La maison aux esprits d’Isabel Allende

Maison aux esprits

C’est par le truchement des cahiers personnels de Clara, sa femme, et par son propre travail de mémoire qu’Esteban Trueba, du haut de ses 90 ans, nous conte l’incroyable histoire de sa famille. Quatre générations d’hommes et de femmes au travers desquels va se refléter toute l’histoire d’un pays : le Chili.

Tout commence au début du XXème siècle avec les del Valle, une famille bourgeoise traditionnelle et néanmoins très engagée dans la vie politique de son pays. De l’union de Severo et de Nivea naîtront quinze enfants, dont l’envoûtante Rosa. Sa mort tragique mettra un terme inattendu à ses fiançailles avec Esteban Trueba, alors jeune pionnier parti faire fortune dans les mines. Afin d’oublier son chagrin, celui-ci décide de partir reconquérir les terres léguées par ses ancêtres et suera sang et eau jusqu’à devenir un riche propriétaire terrien et ainsi prétendre à la main de Clara, la sœur cadette de Rosa.  De l’union improbable entre cet homme rude, brutal et caractériel et de cette femme douce, sensible et extralucide naîtront trois enfants.

Si les personnages sont multiples dans cette intrigue extrêmement dense, Esteban et Clara n’en demeurent pas moins les piliers. C’est à travers leur voix que la mémoire ancestrale se perpétue et c’est sur leurs épaules que repose la stabilité de la famille. Si Esteban, en bon conservateur, représente le patriarche, l’ordre et la fermeté, Clara semble quant à elle évoluer dans une toute autre sphère, bien éloignée des préoccupations terrestres… Elle incarne à la fois la bonté, la patience et fait preuve d’un véritable don pour prévoir les malheurs, sans toutefois parvenir à les éviter… C’est peut-être là tout le drame de cette famille qui, en dépit de ses dons, ne sera jamais épargnée par les tragédies…

Avec ce premier roman, Isabel Allende nous offre une saga familiale magistrale, devenue un classique de la littérature chilienne ! Cela faisait longtemps que j’avais envie de découvrir ce texte et, grâce une l’organisation d’une lecture commune, c’est maintenant chose faite et j’en suis ravie ! A travers l’histoire passionnante de cette famille, c’est toute l’histoire du XXème siècle au Chili que l’on découvre avec la montée du communisme, la révolte des pauvres contre la bourgeoisie, jusqu’au coup d’Etat qui plongera tout le pays dans une vague de terreur et d’incertitude. La famille Trueba semble être aux premières loges et assiste impuissante et bien malgré elle à tous ces changements. Elle ne sera épargnée ni par les coups du sort, ni par la souffrance dans un pays en pleine crise politique. Heureusement, l’amour, le courage et l’idéalisme sont là pour apporter une bonne dose de lumière sur un texte qui, sans cela, serait bien sombre. L’extravagance et le mysticisme donnent également droit à des scènes particulièrement hautes en couleurs et apportent une certaine folie et une fraîcheur bienvenue ! Par ailleurs, la plume d’Isabel Allende, à la fois fluide et percutante, ne manque pas d’humour et parvient à désamorcer les tensions dans les moments les plus tragiques. Elle nous fait trembler, rire et pleurer avec le plus grand talent. Difficile de rester insensible devant un récit d’une telle ampleur ! Bref, vous l’aurez compris, c’est un grand coup de cœur !

Billet de présentation pour le Challenge Stephen KING 2014

challenge Stephen King 2014

Inscrite en catégorie 2 cette année, je dois donc lire au moins 3 livres de Stephen King.

Pourquoi ce challenge ?  Eh bien parce que j’aime énormément ce monsieur, malgré le fait qu’il m’ait provoqué de nombreuses insomnies, mais aussi une phobie de la baignoire (à l’âge de 7 ans), ainsi qu’une aversion pour les clowns (qui n’a pas duré !), puis une grande peur de certains animaux, type saint bernard, et chats. Je ne parle même pas de ma crainte des belles voitures, ou encore de certaines lycéennes, ni même des compétitions de courses à pied, que j’évite !!

Mais puisque ces derniers temps, je dors tranquillement (peut être même un peu trop, c’est louche), je me suis dit que ça avait bien trop duré, et qu’il était temps que je me remette à lire ce monsieur.

Le cercle des coeurs solitaires de Lotte et Soren Hammer

Le cercle des coeurs solitairesQuatrième de couverture :

Fusillade dans une école de Copenhague. Un collégien a tiré sur ses professeurs, tuant deux d’entre eux, et séquestré les élèves de sa classe, avant d’être abattu par la police. À peine relevé d’un accident cardiovasculaire, l’inspecteur Konrad Simonsen imaginait une reprise un peu plus en douceur… Du côté de sa jeune collègue, Pauline Berg, ce n’est pas la grande forme non plus : pas vraiment remise de l’affaire précédente, où elle a failli laisser la vie, elle pique des crises d’angoisse à répétition et carbure aux anxiolytiques.
Soucieuse de le ménager, sa hiérarchie met Simonsen sur une autre affaire, a priori banale : le décès d’un postier, quelques mois plus tôt, des suites d’une chute dans un escalier. Le dossier vient d’être rouvert : apparemment, on l’aurait aidé à tomber. Le téléphone portable de ce dernier révèle d’abord un lien avec l’un des professeurs tués. Un malheur ne venant jamais seul, Simonsen découvre bientôt un étrange mausolée dans le grenier du postier : des photos en noir et blanc d’une même jeune fille qu’un jeu de miroirs reproduit à l’infini. En fouillant dans les archives, Simonsen exhume bientôt la disparition jamais élucidée d’une adolescente à la fin des années 1960. Adieu les horaires aménagés.
Dans cette troisième enquête, Simonsen est rattrapé par le passé. Ébranlé par la maladie, il revient sur sa jeunesse et ses premières années dans la police, quand les gens de son âge et la femme qu’il aimait étaient de l’autre côté des barricades. Avec la froideur et la minutie des enquêteurs, Lotte et Søren Hammer explorent la fêlure d’un homme et les illusions perdues d’une génération dans un polar crépusculaire.

Mon avis :

Ce polar est une réussite! Si vous aimez les histoires fouillées, les personnages charismatiques, les errements d’une enquête plus compliquée qu’il n’y paraît, alors vous avez fait le bon choix. Amateurs de rebondissements toutes les deux pages, passez votre chemin, car nos auteurs aiment créer une ambiance et sont force de détails pour mieux servir leur histoire. De plus, le rythme est plutôt lent mais ne provoque nullement l’ennui!

Les auteurs (frère et sœur) nous offrent ici le troisième volet des enquêtes de Konrad Simonsen, de la Comtesse et de sa brigade. Je tiens à préciser que je n’ai pas lu les deux premiers volets et n’ai été aucunement dérangée lors de ma lecture. J’ai alors rencontré Konrad Simonsen, qui essaye de faire face aux conséquences d’une crise cardiaque, la comtesse qui vit avec lui et agit parfois comme une maman poule avec lui, et le second de Konrad, Arne, qui a endossé de nouvelles responsabilités lors de sa convalescence. Alors oui, je ne les connaissais pas avant, mais le cadre étant planté dès le début je n’ai pas eu l’impression d’être perdu lors des premières pages.

L’histoire est quant à elle extrêmement bien ficelée. Une affaire secondaire et déjà un peu datée est confiée à Simonsen dans le but de le ménager. Mais après quelques heures, il s’avère que cette enquête est en lien avec une fusillade survenue dans un collège quelques jours auparavant. C’est alors que tout s’enchaine, et nous fait alors revenir dans les années 60, date à laquelle une jeune femme a disparue… En toile de fond, les auteurs nous confient aussi des éléments pour mieux comprendre les personnages, et décident ici de revenir sur le passé de Konrad Simonsen, amoureux d’une militante d’extrême gauche et sur les choix de vie qu’il pu faire à l’époque et qui le tracasse encore.

Coeurs brisés, têtes coupées de Robyn Schneider

coeurs brisés tetes coupées

Résumé:

Ezra Faulkner, dix-sept ans, sportif, beau, brillant, appartient à la clique branchée du lycée d’Eastwood High, en Californie. Mais un soir d’été un drame survient et sa vie bascule. Son année de terminale ne se passera pas comme prévu, Ezra ne sera plus le roi de la promo qu’on attendait…
Brisé, il déjeune désormais à la table des losers. Parmi eux, il y a une nouvelle, excentrique et fascinante: Cassidy Thorpe…

Mon avis:

Je dois dire que ce roman m’as frappé, en bien comme en mal. J’avais lu plusieurs critiques comme ce livre étant positif, mais j’ai lu le résumé, je ne m’attendais pas du tout à ça… Le fait que le personnage principal soit un lycéen sportif et populaire ne l’emballage pas trop (il y allait forcément avoir des histoires de fêtes, de filles et de pom-pom girls…). D’ailleurs, le roman commence par une fête en été. Tout y est: alcool, filles, piscine… Les copains branchés d’Ezra enchaînent sur les blagues débiles et sans intérêt. Il veut partir. Mais l’accident de voiture qui va suivre changea sa vie. Il ne peut plus faire de tennis et s’auto-rejette, convaincu qu’il n’a plus sa place parmis eux. J’ai été touchée par ses pensées, par sa personnalité brisée, et sa tristesse. Quand il rencontre Cassidy, il devient un autre. Il s’aime comme il est. Voilà pourquoi j’ai aimé ce roman: la sensibilité cachée du héros brisé à rendu ce livre réfléchi à mes yeux. Je le conseille à tous ceux qui aiment les livres modernes et bien écrits.

La magnificience des oiseaux de Barry Hughart

magnificience des oiseaux

Tout commence à Kou-fou, un petit village chinois spécialisé dans l’élevage de vers à soie, dans lequel un mal étrange frappe tous les enfants âgés de sept à treize ans, les plongeant dans un profond coma. Un fléau qui sait compter ? Comment est-ce possible ? C’est pour résoudre ce mystère et sauver les enfants que Lou You, surnommé Bœuf Numéro Dix, est chargé par les siens d’aller trouver l’aide d’un sage capable de lever le voile sur cette étonnante affaire.

Mais lorsqu’il se rend à Pékin, le jeune homme ne s’attend pas à trouver son bienfaiteur en la personne d’un vieil alcoolique qui monnaye ses services en échange d’un pichet de vin… Et pourtant, celui que l’on nommait autrefois Maître Li n’a rien d’un ivrogne ordinaire et malgré « un léger défaut de personnalité »,  il fut (et demeure !) l’un des cerveaux les plus brillants de son époque. En dépit de ses quatre-vingt-dix ans bien sonnés, le vieux sage n’a rien perdu de sa clairvoyance et de son redoutable esprit d’analyse… C’est ainsi que débute une longue et périlleuse aventure qui mènera les deux hommes au fin fond de la Chine, sur les traces d’une racine de Ginseng aux pouvoirs extraordinaires…

 

Si le point de départ de l’intrigue peut sembler surprenant, il ne révèle pourtant rien de la fantastique quête imaginée par Barry Hughart ! Il serait donc dommage d’en dévoiler plus ici… Néanmoins, je peux dire que « La magnificence des oiseaux » est un texte difficile à classer, qui tient tout aussi bien du roman d’aventure, que du conte folklorique, du roman initiatique ou encore de l’enquête policière ! Rajoutez à cela une pincée de magie et une grosse dose d’humour et vous obtiendrez un roman enlevé, très rocambolesque, dans lequel des héros hauts en couleurs et extrêmement sympathiques risquent leurs vies à chaque chapitre ! Tout le talent de l’auteur réside justement dans le bon dosage de tous ces éléments et même si le but est de divertir le lecteur, le texte n’en est pas moins intelligent, habile et bien mené et nous fait passer des rires aux frissons pour notre plus grand plaisir. Pas étonnant, avec autant de qualités, qu’il ait été récompensé par le World Fantasy Award ! Bref, une aventure savoureuse et jubilatoire, bien rythmée et difficile à lâcher, que je recommande vivement ! Et si cette plongée dans les légendes et le folklore chinois vous a plu autant qu’à moi, sachez qu’il existe d’ores et déjà deux autres tomes des aventures de Maître Li et de Bœuf Numéro Dix… Avis aux amateurs !

Je tiens à remercier vivement Livraddict et les éditions Folio pour ce partenariat et cette belle découverte !