« Marie qui louche » de Georges Simenon

Je remercie les éditions Le Livre de Poche de m’avoir transmis Marie qui louche.

La Quatrième de couverture :

« -Tu dors ? Sylvie ne répondit pas, n’eut pas un frémissement. Elle respira seulement un peu fort, pour donner le change, mais il n’y avait pas beaucoup d’espoir que la Marie s’y laissât prendre. -Je sais que tu ne dors pas. La voix de Marie était calme, monotone, vaguement plaintive, comme la voix de certaines femmes qui ont eu des malheurs. -Tu le fais exprès de ne pas dormir, continuait-elle dans l’obscurité de la chambre. »

Mon avis :

Avec Marie qui louche, Georges Simenon nous livre un récit en deux temps. C’est d’abord la jeunesse des deux amies qui nous est donnée à voir dans une première partie qui met en place leur curieuse relation. Marie n’est pas jolie, pas très fine, parfois trop directe, mais elle est courageuse et dévouée, et au fond, pas si bête. Quant à Sylvie, plus séduisante et décidée, elle rêve de Paris et d’une vie meilleure. L’une s’endurcit, l’autre s’enhardit, et en dépit de leurs différences, elles se comprennent à demi-mot.

La vie les sépare, mais lorsqu’elles se retrouvent des années plus tard, elles n’ont pas changé. Sylvie reste ambitieuse et Marie droite et fidèle. Petit à petit, leur lien se reconstruira, à l’identique ou presque.

Marie qui louche est un récit touchant, qui confronte ces deux jeunes femmes à l’épreuve de la vie. Sa lecture est fluide, la langue est précise et ponctuée de dialogues qui sonnent étonnamment juste. Peu à peu, on se laisse entraîner par les mésaventures de ces filles si différentes, et tellement complémentaires, unie par un lien fort dont la troublante ambiguïté traverse les années et donne à l’histoire toute son ampleur. Une lecture agréable.

« Mariage à l’indienne » de Kavita DASWANI

« Mariage à l’indienne » de Kavita DASWANI. Livre de poche.
Lu dans le cadre d’une lecture commune et du challenge « Bienvenue en Inde ».


Anju, une trentenaire, née à Bombay, attachée de presse dans le milieu de la mode à New-york, est tiraillée entre son éducation indienne, son attachement à sa famille, ses valeurs et la liberté qu’offre la vie américaine.
Elle est reconnue dans son travail, a des amis, un appartement et s’est bien intégrée à sa vie new-yorkaise.
Que du bonheur !!!
Sauf qu’il faut qu’elle se trouve un mari selon la culture indienne pour ne pas décevoir ses parents.

Nous sommes transportés dans l’Inde des mariages arrangés. Pas facile de suivre, au début et puis après une centaine de pages, ça y est, l’écriture devient plus fluide.

Et j’ai eu envie de savoir si Anju arriverai à se marier.

Un roman féminin sympa dont j’ai beaucoup apprécié la couverture de la version « Livre de poche ».

Merci à Soukee et Hilde pour l’organisation de cette lecture et à la Team qui fait un superbe travail .

Le fond de la jarre d’Abdellatif Laâbi

Résumé :
Qu’y a-t-il dans le fond de la jarre ? C’est le mystère des vieux pots, ou plutôt du flacon magique : on ne sait ce qu’il contient mais on l’ouvre avec un frisson délicieux. Et qu’en sort-il ? Une vraie cour des miracles, avec ses personnages extravagants, doux marginaux ou folles de Dieu au verbe acéré. Une curieuse nuit de noces, où l’on ne brandit pas le seroual taché de sang. Un oncle fugueur amateur de kif, se transformant la nuit en un auguste Homère. Un pique-nique initiatique où un enfant fait d’un radis une madeleine. Et l’âme d’une ville, ou ses tripes. Fès, en l’occurrence, mais le Fès d’un Maroc disparu, sur fond de protectorat français et de lutte pour l’indépendance.

Au centre de ce théâtre à ciel ouvert, l’enfant, pris dans une tourmente de découvertes ébouriffantes et de déconvenues cuisantes. En ombre tutélaire, Ghita, la mère, jamais à court d’imprécations et de reparties truculentes, une tendre furie, féministe avant l’heure.

Fiction ou autobiographie ? Ce récit brosse un tableau surprenant d’une ville et d’une époque.

Critique :
On découvre les souvenirs d’enfance de l’auteur, dans la ville de Fès, au Maroc. Les histoires et anecdotes se succèdent, et nous font véritablement voyager dans l’espace, mais également dans le temps, puisqu’elles nous font découvrir Fès telle qu’elle n’existe probablement plus aujourd’hui. Les personnages rencontrés, que ce soit la famille de Namouss (surnom de l’auteur), ou les gens de la médina, sont tous pittoresques et savoureux. L’auteur lui-même est très attachant. Leur mode de vie peut paraitre incroyable vu les conditions que l’on a en France aujourd’hui. Pourtant, certains éléments qui nous semblent aujourd’hui un peu étranges (connaitre tout le monde dans la ville, la proximité et l’entraide entre voisins) peut rendre nostalgique.
Le style est très agréable,  très fluide, sans pour autant céder à la facilité. Beaucoup d’images, de couleurs, d’odeurs viennent à l’esprit au fil de la lecture. Les descriptions des repas m’ont ainsi donné particulièrement faim !
J’ai particulièrement apprécié les passages sur la découverte de l’école et du français (l’auteur a grandi à l’époque du protectorat français au Maroc) et sur le ramadan. C’était la première fois que j’en entendais parler du point de vue d’un musulman vivant dans un pays arabe, et j’ai eu l’impression d’un peu mieux comprendre cette tradition. Les mouvements pour l’indépendance du pays sont également racontés du point de vue des marocains. Là aussi, c’était intéressant de découvrir ce point de vue ; bien souvent, l’on n’entend parler en France que de la situation des soldats et colons, sans trop imaginer ce que pouvaient penser les habitants des colonies.

En résumé, un livre formidable, pour découvrir un pays qu’on ne connait tout compte fait pas tant que ça. Les souvenirs d’enfance de l’auteur font voyager, à l’aide d’un style très agréable. Je pense me pencher sur le reste de la bibliographie de Laâbi.
Je remercie vivement le site Livraddict et les éditions Folio de m’avoir permis de découvrir ce livre et cet auteur !

Le portrait de Madame Charbuque de Jeffrey Ford

Résumé

«  C’est un véritable défi qu’accepte de relever le peintre à succès Piambo à la fin du dix-neuvième siècle : faire le portrait d’une femme qu’il ne verra jamais mais qui lui parlera d’elle, cachée derrière un paravent. Au fil des séances naît alors une atmosphère étrange. Par le récit de son enfance où elle découvre ses dons de voyante à l’aide de deux flocons de neige, par les mystérieuses et épouvantables révélations qu’elle lâche par bribes, madame Charbuque envoûte inexorablement l’artiste. Obsédé par ce modèle invisible qui détruit lentement sa vie, son talent se paralyse, à la grande frayeur de la femme qu’il aime. Qui est donc cette magicienne énigmatique et malfaisante et quel but poursuit-elle ? Le lecteur va peu à peu apprendre le terrible secret qu’elle dissimule. Un secret lourd, oppressant dont personne ne peut sortir indemne ».

Avis

A New-York, à la fin du XIXème, en plein avènement de la  photographie, qui envahit le paysage artistique, Piambo est le portraitiste le plus prisé de la ville. Pris dans la spirale de l’appât du gain, il néglige sa créativité et se consacre à la réalisation de portraits commandés par les riches familles new-yorkaises.

Suite à un évènement qui fait naître en lui des doutes concernant l’évolution de sa carrière, Piambo accepte une commande insolite : réaliser le portrait d’une femme qu’il ne pourra jamais voir, en se basant uniquement sur son histoire, qu’elle lui relate cachée derrière un paravent.

Parallèlement à la réalisation de cette étrange commande, une mystérieuse maladie touche les femmes de ville, leur faisant verser des larmes de sang.

J’ai trouvé l’histoire, qui mêle réalisme et mystère, originale et le style de l’auteur, que je ne connaissais pas, agréable. Il nous décrit de façon bien détaillée, le monde de l’art, avec notamment la description des différentes techniques utilisées par le peintre, ainsi que la vie new-yorkaise de la fin du XIXème siècle, avec ses coutumes et ses excès. J’ai particulièrement aimé les passages décrivant la réalisation du tableau par Piambo, avec tous les détails concernant le choix des couleurs.

Le personnage de Piambo, envahit de doutes, est attachant. En revanche, j’ai trouvé le personnage de Madame Charbuque de plus en plus dérangeant au fur et à mesure que sa personnalité se révèle.

Le dénouement final m’a cependant légèrement déçu, je ne l’ai pas trouvé à la hauteur de l’ensemble du roman.

Cette lecture a cependant été agréable et m’a donné envie de lire les autres livres de Jeffrey Ford

Je remercie Livr@ddict et les éditions Le Livre de Poche pour m’avoir permis de découvrir ce livre et cet auteur.

La Maison de Londres de Lydie Blaizot

Niveau lecture, on peut dire que cette année a été riche en littérature vampirique, voire bit-lit : entre La communauté du sud, Mercy Thompson, Dracula et d’autres que j’ai oublié… Cependant, je dois avouer que même si j’ai apprécié découvrir ces univers, aucun d’entre eux ne m’a vraiment passionée, la plupart du temps parce qu’il y avait un gros point noir qui m’empêchait de savourer le reste de l’oeuvre. Alors, qu’en est-il de ce nouvel ouvrage, publié par une maison (Les éditions du Petit Caveau) spécialisée dans les livres mettant en scènes des personnages aux dents longues ?

Synopsis :

Londres, 1895.
Ruppert Haversham, Arthur Ruterford et Hubert Michel, trois vampires aux caractères aussi différents que marqués, tentent de vivre normalement malgré la malédiction dont ils s’estiment victimes. Affiliés à la puissante Maison de Londres, ils se retrouvent chargés de l’éducation d’un nouveau collègue, Donald Crump. Malheureusement, ce dernier se révèle être unevéritable calamité qui va mettre en péril l’organisation dont il est censé faire partie. Par sa faute, la guerre avec la Maison de Cardiff prend des proportions alarmantes et ses camarades sont contraints de rattraper ses bêtises.
Leurs pérégrinations vont les mener de Londres à Upper Plot, un village qui semble recéler la clé de leur problème… et même peut-être davantage.

Bon tout d’abord quelques mots sur la couverture, qui est juste sublime. Je sais qu’une jolie couv’ ne promet en rien une bonne histoire, mais je pense qu’il faut quand même saluer le travail de la maison d’édition, parce qu’il font vraiment à chaque fois un super boulot au niveau de l’apparence général de leurs livres.

Passons maintenant au coeur du sujet. Le premier truc qui m’a sauté au yeux, c’est le style d’écriture, qui mélange à la fois un vocabulaire soutenu (du fait que ça se passe au XIXe siècle), mais en même temps on voit souvent les personnages lâcher des jurons ou des expressions de notre époque. Le dernier livre que j’avais bouquiné étant Dracula (dont j’étais sortie assez mitigée), ça m’a vraiment permise de plonger directement dans l’histoire.

Parlons justement de l’intrigue : elle est vraiment très bien menée, il n’y a pas de longueur, pas de temps mort et pourtant on est pas pris dans un truc à toute vitesse non plus. L’histoire suit son ptit bout de chemin, avec un arc narratif majeure et plusieurs petites histoires parallèles, et les pages défilent sans qu’on s’en rende compte.

L’ambiance dans laquelle évoluent les personnages est vraiment riche, sans tomber dans la surenchère, les descriptions en disent un minimum mais ça suffit amplement pour qu’on s’imagine le décor et à quoi ressemblent nos protagonistes, bref encore un bon point.

Les personnages quant à eux sont assez variés, et pas du tout caricaturaux (même si j’avoue avoir eu un peu de mal avec la petite fille super débrouillarde à 7 ans, mais bon.). Le fait qu’ils s’expriment la plupart du temps comme nous m’a permis rapidement à éprouver de la sympathie à leur égard. Les pouvoirs que l’auteur a attribué aux vampires sont relativement classiques (se changer en brume, en animal…), comme on peut les retrouver dans Dracula.

Cependant, et c’est là peut-être le (petit) point noir du livre, j’ai trouvé que par moment ces pouvoirs servaient un peu trop de sortie de secours, les vampires ne rencontrent pas vraiment d’obstacles en fait:  une serrure qui s’ouvre pas, et hop ! je transforme ma main en brume et on en parle plus, un vampire qu’on ne retrouve pas, oh bah c’est pas grave je peux exactement le localiser par la pensée…

Hormis ce détail, c’est une oeuvre de grande qualité que nous offre Lydia Blaizot, et j’espère que ce premier roman annonce la suite de beaucoup d’autres !

Enfin je remercie vraiment Livraddict et les Editions du Petit Caveau pour ce partenariat très enrichissant, et j’essayerai dès que possible de me procurer d’autres romans de chez eux.