Chroniques des Dieux, tome 1 : L’ombre de l’assassin de James Clemens

L’histoire : « Durant quatre mille ans, rien n’est venu troubler la paix des Neuf Contrées, bénies des dieux… mais les dieux meurent aussi.
Meeryn, déesse des Îles d’Estivage, a été sauvagement assassinée. Le seul témoin, Tylar de Noche, est un ancien Chevalier d’ombre. Cette caste de combattants puissants et respectés a reçu la Grâce de se déplacer sans être vu et de s’esquiver dans les ténèbres. Mais frappé d’infirmité, Tylar est tombé en disgrâce.
Or, en mourant, la déesse lui a accordé une bénédiction : une marque qui a guéri son corps blessé mais que beaucoup voient comme la preuve qu’il est l’assassin.
Pourchassé sans relâche, Tylar doit prouver son innocence et vaincre le véritable coupable… »

Mon avis : Quand je l’ai ajouté à ma PAL, ce livre partait avec un gros handicap : le poids des espoirs. En effet, le seul nom de James Clemens sur la couverture est déjà en soi une promesse quand on a lu  (ou même simplement commencé) Les Bannis et les Proscrits. La lecture du résumé m’a mis l’eau à la bouche. En plus, ayant suivi l’annonce des parutions de Bragelonne, j’attendais sa sortie avec une impatience non dissimulée (demandez un peu à mon libraire préféré). Quand enfin j’ai pu le tenir entre mes petites mains tremblantes…  L’espoir, l’anticipation, l’attente, autant dire qu’il avait intérêt à tenir ses promesses et même à les dépasser…
Et bien oui !!!
L’Ombre de l’Assassin est tout simplement génialissime, époustouflant, splendide, 566 pages de pur plaisir… Je continue ?

Premier tome des Chroniques des Dieux, L’Ombre de l’Assassin, nous fait vivre le parcours de Tylar de Noche, ancien Chevalier d’ombre, à qui la Grâce accordée en tant que tel a été retirée lorsqu’il a été condamné et brisé pour le meurtre d’une famille (meurtre dont il n’a pas souvenir), sur la foi du témoignage de sa fiancée. Trahi par sa fiancée, brisé physiquement et moralement après des années d’esclavage, ombre de lui même mais coupé des ombres, il vit en marge de la société lorsqu’il assiste impuissant  au meurtre d’une Déesse, Meeryn, qui lui accorde la Grâce avec son dernier souffle, le marquant, ce qui le désigne ainsi à tous comme son assassin, le Déicide.

On assiste alors à la reconstruction de Tylar, physique autant que morale,… mais j’arrête là pour les spoilers et je laisse à tous le plaisir de la découverte.

Clemens nous ouvre ici les portes d’un monde nouveau, avec un panthéon de Dieux très humains (défauts compris), une mythologie complète et des personnages à la psychologie très fouillée et sans incohérence. Il pose, dans ce premier tome des Chroniques des Dieux,  les fondements d’une grande saga dont on attend la suite avec impatience.

Son écriture est très fluide et se lit très facilement, sans fatiguer. Ce style est au service d’une intrigue palpitante, sans aucun temps mort. Ce qui fait que l’on ne peut lâcher ce livre avant de l’avoir fini. Pourtant, en le soumettant à l’épreuve terrifiante de la relecture, il continue à nous faire rêver, à nous transporter aux fils des pages aux côtés de Tylar, et nous laisse même découvrir des trésors cachés qui avaient pu nous échapper lors d’une première lecture, hâtive il est vrai (la faute à l’impatience…).

Ce livre est à conseiller à tous, pour une lecture détente, entre deux bouquins sérieux (RAT, à bon entendeur, salut…), ou pour ceux qui voudraient découvrir la fantasy.  Et en plus, la couverture est de toute beauté, comme toujours avec Anne-Claire Payet. Plaisir des yeux avant, pendant … et après, il ne nous reste plus qu’à attendre la suite pour avoir une bonne excuse (si besoin est) de le relire.

Attention spoiler :

Ne serait-ce que pour tenter d’avoir un indice  : Tylar et Kathryn ou pas ?

Note : 10/10

Yvain et Lancelot, chevaliers de la Table ronde, Chrétien de Troyes

Résumé (4e de couverture):
Aucun défi ne résiste aux preux Yvain et Lancelot : provoquer les meilleurs chevaliers en combat singulier, délivrer la reine Guenièvre des griffes de ses ravisseurs ou affronter les sortilèges d’une fontaine magique dont personne ne revient…
Mais pour ces vaillants chevaliers, l’amour n’est-il-pas la plus redoutable des épreuves?
Les meilleurs récits de la Table ronde traduits et adaptés par Pierre-Marie Beaude.

J’ai lu ce livre dans le cadre du challenge organisé par Bookine, 1 000 ans de littérature française. Petit rappel du principe : après avoir visionné le DVD de « l’histoire personnelle de la littérature française » de Jean d’Ormesson et Olivier Barrot, Bookine établit une liste d’œuvres de références pour chaque thème. Cette lecture s’inscrit dans le thème  « Des chansons de gestes à Chrétien de Troyes » .

Le livre regroupe les histoires d’Yvain le chevalier au lion et celle de Lancelot, le chevalier à la charrette.
Ces histoires font partie des romans dits « Arthuriens », qui décrivent les aventures du roi Arthur et celles de ses chevaliers. Ici ce sont les chevaliers qui cherchent amour et aventure qui sont à l’honneur.
Le merveilleux a une partie prenante dans ces livres puisque c’est grâce à la fontaine magique qu’Yvain va rencontrer sa dame de cœur. Il se fait, par la suite, accompagner par un lion qu’il a sauvé de la fureur d’un serpent cracheur de feu.

Les deux chevaliers sont pourtant fondamentalement différents. Yvain, malheureux en amour, n’a de cesse de défendre les intérêts de tous ceux qu’il croise au gré de ses pérégrinations. Il est d’un courage apparemment sans égal puisqu’il enchaîne les combats.
Lancelot quant à lui part sur les routes pour essayer de retrouver Guenièvre qui a été enlevée par un chevalier belliqueux.

J’ai beaucoup aimé Yvain. En revanche, j’ai été déçue par Lancelot. Je pense que le fait qu’il me soit apparu beaucoup plus intéressé qu’Yvain a joué pour beaucoup dans ma déception. J’ai toujours dans ma PAL Perceval. Je pense le lire avec grand plaisir d’ici cet été.

N.B Vous trouverez ici la présentation des deux premiers thèmes et la sélection d’oeuvres pour chacun d’entre eux.

L’Ensecret de Bernard Fauren

Quatrième de couverture :

Récit autistique d’une errance à la recherche d’une marionnette mythique…
Gypsie m’avait toujours fasciné, car elle avait beau n’être que de bois, de tissu, et animée par des fils, elle paraissait infiniment vivante. Je pensais que cette magie n’était due qu’au procédé d’attache des fils sur le croisillon. La façon de les agencer était appelée autrefois « l’ensecrètement », car cela se pratiquait à l’abri des regards indiscrets.

Mon avis :

L’Ensecret présente de très nombreuses faiblesses. Outre les inévitables coquilles qui en parasitent la lecture, on peut relever de très nombreuses répétitions, notamment dans les descriptions, qui alourdissent considérablement le récit. Cette lourdeur est accentuée par une narration à la première personne particulièrement maladroite. Le texte regorge d’expressions comme « je vis que », « je m’aperçus que » « je ressentis (que) » « je sentis naître la pensée que », « j’eus la perception que » et j’en passe, le tout agrémenté de débuts de réflexions philosophiques de la part du narrateur, qui ne sont pas assez développées pour revêtir un quelconque intérêt. Ajoutons à cela une syntaxe incertaine et un usage inattendu de la ponctuation, et surgit l’impression déroutante que le livre n’est pas achevé. Seul point fort du récit, la présence de personnages insolites et marquants, malheureusement insuffisamment ancrés dans l’histoire par des dialogues qui manquent de justesse. C’est vraiment dommage, car l’idée de mettre en scène ce marionnettiste dans une quête fébrile pour la vie me semble plutôt intéressante et originale.
À mon sens, l’œuvre de Bernard Fauren tient plus du manuscrit d’auteur, sur lequel un travail éditorial digne de ce nom doit encore être fait, que d’un livre prêt pour la publication.

Je remercie les éditions Brumerge de m’avoir permis de lire L’ensecret, de Bernard Fauren.

Démons de Royce Buckingham

J’ai pu lire ce livre grâce au partenariat avec Livraddict et de la maison d’édition Bragelonne/Castelmore que je remercie.

Résumé : Nat est devenu gardien de démons depuis que son mentor a disparu, il y a un mois. Mais ce n’ est pas si dur, après tout. La plupart des démons sont pénibles mais inoffensifs. Enfin, sauf la Bête enfermée dans la cave.
Et puis Nat a des instructions claires. Par exemple : pas de fille quand on est gardien. Sauf que… un soir Nat oublie ses bonnes résolutions et tout part en vrille : la maison est cambriolée et la Bête s’échappe.

Mon avis : Tout d’abord, je vais commencer par parler de l’édition. De ce côté là c’est du très bon travail. Il est écrit en gros caractères, ce qui m’a donc permis de ne pas avoir mal aux yeux à force de le lire !
La couverture est simple mais plutôt attrayante avec le petit dragon rouge à l’air joyeux (nous découvrons bien vite son identité en lisant le livre).

J’ai dévoré ce livre en à peine quelques heures (je l’avais finis le lendemain de sa réception en ne lisant pas particulièrement vite le premier jour). Ce qui montre bien que je l’ai adoré ! Comme le dit si bien la quatrième de couverture «Démons est un remède à la mauvaise humeur, drôle et délirant comme un film Pixar.»

L’écriture de l’auteur est fluide et très simple. Normal, car le roman se destine plutôt aux enfants de 9 à 12 ans. Mais je trouve que les plus âgés peuvent aussi bien le lire ! Surtout s’ils veulent s’évader dans un univers drôle et coloré comme celui que nous crée l’auteur ! Par contre, il y a quand même des passages assez sombres pour un livre pour enfant ! Je parle bien sûr de scènes de meurtres. En tous cas, moi ça ne m’a pas vraiment marqué ! Mais pour des enfants…

Le récit est à la troisième personne du singulier du point de vue interne à travers plusieurs personnages différents. Mais ceux revenant le plus et ayant le plus d’importance dans l’histoire sont Nat, Sandy, Richie, la Bête et l’Homme Squelettique.
Et chacun d’eux apporte différents points de vus intéressant à l’histoire, par exemple Sandy ne connaît pas vraiment Nat ce qui nous laisse voir ce qu’elle pense de lui et ce que d’autres personnes pensent de lui. Ce qui le rend encore plus attachant et même nous rend triste de son sort. Rester enfermé seul dans une maison sans pouvoir se faire de vrais amis et rencontrer l’amour.
Bien sûr, tous les autres personnages ont leurs caractéristiques propres. L’Homme Squelettique, le méchant de l’histoire est celui qui a le plus souvent les situations les plus comiques du roman ! Par exemple celle de sa première apparition. Mais je n’en dirais pas plus !
Certains par contre sont vraiment «soulant», en particulier Richie qui est l’un des personnages principaux, qui nous sort des «Mec» presque à chaque fois qu’il s’adresse à quelqu’un !

L’histoire n’est pas très compliquée et se suit facilement. On ne se perd pas dans les évènements, ce qui est plutôt un bon point.
Le récit est riche en rebondissements et il n’est pas souvent prévisible. La fin est forte en émotion à un certain moment et aurait put aboutir sur une superbe conclusion…
Malheureusement cela, l’auteur a préféré contourner et nous offrir une happy-end. Ce qui laisse présager sûrement une suite et je n’aurais rien contre la lire !
De plus un film est en cours de préparation. Je pense que j’irais le voir, mais vu que cela sera sans doute un film pour enfant… je me demande comment ils vont faire passer certaines scènes ! Le roman est quand même assez riche en hémoglobine !

Enfin voilà, Démons est un roman dont je n’attendais pas grand chose et qui s’est révélé être une très bonne surprise !

Note : 8,5/10

Le liseur de Bernhard SCHLINK

Résumé : A quinze ans, Michaël fait par hasard la connaissance, en rentrant du lycée, d’une femme de trente-cinq ans dont il devient l’amant. Pendant six mois, il la rejoint chez elle tous les jours, et l’un de leurs rites consiste à ce qu’il lui fasse la lecture à haute voix. Cette Hanna reste mystérieuse et imprévisible, elle disparaît du jour au lendemain.
Sept ans plus tard, Michaël assiste, dans le cadre de ses études de droit, au procès de cinq criminelles et reconnaît Hanna parmi elles. Accablée par ses coaccusées, elle se défend mal et est condamnée à la détention à perpétuité. Mais, sans lui parler, Michaël comprend soudain l’insoupçonnable secret qui, sans innocenter cette femme, éclaire sa destinée, et aussi cet étrange premier amour dont il ne se remettra jamais.

On découvre une histoire d’amour (entre Hanna et Michaël), de passion, d’apprentissage de la vie même si le personnage d’Hanna reste mystérieux. Le personnage de Michaël nous apparaît comme envoûté et admiratif de cette femme plus âgée que lui. La première partie est plutôt belle, pleine d’espoir, d’amour. En bref : positive et tournée vers l’avenir.
La suite est plus froide, noire et confronté au passé. On découvre au fil du procès le visage de « l’Hanna du passé ». Malgré l’aspect humain et généreux de celle-ci, présenté au début de leur histoire d’amour, Michaël se trouvé confronté à la monstruosité des actes passés d’Hanna. Michaël se pose beaucoup de questions et n’arrive pas à associer les deux facettes si différentes de la femme qu’il a aimé.
Selon moi, Michaël se sent coupable de ne pas avoir « assez aimer » Hanna, ce qui aurait pu la pousser à se confier d’avantage à lui au point de lui parler de son passé de surveillante de camp de concentration et du lourd secret qu’elle chercher désespérément à cacher.
Derrière chaque « monstre » se cache un être humain avec ses faiblesses, mais comment peut-on continuer à aimer une personne quand on découvre son côté sombre?

Bernard SCHLINK ne veut pas que l’on trouve des excuses ou que l’on pardonne les actes d’Hanna mais il nous permet de prendre en compte le côté humain d’Hanna et de comprendre sa souffrance.