Fils de l’ombre – tomes 1 et 2, de Juliet Marillier

Fils de l’ombre – tomes 1 et 2
De Juliet Marillier
Traduit de l’anglais par Hélène Bury
Paru chez l’Atalante

Ce livre, en deux tomes, appartient au cycle de Septenaigue comprenant cinq livres en VO à ce jour (le dernier doit paraître prochainement) et fait suite au roman Sœur des cygnes, lui aussi paru en deux tomes.
Tout d’abord, je tiens à clamer haut et fort que je trouve les couvertures de ces deux livres absolument somptueuses. Le dessin est d’une grande finesse, les personnages représentés sont beaux et les arrière-plans ont quelque chose de mystérieux. Bref, des couvertures qui invitent le lecteur potentiel à venir voir tout cela de plus près ! Bravo monsieur Carré !

Quatrième de couverture : « Ma mère connaissait tous les récits contés au coin du feu d’Erin. Assemblés autour de l’âtre, les villageois l’écoutaient en silence après une longue journée de travail et s’émerveillaient des tapisseries qu’elle tissait de ses mots. » Ainsi Liadan, fille cadette de Sorcha des cygnes, entame-t-elle son récit. Une génération a passé au domaine de Septenaigue. Elle a hérité de sa mère le talent de guérisseuse et le don de voir et d’entendre les esprits de la forêt. Il lui incombera d’affronter un destin douloureux pour préserver de la ruine sa famille, son domaine, son enfant à naître et peut-être aussi l’amour interdit qu’elle a découvert en chemin.

Je ne distinguerais pas les deux tomes dans cet avis, car ils sont indissociables et forment un tout. Il est vrai que le roman aurait été très épais s’il avait été publié en un seul tome, mais ce n’est en général pas ce qui m’arrête. Cela dit, tout le monde n’est peut-être pas de mon avis…
Par contre, on est tellement « dedans » que la fin un peu abrupte du premier tome prend par surprise et là, après avoir réprimé à grand-peine un petit hoquet de frustration, on se dit qu’il vaut mieux avoir le second sous la main pour enchaîner de suite ! Justement, c’était prévu au programme ! Une fois de plus, je ne suis pas l’objectivité même à ce sujet, car j’aurais pu continuer ainsi pendant encore des tomes et des tomes… D’autant que mon petit doigt me dit que dans le prochain roman du cycle, quelques années se seront à nouveau écoulées et nous passerons à autre chose même s’il est très probable que nous retrouvions une grande majorité des personnages de celui-ci…

Mon avis : même sans avoir lu Sœur des cygnes, on fait facilement connaissance avec les personnages. Une partie d’entre eux n’étaient d’ailleurs pas présents dans le premier roman, puisqu’une génération s’est écoulée depuis. Les descriptions sont simples et très efficaces et chacun semble à sa place, avec sa personnalité bien définie et un rôle particulier à jouer. On les imagine facilement et on s’y attache rapidement. Ces personnages sont très « humains » : bons ou méchants ou un peu des deux selon les moments, très réels en somme. On finit par respirer avec eux, souffrir avec Niam, bouillir avec Sean, trembler et penser avec Liadan. Seul l’homme illustré reste impénétrable, comme il se doit.
La petite carte au début permet également de bien se repérer, pour aborder l’histoire au mieux, c’est toujours sympa.
L’intrigue, quant à elle, se met en place tranquillement et on se laisse volontiers pénétrer par l’ambiance. Le texte coule tout seul. Il n’y a pas à dire, l’auteure a une plume agréable et maîtrise son sujet ! De plus, l’intrigue regroupe, à mon avis, tous les ingrédients d’un bon livre de fantasy historique : un passé mystérieux, omniprésent, mais dont personne ne veut parler, une prophétie ancienne, les mythes celtiques, de la magie, des héros, des trahisons, des secrets, des drames, des sentiments forts,…
Juliet Marillier mélange subtilement mystère et aventure, haine et amour, anciennes croyances et problèmes du quotidien. Le destin d’une famille se déroule au fil des pages, avec ses joies et ses peines, à la différence près que le peuple des fées laisse ici sa marque.
Je n’en dirai pas plus pour ne pas gâcher au lecteur le plaisir de découvrir par lui-même le domaine de Septenaigue, ses habitants, ses amis et ses ennemis.
Le dénouement est quant à lui agréable et ouvre énormément de perspectives pour la suite, ce qui est très sympathique quand on sait qu’il y a déjà trois autres livres parus –ou presque-.
Ce roman m’a délicieusement ramenée au temps où, adolescente, je dévorais les Dames du lac. Il est vrai que j’ai toujours eu un faible pour la culture celte et l’Irlande et j’étais donc convaincue dès le départ que ce roman me plairait. J’avoue ne pas avoir été déçue : je l’ai littéralement dévoré. J’ai tourné la dernière page avec regret (pour le plus grand bonheur de ma famille qui voyait là le signe de mon retour à une « vie normale »), un peu étourdie par cette grande aventure que je venais de vivre et franchement emballée. Il s’agit vraiment d’un cycle de haut niveau (sur mon échelle de valeurs personnelle), d’une lecture très agréable. Cela fait de nombreuses pages à lire et d’excellents moments en perspective. Je pense d’ailleurs lire Sœur des cygnes bientôt pour faire bonne mesure et je guetterai la sortie du tome 3, que j’espère prochaine !
Je remercie chaudement Livre@ddict et les éditions l’Atalante pour ce partenariat coup de cœur.
Ce billet peut également être consulté sur mon blog perso.

L’invasion silencieuse, de Gilles Morris

Synopsis :

Comme beaucoup d’enfants uniques donc solitaires, et profondément imaginatifs donc frustrés de leurs aspirations secrètes par la simple réalité quotidienne, Cédric s’est inventé un compagnon imaginaire plus présent, à ses yeux, que les camarades de son âge.

Mais ce personnage qu’il a baptisé Robbie est-il vraiment imaginaire ? Et s’il ne l’est pas, ou pas tout à fait, qui est-il ? Plus exactement, qu’est-il ? Et que faut-il craindre ou espérer de son existence virtuelle ?

C’est le problème qui se pose aux adultes penchés sur le « cas Cédric ». Le résoudront-ils ? Revivront-ils assez fort leur enfance pour décider s’il faut encourager, ou bien combattre, L’INVASION SILENCIEUSE ?

Tout d’abord je tiens à remercier du fond du coeur les éditions Rivière blanche, ainsi que Livraddict pour cette première expérience qui fut très enrichissante ! ^^

Le premier truc qui m’a sauté au yeux, dès les premières pages, c’est l’alternance entre un style très scientifique et intellectuel et des passages plus… intimistes on va dire, et je ne sais pas pourquoi mais j’avoue que ça m’a un peu mis un peu mal à l’aise, surtout que la transition de l’un à l’autre est assez brute parfois.

Les personnages sont très réalistes, ce qui rend l’insertion dans l’histoire d’autant plus rapide est passionante, d’autant que l’auteur nous encourage à prendre cette histoire pour la réalité lorsqu’il parle d’autres livres qui existent, qu’ils soient écrits de sa main ou non. J’avoue cependant avoir eu quelques accrocs avec Cédric lorsqu’il débat sur la science-fiction, ses propos m’ont paru trop mâture pour son âge.

Sans être encore incollable sur le sujet, j’ai déjà lu un bon nombre de livres de SF, mais j’ai particulièrement apprécié l’ambiance qui se dégage au sein de ce livre, peut être parceque le décor est celui que nous connaissons dans la vie de tous les jours avec ce petit plus surnaturéel.. C’est assez difficile à décrire, mais en tout cas ça m’a bien plu.

Le thème majeur du roman, à savoir les personnages imaginaires que s’invente les enfants est également très bien traité, la façon dont sa mère s’inquiète aussi, tout est parfaitement cohérent et les pages défilent vraiment vite tant on veut savoir si tout ceci est réel.

En fin de compte, le seul point noir c’est que le roman est beaucoup trop court, 150 pages à tout casser.  La fin ouverte m’a aussi un peu déçue. J’aurais voulu en savoir plus sur Robbie (clin d’oeil à Asimov ou coïncidence ?) et le phénomène qui semble toucher les autres enfants, c’était un arrêt assez brutal et sur le moment j’ai cru que le roman était pas fini, ou qu’il était découpé en deux parties…

Mais dans l’ensemble c’est une très bonne histoire et je vais me procurer dès que possible d’autres ouvrages de cet auteur ^^

Les éclaireurs, d’Antoine Bello

Merci aux éditions Folio de m’avoir permis de lire Les éclaireurs, d’Antoine Bello.

Quatrième de couverture :
C’est l’histoire de Sliv, agent spécial du CFR (Consortium de Falsification du Réel), qui veut comprendre pour quoi et pour qui il travaille. C’est l’histoire d’une organisation secrète internationale, qui tente d’influer sur l’histoire des hommes, et dont l’existence est brutalement remise en cause un certain 11 septembre 2001. C’est l’histoire de Youssef, tiraillé entre sa foi et son amitié ; de Maga, jeune femme moderne que son mariage précipite dans une famille d’intégristes ; de Lena, dont la rivalité professionnelle avec Sliv cache peut-être des sentiments d’une autre nature. C’est l’histoire d’une grande nation, les Etats-Unis, qui trahit ses valeurs quand le monde a le plus besoin d’elle. C’est, d’une certaine façon, l’histoire du siècle qui vient. Les éclaireurs est la suite des Falsificateurs mais peut se lire indépendamment.

Mon avis :
Sliv et ses collègues modifient la réalité, influencent la marche du monde pour une organisation secrète, le CFR, dont ils ne connaissent pas les objectifs.
Attention, la présence d’une organisation secrète de dimension internationale ne doit pas faire passer le livre pour ce qu’il n’est pas : un roman d’espionnage à la James Bond, plein de gadgets et d’armes à feu. Non, les protagonistes s’occupent d’intrigues géopolitiques, falsifient des rapports et créent des scénarii qu’ils s’appliquent à rendre vraisemblables.
Des tas de questions surviennent dans ce récit, qui s’avère être en définitive une sorte de parcours initiatique pour le héros, qui finira par être amené à se poser la seule véritable question : qu’est-ce que la réalité ?
J’ai été enchantée par ce roman dans lequel l’auteur nous abreuve de politique internationale sans nous ennuyer. Les personnages, dont la simplicité de caractère pourrait, au premier abord, sonner comme un défaut, sont en fait l’allégorie de schémas de pensée et d’interrogations résolument actuels.
Quant à la raison d’être du CFR, on nous montre avec brio qu’elle est la seule raisonnable, compte tenu de l’impossibilité du dépassement des clivages idéologiques et religieux. Un plaidoyer fort pour le respect de l’individu. Je tire mon chapeau.

Bilan :
une lecture enthousiasmante, à condition de ne pas prendre Les éclaireurs pour ce qu’il n’est pas: un roman d’action.

Le mauvais endroit au mauvais moment de Laurent Moisson

Résumé :

«  Pourquoi lui, pourquoi ce jour-là ?  Parce que c’est comme ça … Pas  d’autre explication.
Cette histoire va vous démontrer comment un homme sans relief ni éclat peut se trouver, bien malgré lui, au centre d’une intrigue d’une ampleur inouïe.
Nous savions, depuis Forest Gump et la Star Ac’, que les anti-héros pouvaient devenir des modèles enviés par toute une nation. Antoine Hyvenot nous prouve qu’ils savent, avec autant de mérite, en devenur l’ennemi public n° 1.
Finalement, inspirer la haine à des millions de personnes, est à la portée de n’importe qui ».

Avis

Ce résumé promettait une histoire originale et une lecture sympathique. Malheureusement le livre n’a pas répondu à mes attentes ce qui est dommage car l’idée de départ est très originale. Antoine Hyvenot, fils de millionnaire, qui a du mal à trouver sa place dans sa famille et dans la société, se retrouve, par un intéressant concours de circonstances, l’acteur principal d’une affaire policière qui prend rapidement une ampleur internationale.

J’ai tout d’abord eu beaucoup de mal à accrocher avec le style d’écriture. Ce qui m’a le plus dérangé est l’utilisation d’un « langage parlé ». L’histoire est relatée par Antoine lui-même, et, malgré sa manière plutôt humoristique de décrire sa situation, l’utilisation d’expressions essentiellement orales devient rapidement lassante.

J’ai ensuite trouvé dommage qu’Antoine, bien qu’étant le principal intéressé, ne soit qu’un simple spectateur de l’histoire, et ce, jusqu’au dénouement final. J’aurais aimé le voir agir activement pour se sortir de cette situation.

Par ailleurs, la résolution de l’affaire est assez décousue. On se perd facilement parmi tous les personnages, beaucoup de détails menant au dénouement ne sont pas évoqués.

On ressent néanmoins tout l’enthousiasme de l’auteur durant la lecture de ce livre et c’est justement cet enthousiasme mal maîtrisé qui rend l’histoire un peu décousue.

Je remercie Livr@ddict et les éditions Baudelaire pour m’avoir permis de découvrir ce livre et cet auteur.

L’Ombre de l’Assassin, Chroniques des Dieux T1, de James Clemens

Belle lecture, pour laquelle je remercie Livraddict et ses traditionnels partenariats ainsi que les éditions Bragelonne.
Ayant tout récemment découvert James Clemens et sa saga Les Bannis et les Proscrits ( si l’envie vous en dit mon billet sur Le Feu de la Sor’cière se trouve ici !) je dois dire que j’attendais avec beaucoup d’impatience son nouvel univers.
Tout d’abord, soyons clairs, nous sommes à nouveau face à de la Fantasy de très grande qualité avec un monde qui lui est propre, riche et original et des personnages attachants mais complexes.
Je craignais de me retrouver dans une  saga de la Sor’cière bis, il n’en est rien ! Myrillia est une contrée bien plus sombre et les temps évoqués sont beaucoup plus durs. Proche d’une ère moyenâgeuse, les hommes sont rudes mais braves et le verbe haut et fort. Je ne compte pas guerriers émasculés, les damoiselles violentées et autres barbaries ponctuées de jurons bien sentis. Ce qui me fait me demander : est-on toujours dans de la littérature jeunesse ?
De cette noirceur ressort une impression de quelque chose de plus profond, de plus intime que des aventures d’Elena.
J’ai retrouvé avec plaisir la façon qu’a Clemens de jouer avec les mots, nous invitant à redécouvrir notre langue avec sa touche fantasy (chapeau au traducteur ! ):
A nouveau, je n’ai eu aucun mal à me lier aux différents personnages de ce récit : leur ambiguïté ne les rendant que plus attirants. Notons encore le soin que Clemens consacre à ses personnages secondaires, ne se contentant jamais de simples faire-valoir.
La structure de ce premier tome a un goût de déjà vu mais peut-être est-ce la patte de l’auteur ? A savoir, la poursuite en parallèle de deux / trois intrigues autour de personnages phares, se dirigeant irrémédiablement vers un dénouement commun, ce qui ne m’a que moyennement convaincue.
Très emballée par les deux tiers de ce livre, une certaine lassitude a néanmoins fini par me gagner. Je m’explique, à force de refuser de faire dans le manichéen, Clemens m’a tout bonnement et simplement perdue ; certes, ma concentration n’était sûrement plus à son maximum mais quand tous les rôles ont commencé à être remis en question (principalement celui des Dieux) j’ai perdu la foi .
Une fin quelque peu décevante selon moi mais qui ne m’empêchera pas de lire la suite car malgré mes dénégations, Clemens a réussi à me fasciner à nouveau !

Le Pitch ( quatrième de couverture) :

Durant quatre mille ans, rien n’est venu troubler la paix des Neuf Contrées, bénies des dieux… mais les dieux meurent aussi.
Meeryn, déesse des Iles d’ Estivage, a été sauvagement assassinée. Le seul témoin, Tylar de Noche est un ancien Chevalier d’ ombre. Cette caste de combattants puissants et respectés a reçu la Grâce de se déplacer sans être vu et de s’esquiver dans les ténèbres. Mais frappé d’infirmité, Tylar est tombé en disgrâce.
Or, en mourant, la déesse lui a accordé une bénédiction: une marque qui a guéri son corps blessé mais que beaucoup voient comme la preuve qu’il est l’ assassin.
Pourchassé sans relâche, Tylar doit prouver son innocence et vaincre le véritable coupable…

La mise en bouche :

Dans les ténèbres…
Il glisse, telle une ombre qui cherche la lumière.
Impossible de prononcer son vrai nom en suivant la logique de la chair et du souffle. Ce n’est guère plus qu’un tremblement, une sombre vibration le long du plan qui s’étend sous la roche et la tempête. Il n’a pas d’apparence, pas de forme, pas de substance.
Naebryn.
C’ est son être, mais pas son nom. C’est une créature de la ténaebre, ce vaste néant.

L’instantané (p.193) :

Tylar pénétra dans une grotte d’une beauté incroyable.
L’espace était surmonté d’un dôme cintré assez grand pour contenir le Mont d’ Eté tout entier et décoré de plantes grimpantes, de vignes et de fleurs aux couleurs vives. La lumière émanait d’une unique lanterne à feu colossale, aussi large qu’un homme bras tendus. Elle flottait librement dans l’air, au centre de la salle, roulant et dérivant doucement au-dessus du paysage.
Elle éclairait des étangs et de chutes d’eau qui mettaient en valeur des chemins bordés de fleurs. Ces dernières ne ressemblaient en rien à celles qu’on trouvait sous le soleil. Plutôt que de pousser dans la terre, elles naissaient dans les ruisseaux et autres mares sculptées. Des fleurs de toutes les couleurs imaginables poussaient librement parmi les arbres et les buissons feuillus. Il en reconnut certaines: des fleurs de miel, des cœurs de jaspe, des pétales sauvages, des pissenlits de mer et des palmiers fantômes.