fils pour son père.

L’intrigue est par ailleurs très bien menée, et nous allons de surprises en surprises en découvrant au fur et à mesure les liens unissant les différents personnages.

Ce roman nous permet également d’avoir une réflexion plus large sur le monde d’aujourd’hui, sur nos valeurs morales, sur notre attitude face aux actes terroristes mais aussi sur l’importance de profiter au maximum chaque jour des personnes qui comptent pour nous.

J’ai eu la chance de rencontrer Thierry Cohen au dernier festival du livre de Nice et j’ai découvert un homme très sympathique, proche de ses lecteurs et qui j’espère lira cette critique.

Quant à moi, Longtemps j’ai rêvé d’elle a intégré ma PAL et sera l’une de mes prochaines lectures.

L’extravagant voyage du jeune et prodigieux T.S. Spivet de Reif Larsen

Tout d’abord je tiens à remercier les éditions « Le Livre de Poche » et Livraddict pour m’avoir permis de découvrir ce merveilleux livre dans le cadre de mon premier partenariat.

L’auteur:
Né en 1980, Reif Larsen vit à Brooklyn. Après avoir étudié à Brown University et suivit un master en « écriture » à la Columbia University, il devient enseignant. Également réalisateur, il a fait divers documentaires aux États-Unis, en Grande-Bretagne et dans le sud du Sahara. « L’extravagant voyage du jeune et prodigieux T.S. Spivet » est son premier roman.

Résumé:

T. S. Spivet est un jeune prodige de douze ans, passionné par la cartographie et les illustrations scientifiques. Un jour, le musée Smithsonian l’appelle : le très prestigieux prix Baird lui a été décerné et il est invité à venir faire un discours. À l’insu de tous, il décide alors de traverser les États-Unis dans un train de marchandises pour rejoindre Washington DC… Mais là-bas personne ne se doute qu’il n’est qu’un enfant. Muni d’un télescope, de quatre compas et des Mémoires de son arrière-arrière-grand-mère, T. S. entreprend un voyage initiatique qui lui permettra peut-être enfin de comprendre comment marche le monde… Notes, cartes et dessins se mêlent au récit avec un humour et une fantaisie irrésistibles.

« J’ai été ébloui par le talent de Reif Larsen… entre Mark Twain, Thomas Pynchon, et Little Miss Sunshine… ce livre est un trésor… » Stephen King.

Mon avis:
L’extravagant voyage du jeune et prodigieux T.S. Spivet ou plutôt « l’extravagant livre du jeune et prodigieux Reif Larsen » est un véritable coup de cœur !

L’objet en lui même m’a fait forte impression par le choix du format, son épaisseur, sa belle couverture, la couleur de l’impression (sépia), le travail de la typographie et surtout les notes et illustrations qui ponctuent le récit.

Ce livre nous raconte le fabuleux voyage de Tecumseh Sansonnet Spivet (T.S.), jeune garçon de 12 ans passionné de cartographie, à travers les États-Unis. Il vit au ranch Coppertop, près de Butte dans le Montana, en compagnie de sa mère le Dr Clair, son père et sa sœur Gracie. Suite à un coup de téléphone du Smithsonian (célèbre musée à Washington DC) lui annonçant qu’il a remporté le prestigieux prix Baird pour ses travaux d’illustration et de cartographie, T.S entreprend un long voyage seul et à l’insu de sa famille, à bord d’un train de marchandises.

Entre le carnet de voyage et le journal intime, ce roman initiatique est richement illustré par notre jeune héros. Pour lui, la cartographie n’est pas uniquement l’art de la représentation géographique, mais avant tout l’art de donner un sens au monde. Croquis zoologiques, géographiques, schémas « de gens en train de faire des choses », observations de la vie de tous les jours, sont argumentés de notes et peuplent les marges de ce livre. Les illustrations sont drôles et insolites, précisent certains points du récit et en apportent d’autres. Si cela est un peu déroutant au début, cette gymnastique entre le récit principal et les marges se fait toute seule au bout de quelques pages. Vous n’avez qu’à suivre les flèches !

Les thèmes abordés dans ce livre sont nombreux. Il y a bien sûr les sciences (au XXIe siècle, mais également au XIXe siècle que l’on découvre à travers les mémoires de son arrière-arrière grand-mère), mais aussi la vie dans un ranch, les relations familiales, l’enfance, le passage à l’âge adulte, la mort… et beaucoup d’autres.

Les Spivet ne sont pas vraiment ce que l’on appelle une famille ordinaire. Un père rancher, passionné de western (un vrai cowboy) ; une mère scientifique, noyée dans ses recherches sur un insecte qui n’existe sans doute pas (ses enfants ne l’appellent jamais maman mais Dr Clair) et une grande sœur, célèbre pour ses crises « anti-abrutis » et sa passion pour la pop-musique. Depuis la mort accidentelle du plus jeune frère, Layton, chacun vit reclus dans son propre monde.

T.S. quand à lui est l’un des personnages les plus attachants dont j’ai croisé la route. Ce formidable jeune garçon fait preuve d’un immense courage pour partir seul à l’aventure à travers tout le pays. On s’émerveille avec lui, avec son regard d’enfant sa sensibilité et sa curiosité insatiable. Il est très seul, a peu d’amis et s’invente des dialogues avec les objets et les animaux qui l’entourent. Il aborde la disparition et les souvenirs de son frère de manière simple et terriblement touchante. Et malgré toutes ces difficultés traversées, T.S. reste optimiste, et ne se plaint jamais. Très adulte sur le plan scientifique, mais enfant sur le plan affectif, T.S. est un personnage à part qui m’a profondément émue.

J’ai adoré le style et le ton employé par Reif Larsen. L’humour est tout en finesse, les descriptions et images sont très belles et poétiques. Aucun sens n’est délaissé, les mots se savourent, le langage des odeurs et des sons est très recherché. Je pense tout particulièrement à sa description du bruit d’un train en approche, comparé à l’harmonie des ingrédients constituant un sandwich.

Pour conclure:
Le premier roman de Reif Larsen m’a fascinée. Le travail de documentation a dû être énorme pour mener à bien ce projet, il en est de même pour le travail d’illustration qu’il a réalisé avec deux autres illustrateurs. Je me suis surprise moi aussi à rechercher des lieux sur des cartes : la ville de Butte, le fameux lac « couleur aubergine », le Smithsonian, le trajet de T.S… quel voyage ! Un magnifique premier roman pour cet auteur, je serai au rendez-vous pour le suivant !

Extrait de la description du bruit du train en approche :
« Au fur et à mesure que le bruit s’amplifiait, j’ai commencé à dissocier ses différents composants. Il y avait d’abord une vibration profonde, presque imperceptible du sol (n°1), sur laquelle se superposaient, unis dans une alchimie parfaite comme les ingrédients d’un délicieux sandwich, le clacketyclack des roues contre les soudures des rails (n°2), le ronronnement bweurra-bweurra des turbines du moteur Diésel (n°3) et l’irrégulier licka-tim-tam des attelages (n°4). Et à tout cela s’ajoutait un frémissement métallique strident, envahissant, semblable au bruit de deux cymbales frottées très vite l’une contre l’autre (n°5), hizzleshimsizzleshim-hizzle-himslizzlelim, fruit du contact tressaillant, sans cesse rompu et renouvelé, révisé et ajusté, du train contre les rails et des rails contre le train. Tous ces sons s’amalgamaient parfaitement pour former celui d’un train à l’approche, lequel constituait l’un des rares sons élémentaires existant sur cette Terre (parmi peut-être une dizaine d’autres). »

Pour aller plus loin:
« Le livre de Poche » propose sur son site le premier chapitre du livre.

Le site officiel du livre (en anglais).