La cité de Gâa de Sylvie Kaufhold

Je remercie ImagIn, car c’est grâce à un concours organisé sur son blog que j’ai pu découvrir Le Monde d’Allia, La Cité de Gâa.

Présentation de l’éditeur :

Meltem, jeune négociant du Burdal, n’est pas rentré de sa tournée d’inspection sur les hauts plateaux. Apprenant que plusieurs fermes des Montagnes ont été attaquées par des groupes de guerriers iokas, qui ont massacré les habitants et enlevé leurs enfants, Allia décide de partir à la recherche de son frère. Hégoa, leur cousine, menacée par les ennemis de la reine du Burdal à qui elle reste fidèle, doit elle aussi quitter le palais. Des itinéraires différents mais tout aussi périlleux vont conduire les trois jeunes gens vers la mystérieuse cité de Gâa, au-delà des frontières du monde connu…

Mon avis :

Comme beaucoup de romans de Fantasy mettant en scène des jeunes gens, celui-ci est le récit d’une quête initiatique, celle d’Allia, qui quitte le cocon familial pour partir à la recherche de son frère Metlem, disparu dans les hauts plateaux après l’attaque d’une troupe de guerriers iokas.

L’intrigue prend rapidement de l’ampleur, à la disparition de Metlem s’ajoute le mystère de l’enlèvement des enfants par les iokas, ainsi que des conflits de pouvoir au Burdal. Le rythme est enlevé, le récit va vite, ce qui n’empêche pas le lecteur de ressentir de l’empathie pour les protagonistes.

Le livre présente toutefois une faiblesse susceptible d’être considérée comme majeure par les amateurs du genre. Les différentes civilisations qui sont dépeintes dans le livre manquent de réalisme, conséquence du fait que le lecteur n’accède pas directement au quotidien des personnages, leur mode de vie lui étant plutôt raconté, expliqué, que véritablement exposé à son regard.

En définitive, j’ai passé un bon moment à la lecture de ce livre, que j’ai recommandé à de jeunes lecteurs se trouvant dans une tranche d’âge plus adaptée (11-14 ans) pour apprécier le récit de Sylvie Kaufhold.

Un jeu interdit de L.J. Smith

Avant propos

Je tiens tout d’abord à remercier LIVRADDICT et les Editions MICHEL LAFON de m’avoir permis de découvrir ce livre grâce au partenariat mis en place.

Résumé

Jenny a toujours mené une vie de rêve : des parents aimants, plein d’amis, et l’opportunité de faire tout ce qu’elle veut. Afin d’organiser la fête d’anniversaire la plus éblouissante de l’année pour son amoureux, elle décide d’offrir à ses invités une aventure dont ils se souviendront. Dans le nouveau magasin d’un quartier obscur, l’énigmatique vendeur aux yeux bleus la dirige immédiatement vers « le Jeu », une expérience unique…

Alors qu’elle construit le plateau avec ses camarades, Jenny en comprend, trop tard, les véritables règles. Ils vont devoir franchir une par une les pièces d’une demeure maléfique, affrontant au cours de ce voyage infernal leurs pires cauchemars. S’ils n’y parviennent pas avant l’aube, ils resteront emprisonnés dans la maison pour toujours.

Rester maître du jeu ou perdre la vie…

Mon avis

Tout d’abord, il est difficile de ne pas craquer devant cette sublime couverture qui donne un avant goût du roman. Selon moi, elle dépeint la rupture entre deux mondes: le réel où se situe la jeune fille et le monde obscur du jeu représenté par la sombre fenêtre derrière laquelle se tient un jeune homme au regard effrayant.

Il s’agit bien là d’un jeu comme l’indique le titre du roman. L.J Smith joue avec ses personnages mais elle prend également plaisir à faire voyager le lecteur grâce à de nombreuses références culturelles.

Par exemple, on ne peut dès le départ ignorer le clin d’œil à Jumanji, l’auteure reprenant l’idée qu’un jeu de plateau puisse faire basculer les personnages dans un monde parallèle à la fois séduisant et effrayant. Autre exemple avec la maison de poupée qui prend vie soudainement et emprisonnent ainsi les personnages.

Il suffit d’une cinquantaine de pages avant d’entrer dans le vif du sujet, ce qui donne un bon rythme dès le départ – chose rare dans les romans aussi épais. Toujours par rapport au rythme, j’approuve le choix de la trilogie puisque le fait que le récit soit divisé en trois parties donne du souffle aux mésaventures de Jenny. Cela dit, il est clair que le troisième tome reste le plus dynamique à mes yeux car il décrit l’affrontement final.

De plus, j’ai vraiment aimé la personnalité de Jenny ainsi que la profondeur de ses cauchemars. J’ai trouvé le style de L.J Smith fluide et plaisant – ce qui a son importance étant donné l’épaisseur du roman.

En conclusion, je dirai que ce roman est assez différent des autres livres de L.J Smith mais tout aussi intéressant. Tout en restant dans le surnaturel, l’auteure a su encore une fois me faire voyager et m’échapper de mon quotidien, ce qui finalement est pour moi le but principal de la lecture.

Ephémère de Lauren DeStefano

« Que de sa vie quand on connaît la date exacte de sa mort ? »

Les scientifiques ont créés des enfants génétiquement parfaits, immunisés contre toutes les maladies. L’humanité a cru assurer son avenir…jusqu’au jour où le verdict accablant est tombé : ces jeunes gens ont une espérance de vie incroyablement courte : vingt-cinq ans pour les hommes, vingt ans pour les femmes, sans exception. Dans ce monde désolé, de jeunes filles kidnappées et contraintes à des mariages polygames pour la survie de l’espèce. Rhine, âgée de seize ans, a été enlevée de force à son frère. Elle se réveille enfermée dans une prison dorée, un manoir où de serviteurs veillent à ses moindres désirs. Malgré l’amour sincère de son mari et la confiance qui s’instaure avec ses sœurs épouses, Rhine n’a qu’une idée en tête : s’enfuir de cet endroit.

Mon avis :

Wooww, il y avait très longtemps que je n’avais pas eu de coup de cœur comme ça pour un livre ! Mais là, dès les premières pages, j’ai été conquise… Les pages ont défilé bien trop vite!
Il faut dire que j’aime les dystopies. De plus en plus. Alors oui, c’est vrai qu’à force d’en lire on retrouve plus ou moins les mêmes scénarios dans les romans, mais c’est là qu’Ephémère se démarque. L’histoire est différente que tout ce que j’ai pu lire jusqu’à présent dans les univers dystopiques.

Dès le début, Rhine (le personnage principal) est capturée et enfermée avec d’autres jeunes filles à bord d’une camionnette. On est directement plongés avec elle au cœur de l’action. Rhine ne sait pas ce qui se passe, elle ne sait pas où elle va. On la palpe, on l’observe beaucoup… Et finalement, elle est choisie pour être conduite dans une belle et grande demeure. On comprend ensuite pourquoi car peu à peu nous découvrons un monde où la maladie tue les femmes à vingt ans et les hommes à vingt-cinq. De ce fait, les femmes sont à présent enlevées pour être mariées, des mariages forcés et polygames, elles sont également contraintes à la prostitution… D’autres encore sont tuées. L’humanité ne veut pas s’éteindre et donc, tous les moyens sont bons pour y parvenir. Nous entrons alors dans un univers où la morale n’existe plus, où « richesse » rime avec pouvoir, un pouvoir qui permet de faire n’importe quoi à n’importe qui. Ce roman traite avec brio de l’esclavage, de la polygamie, de la prostitution… Mais aussi de la science avec un personnage qui va tout faire pour essayer de découvrir un antidote à cette terrible maladie et ira jusqu’à se servir d’humains comme cobayes.

Une chose est sûre, c’est une lecture qui ne peut pas laisser indifférent. C’est une lecture troublante, choquante. Je ne veux pas trop spoiler mais quand on connait l’âge de certains des personnages, cela ne peut que nous choquer… Je ne vois pas de meilleur terme. Pourtant, l’histoire est saisissante de réalisme. Et si cela nous arrivait dans un futur (pas si) lointain ? Tous les ingrédients sont réunis pour nous interroger, pour évaluer, pour nous faire réagir face à ce sombre destin. L’histoire se construit petit à petit, nous faisant passés du trouble aux larmes très facilement… L’auteur parvient ainsi à nous transporter, à partager de vraies émotions à travers une histoire terrible, grâce à une plume douce, émouvante, et cela malgré les horreurs qu’elle décrit.

Les personnages sont également très bien écrits et très bien développés, que ce soient les domestiques, le propriétaire des lieux etc… On s’attache à des personnages qu’on ne s’attendrait pas à aimer et on a même quelques surprises concernant l’intrigue ! Les sœurs-épouses sont différentes mais elles sont toutes touchantes dans leur façon de voir les choses, leurs changements… J’ai beaucoup aimé  le lien qui les relie. Le ravisseur, lui, n’est pas celui qu’il semble être… D’ailleurs, toutes les choses ne sont pas ce qu’elles semblent être dans cette bouleversante histoire. Quant à Rhine, c’est un personnage fascinant. Elle ose, elle agit. C’est une très bonne héroïne à qui on s’identifie très vite et très mature pour son âge. Elle va devoir revoir toutes les certitudes qu’elle avait pour faire face à sa nouvelle situation. L’amour que lui porte Linden (son mari!) est sincère. Je dois avouer que cet homme reste encore un mystère pour moi… Il est là, bien présent au fil des pages, et pourtant j’ai encore l’impression d’avoir affaire à un fantôme, à une ombre. Est-il à ce point aveuglé par les mensonges qu’on lui a aussi raconté pour se montrer aussi… faible? Il n’empêche que Linden reste un personnage clé de l’histoire, si bien que  Rhine elle-même va réussir à éprouver un certain… attachement envers lui. Mais elle va aussi se rendre compte que malgré cette prison de verre, pleine de richesses, de merveilles, dans laquelle elle est enfermée, cela reste une prison construite de faux semblants… (dont le sous-sol réserve même quelques macabres découvertes!)

Ce dont rêve Rhine c’est de liberté, et de retrouver son frère Jumeau, Rowan. Elle va alors tout faire pour s’enfuir. Tout tenter pour trouver un moyen de quitter sa prison dorée. La relation Rhine-Rowan est très intéressante, et j’espère en découvrir plus sur eux et leur passé dans le tome 2 ! La fin du roman est plutôt ouverte, avec la promesse d’une belle histoire d’amour, du coup je me demande quels rebondissements nous a réservé l’auteur pour la suite ! 934202

Le langage secret des fleurs de Vanessa Diffenbaugh

4e de couverture :

Des azalées pour la passion, des roses rouges pour l’amour, du chèvrefeuille pour l’attachement…
Ballottée depuis toujours de familles d’accueil en foyers, Victoria Jones est une écorchée vive que la vie n’a pas épargnée. Incapable d’exprimer ses sentiments à travers les mots, l’orpheline a appris à maîtriser le langage secret des fleurs, qui traduit parfaitement ses émotions extrêmes. A dix-huit ans, elle se retrouve à la rue et se réfugie dans un parc de San Francisco, où elle se crée un véritable jardin secret à partir de boutures volées au gré de ses errances. Sa rencontre avec Renata, une fleuriste, lui fait prendre conscience de son formidable pouvoir : celui d’aider les autres à communiquer leurs sentiments les plus profonds à travers des bouquets savamment composés. Pour la première fois, Victoria se sent à sa place. Il ne lui reste plus qu’à s’ouvrir au monde. Et à régler quelques comptes avec son passé…

Mon avis :

Voilà une héroïne étrange : enfant trouvée, maltraitée par nombre de familles d’accueil sordides, elle a un caractère visiblement revêche et de gros problèmes relationnels. Mais elle est aussi suffisamment intelligente pour avoir appris à lire seule et approfondi, en autodidacte, le langage victorien des fleurs, dont le romantisme semble pourtant à l’opposé de sa nature. A priori, ce n’est pas le genre de compétence qui peut avoir la moindre utilité en ce début de XXIe siècle. Cependant, c’est bien ce don pour remplacer les mots par les fleurs qui lui permet de garder sa capacité à communiquer et qui, finalement, va lui ouvrir la voie vers une vie normale.

Quel morceau de rêve américain ! Une jeune fille, lâchée alors qu’elle vient à peine d’atteindre sa majorité, après une scolarité aléatoire, sans diplôme ni formation, sans que personne se soucie de savoir si elle a un logement et de quoi subsister, traîne dans la rue, trouve par hasard un petit boulot et se retrouve, presque du jour au lendemain, en train de monter son entreprise depuis son placard-appartement. Trop beau pour être vrai… Vues de près, les choses sont un peu plus compliquées.

Malgré tous ses problèmes de communication, Victoria peut enfin s’épanouir parce qu’elle rencontre des personnes qui l’acceptent telle qu’elle est, sans vouloir s’acharner à la faire entrer dans un moule qu’elle refuse / est incapable d’accepter. J’ai beaucoup aimé ces personnages pas si secondaires, Renata et sa famille hors normes, Elizabeth et sa fragilité intérieure qui donne pourtant à Victoria un véritable ancrage humain. Inconsciemment, c’est quand même une forme de moule dans laquelle la jeune fille s’enferme lorsqu’elle refuse les occasions de se comporter « normalement ». Et c’est aussi, peut-être, parce que son entourage respecte autant sa différence ou ignore son incapacité à la dépasser, qu’elle se retrouve au bord de la catastrophe.
Pourtant, de tous les malheurs qui jalonnent son existence, finissent par sortir des chances à saisir et une perspective de vivre heureuse en famille : avec sa capacité à aider les autres par les fleurs, Victoria se sent enfin prête à s’autoriser ce bonheur potentiel, en acceptant les hauts et les bas inévitables qui l’attendent.

Le fil conducteur de ce roman est donc le mystérieux langage des fleurs, dont Victoria fait usage avec une efficacité redoutable pour ses clients, comme pour elle-même d’ailleurs. Les choses sont-elles si simples ? Toute superstition mise à part, c’était intéressant de découvrir la façon dont ce véritable catalogue de sentiments et d’émotions s’est construit. L’idée d’en faire un instrument pour débloquer le dialogue entre les gens qui s’aiment sans réussir à le dire semble couler de source, une fois exposée par l’auteur. À notre époque, on pourrait croire que les mots sont plus nombreux et plus précis pour s’exprimer. Pourtant, il ne faut pas oublier que les mots n’ont pas toujours le même sens pour celui qui les prononce que pour celui qui les reçoit. Victoria met à la disposition de ses clients un moyen de se retrouver sur la même longueur d’onde, avec un vocabulaire commun et intemporel, et se découvre la capacité à faire partie de cette grande famille qu’est l’humanité.

J’avais un peu peur du côté « roman à l’eau de rose » que m’évoquait le titre, mais ma curiosité pour ce fameux langage secret des fleurs a eu raison de mes hésitations. Certes, l’histoire cumule des personnages extraordinaires au sens propre du terme, des péripéties presque exagérées à mon goût, mais j’ai aimé cette héroïne loin de la perfection, qui trouve une solution originale, gentiment anachronique, pour démêler l’écheveau de sa vie tout en mettant le doigt sur l’une des grandes difficultés de notre société moderne : malgré tous nos progrès techniques, communiquer reste pour l’être humain un art difficile.

Merci aux Presses de la Cité et à Livr@ddict pour cette découverte originale et, pour l’auteur, je tresse une couronne de laurier !

Vanessa Diffenbaugh
Le langage secret des fleurs
Presses de la cité, 405 p, 2011
Traduit par Isabelle Chapman

J’irai cracher sur vos tombes de Boris Vian

Lee Anderson, un jeune homme de 26 ans arrive dans la ville de Buckton pour y travailler comme libraire. Il a obtenu le poste grâce à un ami de son frère, Clem. Lee a du quitter sa ville à cause d’une sombre histoire concernant un gosse qui aurait semble-t-il été tué par des blancs, gosse qui hante désormais les nuits de Lee. Celui-ci intègre rapidement une bande locale de jeunes aux comportements pour le moins délurés. Le personnage principal, dont les pulsions sont repoussantes, nous laisse entrevoir un dessein sombre, mais quel est-il exactement ?

J’avais envisagé de lire ce livre il y a quelques années et j’en ai de nouveau entendu parlé il y a quelques mois. Je me suis donc décidé, et voilà qui est fait. Quand j’avais lu que cet ouvrage avait causé des problèmes à son auteur, Boris Vian, je m’étais dit qu’il s’agissait d’une autre époque et que son contenu ne devait plus paraître choquant de nos jours. J’avais tort.

Ce livre est réellement dégueulasse. Le personnage principal est un type abject et ses motivations, aussi fondées soient-elles, ne font pas de lui un héros (au sens littéraire du terme). Tout au long du récit, Lee Anderson nous dégoute, tant son comportement est scandaleux, ses intentions ignobles et les moyens qu’il met en œuvre révoltants.

Au-delà de sa volonté de choquer, Boris Vian, nous livre une critique virulente de la société américaine de la fin des années 40. Il nous dépeint habilement tant la vie dans les petites villes des États-Unis que la relation houleuse entre Blancs et noirs dans cette Amérique où la ségrégation raciale est plus que jamais présente.
Néanmoins, ce sujet est très nettement occulté par l’histoire de Lee Anderson dont les actes odieux prennent le pas sur la remise en question de la société américaine. Évidemment, il en va de la volonté de l’auteur de ne pas critiquer de front.

Ce livre se lit très vite et est assez agréable malgré les propos et les scènes abjectes (je me répète mais c’est le mot le plus approprié). Il est également parsemé d’indices qui permettent de découvrir les motivations du « héros », avant que cela ne soit dit explicitement. Il faut cependant être attentif car certains de ces détails peuvent passer inaperçus. Mais attention, ce livre n’est pas à mettre entre n’importe quelles mains ! L’histoire contée ici en choquera en effet plus d’un.

Une chouette découverte, et ça tombe bien j’ai l’intégrale des œuvres de Boris Vian à ma disposition. J’enchaîne d’ailleurs avec « Les morts ont tous la même peau ».