Titre : Les Chroniques Martiennes
Auteur : Ray Bradbury
Résumé
Les Martiens de l’An 2000 de Bradbury ne sont pas très différents des Terriens. Mais ils sont télépathes… parfois sans le savoir. C’est ainsi que, tandis que la première expédition terrestre s’achemine vers Mars, une femme se met à fredonner un air d’une musique inconnue, et des paroles qu’elle ne comprend pas, « Plaisir d’amour ne dure qu’un moment ». Troublé par cette petite chanson obsédante, jaloux des rêves qui l’accompagnent, son mari accueille la fusée une arme à la main… et c’est la fin de la première expédition terrestre. Qu’advint-il des autres ? C’est avec ces « Chroniques martiennes » que Ray Bradbury donna un ton nouveau à la science-fiction et en devint l’un des maîtres.
Mon commentaire
Touchée par l’annonce de la mort de Ray Bradbury, j’avais très envie de relire ce livre proposé en lecture commune par Stellade, j’ai donc sauté sur l’occasion.
Voici un recueil de Nouvelles assemblées selon une pseudo-chronologie sur le thème de la conquête de la planète Mars par les Terriens (Américains).
Lorsque Ray Bradbury écrit ces nouvelles, dans les années 40, nous n’avions pas encore marché sur la lune et Star Trek n’existait pas encore. En fait, l’auteur fait ici le portrait de la société américaine. Sur Terre ou sur Mars, les façons de penser et les modes de vie sont ridiculement similaires.
Cette vision désuète ne manque pourtant pas de charme, à l’époque où le « vintage » redevient à la mode. Ces historiettes se passent dans notre futur (années 2030 à 2057) mais nous avons l’étrange impression, nous lecteurs du XXIe siècle qu’elles se déroulent dans notre passé. Ce fait est d’autant plus marquant lorsque l’auteur fait référence à l’an 2006, passé pour nous, futur pour lui.
La société humaine n’a retenue aucune leçon de son passé. La conquête de Mars est l’occasion de reproduire les mêmes erreurs comme par exemple la destruction d’une civilisation chargée de richesses et le génocide d’un peuple par la contamination virale, ici la varicelle, mais la rougeole, la coqueluche et la variole dans un autre temps.
Au tout début de la conquête, nous retrouvons la même naïveté et incrédulité des Martiens face aux Terriens, occasions de quiproquos assez amusants.
Le récit frôle presque le fantastique, notamment lorsque les Martiens ayant finalement pris conscience d’un danger imminent organisent une hallucinante mise en scène. Enfant, n’avez-vous jamais imaginé que l’homme et la femme dormants dans la chambre d’à côté puissent être des martiens?…Bon, ok, il n’y a que moi dans cette salle.
Mars n’est qu’un tas de cailloux, pourtant Ray Bradbury décrit une ambiance poétique et nous décrit l’aspect intemporel de Mars. « Il y avait dans l’air comme une odeur de Temps ».
Nous assistons à la rencontre d’un Martien et d’un colon terrien aussi surpris l’un que l’autre. « Où sommes-nous sur l’échelle du Temps, qui vient du passé, qui est le futur de l’autre ? » se demandent-ils.
Puis, Ray Bradbury ajoute de l’oxygène et de l’eau à son décor et fait ensemencer le sol à grande échelle. Ne serait-il pas en train de recréer un jardin d’Eden? Ou serait-ce plutôt la conquête de l’Ouest revisitée?
La migration vers Mars pose tout de même un grave problème à la société américaine lorsque tous les noirs américains décident de fuir la terre. Un vieillard remarque : « m’est avis que tu devras sarcler tes navets toi-même, Sam !… ». Un brin militant, Ray Bradbury ?
Ray Bradbury finit par inventer un nouveau conflit mondial et par imaginer ce que feraient les colons. Et que font-ils, ces colons? Allez, je vous le laisse deviner un peu… Ils repartent.
Si la Terre disparaissait, que deviendraient les colons de Mars? Faudra-t-il voir la Terre exploser pour lui dire enfin adieu ? Visionnaire, Bradbury ?
Une petite trouvaille tout de même, rien qu’un détail mais que j’ai adoré : le gilet anti-gravité à louer. Chers savants de chez nous ne pourriez vous pas inventer ce machin ?
En conclusion:
Ce livre fut une chouette lecture. Malgré son côté désuet, le comble pour un récit futuriste, j’ai vraiment bien apprécié les moments passés en sa compagnie.
Je relirai bien aussi Fahrenheit 451 d’ailleurs !
Cette lecture m’a donné envie d’aller voir la lune de près. La Lune ? Ben oui !
J’ai donc visionné dans la foulée le très bon documentaire «Into the Shadow of the moon », le décevant film « Apollo 13 », et l’excellent “étoffe des héros » , daté de 1984, que je vous conseille chaleureusement. Une autre conquête pour nous rappeler que rien n’est facile et que même la terre se mérite.