Au pays de l’Ailleurs de Tahereh Mafi

Ayant adoré Insaisissable, la barre était très haute pour Au pays de l’Ailleurs. Malheureusement, elle ne l’a pas dépassé, loin de là… Cependant, c’est quand même une bonne lecture.

Tahereh Mafi nous entraîne dans un monde très coloré, riche et complètement farfelu. J’ai beaucoup pensé à Alice au pays des merveilles et vu que l’héroïne principale s’appelle Alice, je présume que c’est soit une réécriture du conte soit un très gros clin d’œil.

La plume de l’auteur a encore été une fois très très bonne même si elle était un peu lourde par moments surtout pour du middle-grade. Le vocabulaire riche peut être parfois difficile à comprendre pour la cible visée. Cependant, toute la poésie dans le choix des mots et des tournures de phrases rend son style unique et facilement reconnaissable. Sa plume ne fait pas dans la demi-teinte soit ça passe soit ça casse.

Le monde créé par l’auteur est pour moi un personnage en soi qui est bourré de complexité et de facettes cachées qui sait nous transporter loin des sentiers battus de la littérature middle-grade. Avec ce livre, Tahereh Mafi nous montre toute l’étendue de son talent et de son imagination. Par contre, elle s’attarde souvent trop longtemps sur certains détails ce qui provoque quelques longueurs et qui peut lasser à la longue. J’ai souvent attendu l’action avec trop d’impatience.

Alice et Olivier sont de bons personnages mais avec pas mal de défauts. Alice est un peu insupportable par moments et elle s’en mord souvent les doigts. Mais elle a bon fond et on sait qu’elle essaie juste de bien faire pour réussir son objectif et ça c’est une qualité que je ne peux pas lui reprocher. Olivier est un peu égoïste au début mais lui aussi apprend beaucoup de choses pendant leur voyage dans le pays de l’ailleurs et ça fait du bien de voir c’est deux personnages évolués et grandir tout le long du roman.

En conclusion, Au pays de l’Ailleurs a été une bonne lecture malgré quelques défauts et longueurs mais qui saura conquérir les âmes d’aventuriers des lecteurs.

Merci Livraddict et Michel Lafon pour l’envoi de ce livre !

Meuh ! de François Morel

Auteur : François Morel
Éditions : Folio
Nombre de pages :  143 pages
Année de parution : 2016

Résumé :

« Oui, j’ai de l’admiration pour la vache car elle est impassible. Elle ne joue pas au tiercé. Elle ne hurle pas dans les stades. Elle ne se gare pas en double file.

Elle n’envoie pas de lettres anonymes. Elle ne se met pas au garde-à-vous. Elle n’utilise pas de tondeuse à gazon. Elle n’écoute pas la radio à tue-tête.

Oh bien sûr, son parcours est tracé : elle vit, elle meurt. Vous vous trouvez sans doute beaucoup plus malin ? »

Mon avis :

Je tiens d’abord à remercier Livraddict pour ce partenariat ainsi que Folio, de m’avoir choisie pour donner mon avis sur ce livre ainsi que pour le cadeau « Paris sera toujours une fête ».

Meuh est le premier livre de François Morel. Je fûs intriguée par cet écrivain à la carrière bien remplie il est : comédien, metteur en scène mais aussi chanteur.

C’est l’histoire de Philippe Bonneval, Rochebrunois de vingt-deux ans vivant avec ses parents : Robert et Madeleine patrons d’un pressing « les spécialistes de la chemise et du complet trois pièces » mais lorsqu’on est un jeune préoccupé par les filles ; la mobylette ; l’acné on ne voit rien venir pas même sa mue en vache. La couverture du livre le représente, nous voici donc au cœur de l’histoire. Bien avant de devenir vache le jeune homme a toujours ressenti de l’admiration pour les bovidés jusqu’au jour où celui-ci se transforma sans en connaître la raison, ses maux de tête persistant sa mère concéda et accepta de prendre rendez-vous au près de spécialistes chacun voyant en lui une des caractéristiques tendant vers ceux de la vache.

« Le dermatologue rendit un diagnostic sur ma peau de vache. Un oculiste crut distinguer en moi un œil de bœuf. Un psychiatre s’exclama en me voyant » Celui- là à une véritable tête de vache », ce qui était une manière significative d’outrepasser ses compétences. Un homéopathe m’ayant examiné sous toutes les coutures comprit que ses convictions les plus profondes, ses certitudes de toute une vie venaient d’être foulées au pied par ma simple présence. »

Le jour où il se rendit compte de son état il le refusa, son souhait était de vivre comme avant et de faire comme si de rien ne s’était passé mais malheureusement pour lui il n’avait guère le choix, et il n’y avait rien qu’il ne puisse faire.

Dans ce roman, il nous parle de son enfance, de ses bons souvenirs le rattachant à sa vie d’humain. De ses sorties à la pèche avec l’oncle Émile, de ses amours avec la jolie Élisabeth Touchard. Malheureusement pour lui sa transformation devint complète, voyant qu’il lui était compliqué de vivre auprès de sa famille, ne pouvant plus sortir avec ses cornes, ses sabots..Et ses 800 kilos il se décidé à rejoindre un troupeau. Son arrivée ne passant pas inaperçue auprès de Réné l’agriculteur celui-ci effectivement s’imagina alors les pires conspirations, mais voyant que la vache faisait preuves de bonnes qualités il voulu bien la garder. Ainsi commença sa nouvelle vie sous le nom de Blanchette.

C’est pas un livre comme j’ai l’habitude de lire, c’est avant tout un témoignage. Nous entrons dans l’absurde, Philippe tout du long ne plaisante pas sur sa condition. Je m’attendais à rire, comme j’ai l’habitude de le faire avec mon bon Terry Pratchett puisque ce livre étant catégorisé d’humoristique mais ce ne fût malheureusement pas mon cas. J’ai cependant apprécié les références d’écrivains notamment celle de Khalil Gibran : Nos enfants ne sont pas nos enfants. A mes yeux il y eut trop de rocambolesque, j’ai cependant accroché avec le côté humain. Les parents, le voyant toujours comme leurs enfants, la détresse de ces personnages les ont rendu touchants. J’ai également apprécié les réflexions côté animaux, beaucoup s’imaginant que les animaux sont dénués de sentiments, de personnalité. Le dernier aspect positif à mes yeux sont les gravures de Christine Patry venant ponctuer ci et là le roman.

Ce n’est décidément pas un coup de cœur pour moi, ni une déception pour autant.

Given de Natsuki Kizu

Uenoyama est un lycéen féru de guitare et de basket. Seulement, la passion qui l’animait semble s’être éteinte pour laisser place à un quotidien morne, rythmé par de simples siestes. Un jour, il tombe sur Mafuyu, qui s’est endormi à l’un de ses endroits favoris, une superbe guitare Gibson serrée contre lui. Ce dernier le supplie alors de la réparer et de lui apprendre à en jouer. Si Uenoyama refuse catégoriquement au début, il finit par l’aider et va même jusqu’à l’intégrer dans son groupe. Il découvre derrière la candeur de Mafuyu un talent incroyable et bouleversant. Malheureusement, ce dernier est également hanté par un lourd traumatisme qui l’empêche de s’exprimer pleinement…

Je tiens tout d’abord à remercier chaleureusement les éditions Taïfu Comics de m’avoir envoyé ce livre que j’ai lu avec grand plaisir. En effet, ce yaoi se lit très facilement et on rentre tout de suite dans l’histoire. Les personnages sont très attachants et les relations qu’ils tissent au fil du texte ou qu’ils ont dès le début pour certains m’ont touchée.

L’univers musical apporte une touche tout particulière à l’ouvrage et permet une certaine poéticité. On est immédiatement immergés dans un monde où les émotions peuvent s’exprimer par le biais de la musique… Du moins, en théorie, puisque tout, dans le manga, est question de non-dits, de gestes manqués entre les deux protagonistes. Cependant, la fin de l’ouvrage laisse entendre que tous deux sont enfin prêts à s’ouvrir l’un à l’autre.

Au début de l’histoire, Mafuyu demande à Uenoyama de lui apprendre à jouer de la guitare. Si ce dernier est d’abord énervé par la « naïveté » de Mafuyu, il comprendra par la suite que derrière sa grande timidité, se cache en réalité une profonde blessure. C’est pourquoi il a sans arrêt une tête de « chien battu », ce qui a le don d’exaspérer Uenoyama. Mais bien évidemment, c’est aussi ce que le jeune homme aime chez Mafuyu. Il parviendra justement à surmonter son agacement premier pour découvrir un talent insoupçonné chez ce garçon qui le trouble. Le tome 1 de « Given » esquisse tout juste la relation qui est en train de naître entre les deux jeunes hommes mais il donne particulièrement envie de lire la suite afin de savoir comment leur relation va évoluer.

Outre l’aspect musical de ce yaoi, la grande particularité du roman réside également dans l’organisation même du texte, puisque celui-ci est notamment ponctué de fiches de présentation des personnages.

Mais ce n’est pas tout : à la fin de l’ouvrage, se trouvent des sortes « d’interviews » des membres du groupe de musique afin de mieux les connaître, de comprendre la perception qu’ils ont les uns des autres, mais aussi de développer des aspects de l’intrigue que l’auteure n’a pas pu aborder en détail dans le corps du yaoi. Enfin, j’ai eu la surprise de découvrir derrière la jaquette du livre, sur la « vraie » couverture, une sorte de « bonus » (d’ailleurs appelé ainsi), dans lequel le lecteur a droit à un petit point culture sur les uniformes portés par les personnages à l’école.

Finalement, ce yaoi m’a beaucoup plu. Sa lecture est fluide, on suit avec plaisir les aventures musicales et personnelles des personnages, les graphismes sont beaux et enfin, la forme du livre en elle-même est originale. Je recommande donc vivement la lecture de ce manga de Natsuki Kizu, aussi bien aux néophytes qu’aux habitués de yaois, et j’ai vraiment hâte de lire la suite.

Voici un lien sur lequel vous pourrez trouver ce manga : http://www.taifu-comics.com/Serie-242-Given

Rien ne s’oppose à la nuit de Delphine de Vigan

Rien ne s’oppose à la nuit

Auteur : Delphine De Vigan

Éditions : Le livre de poche

Pages : 401

Résumé :

Ma famille incarne ce que la joie a de plus bruyant, de plus spectaculaire, l’écho inlassable des morts, et le retentissement du désastre.
Aujourd’hui je sais aussi qu’elle illustre, comme tant d’autres familles, le pouvoir de destruction du verbe, et celui du silence.

Mon avis :

C’est le troisième livre de l’auteur que je lis. Je n’aime pas spécialement les livres autobiographiques, je ne me tourne généralement pas vers eux. Pourtant la plupart des livres de Delphine De Vigan le sont et j’apprécie l’auteur. Comme quoi il ne faut pas rester sur ses positions.

Dans ce livre, l’auteur se livre à nous ou plutôt livre l’histoire de sa mère Lucile. On va connaître et vivre l’enfance de sa maman, son évolution, son caractère, sa personnalité. Mais également comment elle va s’adapter, trouver sa place au sein d’une famille de sept enfants (ce qui n’est pas forcément évident à vivre). On va découvrir sa vie d’adolescente puis sa vie de maman.

Mais ce n’est pas seulement l’histoire de Lucile, c’est aussi celle de tous ses frères et sœurs, de ses parents et de ses enfants, Delphine et Manon.

C’est raconté avec beaucoup d’émotions, on sent que pour l’auteur se livrer à nous n’est pas la chose la plus facile à faire. Surtout quand on arrive vers le milieu et qu’elle commence à nous parler d’elle. Elle nous raconte pas mal de ses craintes par rapport à la publication de ce livre. Le jugement des membres de sa famille..

Je suis obligée de rester flou concernant les personnages car sinon la lecture est en quelque sorte gâchée.

Ce livre nous fait réfléchir, nous touche, nous bouleverse. C’est tout là le talent de l’auteur, et c’est comme à chaque fois, du grand Delphine de Vigan.

La danse hésitante des flocons de neige de Sarah Morgan

La danse hésitante des flocons de neigeQuand j’ai appris qu’une lecture commune allait avoir lieu sur La danse hésitante des flocons de neige, j étais joie et euphorie. Je me suis inscrite immédiatement. Le livre me faisait de l’œil, avec sa couverture toute douce, festive et scintillante, assortie de commentaires élogieux. Publiée chez l’éditeur dont le nom commence par H, l’histoire aurait pu d’emblée m’inspirer un à priori négatif, mais j’avais décidé de mourir moins bête et de tenter un type de récit inconnu pour moi. A l’approche de Noël, quoi de mieux qu’une petite bluette, pas vrai ?

Mais voilà, parfois j’ai l’ennui facile. J’ai essayé de m’intéresser aux angoisses de l’héroïne, mais ses pensées sont à mes yeux tristement simplistes et répétitives.  J’ai essayé aussi de m’intéresser à la relation entre Kayla et Jackson, sans pouvoir me départir de la désagréable impression de lire une histoire qui tout au plus aurait pu me séduire quand j’étais âgée de 13 ans (et encore, même à l’époque, je crois que j’aurais préféré Roméo et Juliette), mais pas après. Qu’il y ait de l’attirance physique entre eux, soit ; que ça prenne du temps de se lier, je veux bien ; je ne sais même pas ce qui me gêne en fait ! Si ce n’est le fait que tout ait l’air aussi factice, désespérément faux !

Je ne suis pas un monstre cynique ni une personne qui déteste Noël, j’étais toute disposée à m’imprégner de cet univers de confiseries et de montagnes romantiques. Mais ça ne prend pas avec moi ! Je ne reviendrai pas en détail sur toutes les incohérences qui ont été relevées tant de fois, telles que la perfection de la famille O’Neil (vous en connaissez beaucoup, des familles comme ça, sans jamais le moindre éclat de voix ?) ou le Disneyland local que constitue Snow Crystal… (vous ne saviez pas que le paradis sur terre existait ? Eh bien si. Voilà. Les bras vous en tombent, non ?)

Que deux adultes mettent des centaines de pages à se décider pour avoir une discussion ouverte et franche sur leur vécu, leurs attentes et leurs ressentis, ce n’est pas franchement quelque chose qui m’enthousiasme. La vie est trop courte pour être si indécis (ou pour passer des heures sur des romans qui ne nous plaisent pas).

Cependant, nos perceptions de lecteurs dépendent aussi énormément de nos envies du moment et de notre humeur ; c’est pourquoi je pense que ce roman pourrait séduire d’autres personnes. Ce livre m’a agacée et lassée, mais ça ne regarde que moi, il n’est pas désastreusement mauvais pour autant. Pour les grands amateurs de ce genre, peut-être…