Comment sait-on si on a l’âme d’un écrivain ?

Vendredi dernier a eu lieu notre deuxième rencontre du cycle « L’Aventure de l’édition », en partenariat avec le site Les Agents Littéraires et son administrateur, Vincent Beghin. Au mois d’octobre, la discussion avait porté sur le thème « Comment séduire un petit éditeur ? » (lire le compte-rendu).

Cette fois-ci, nous rencontrions deux auteurs membres de Livraddict, Anne Denier (Reveanne) et Eric Descamps (climber_eric), pour une double discussion sur le thème : Comment sait-on qu’on a vraiment l’ « âme » d’un écrivain ?

Thématiques abordées : Depuis quand écrivez-vous ? Quelles sont vos motivations ? D’où vous vient ce besoin ? Comment s’organise-t-on quand on se lance dans un projet d’écriture ? Qu’est-ce qui a fait qu’un jour, vous avez décidé de vous faire éditer ? Est-ce que le pas a été difficile à franchir ? Quels obstacles avez-vous rencontré ? Est-ce difficile de recevoir des avis négatifs sur ce que vous écrivez ? Est-il facile de passer du 1er roman au second ? Quels conseils donneriez-vous à quelqu’un qui a toujours eu envie d’écrire un livre, mais qui n’est jamais arrivé à finir un projet de manuscrit ?

Les questions ont fusé jusqu’à tard dans la soirée, avec chaque fois une double réponse de la part de nos invités. Nous avons ainsi pu constater que les expériences d’écriture étaient très différentes.

A commencer par le chemin qui les a menés à l’écriture : Eric a commencé l’aventure en partageant sur le net de courtes histoires qui ont recueilli de bons échos, tandis qu’Anne a d’abord tenté de créer des bandes-dessinées et puis s’est rendue compte qu’elle était plus douée pour le scénario que pour le dessin. Mais elle parle surtout de « folie » !

Aux aspirants écrivains, nos deux invités ont prodigué leurs conseils nés de l’expérience.  Eric propose à celui qui est coincé devant sa page blanche de commencer par écrire de courtes histoires et de s’efforcer de rester patient.  Anne conseille de trouver son organisation, sa méthode, et également d’être patient.  En ce qui la concerne, elle rédige toujours un synopsis de l’histoire où « tout est soigneusement réfléchi et structuré » avant de commencer l’écriture a proprement parler, tandis qu’Eric, lui, se laisse porter entre une idée de départ et une idée d’arriver. Chacun sa technique !

Anne a impressionné les participants à la discussion en exposant son plan de correction très élaboré en trois phases et plusieurs points. Eric a également toute une armée de correcteurs, auprès desquels il partage le travail : certains s’attaquent à l’aspect scénaristique, d’autres aux coquilles, et d’autres encore à l’impression générale que dégage le roman. Il nous ont aussi avoué tous les deux relire leur texte à haute voix afin de « poser le texte ».  Pour ceux qui cherchent des bêta-lecteurs, outre la famille et les proches, Eric conseille de proposer son texte aux éditeurs pour en obtenir des retours sur les améliorations à faire, et Anne propose quelques services en ligne et sites webs où ce genre de « coup de main » est échangé.

Anne nous a avoué détester la phase de correction : « on ne crée rien et je trouve mon texte parfaitement immonde ».  Ses phases préférées dans l’écriture sont la phase de construction, « quand on laisse le cerveau divaguer », et le moment où elle tient en main le manuscrit fini. Pour Eric, par contre, le plaisir est omniprésent de bout en bout !

Tous les deux nous ont affirmé qu’ils adoraient le tout début de l’écriture, le moment où s’écrit la toute première phrase, qui est même « un moment d’euphorie » pour Anne. Eric commence par énoncer quelque chose à voix haute ou se remémore une petite phrase d’intro d’un auteur pour trouver sa propre inspiration. En ce qui concerne la toute dernière ligne, Eric nous dit qu’il y garde le meilleur, le pan de l’histoire le plus étrange. Anne le vit comme une véritable délivrance après le stress de l’écriture.

Une autre question posée à nos invités concerne directement les blogueurs : comment réagissent-ils aux critiques ?  Eric les prend très sainement, sans que les critiques négatives ne le touchent tandis que les positives le rendent heureux. Anne, qui prend son texte tellement à cœur et n’est jamais satisfaite du résultat final, se prend les critiques « en pleine face », qu’elles soient bonnes ou non.

Nos deux auteurs sont également de grands lecteurs, même si Eric avoue avoir moins de temps pour lire en phase d’écriture. Et tous deux profitent des vacances pour écrire à temps plein, ce que leur vie professionnelle leur interdit le reste de l’année.  Ils nous avouent en chœur que le processus d’écriture ne devient pas plus facile au fil des romans, parce qu’Eric a fortement changé de style entre le premier et le deuxième, et parce qu’Anne devient de plus en plus exigeante envers elle-même.  Tous deux développent les personnages conjointement à l’intrigue car l’un et l’autre sont également importants.

Voici, en résumé, ce que nous ont appris nos deux invités.  L’ensemble de la discussion se trouve sur le forum. Vous pouvez également découvrir leurs œuvres sur Bibliomania. Un grand merci à eux pour avoir pris le temps de répondre à nos questions, et aux participants pour avoir fait vivre cette discussion !

Les livres d’Eric Descamps sont présentés ici :
http://www.livraddict.com/biblio/book.php?id=37620
http://www.livraddict.com/biblio/book.php?id=45284

« Côté Face » d’Anne Denier est disponible ici :
http://coteface.e-monsite.com

La ballade de l’impossible de Haruki Murakami

Résumé

Dans un avion, une chanson ramène Watanabe à ses souvenirs. Son amour de lycée pour Naoko, hantée comme lui par le suicide de leur ami, Kizuki. Puis sa rencontre avec une jeune fille, Midori, qui combat ses démons en affrontant la vie. Hommages aux amours enfuies, le premier roman culte d’Haruki Murakami fait resurgir la violence et la poésie de l’adolescence.

Avis

Ce livre a été lu dans le cadre d’une lecture commune organisée par Nastasia. Il s’agissait du premier livre d’Haruki Murakami que je lisais, mais également du premier livre d’un auteur japonais, et j’ai tout de suite été charmée par le style de l’auteur.

Dans ce roman le personnage central, Watanabe, revit ses années d’étudiant, avec ses premiers amours et les drames qui l’ont touché, notamment le suicide de son meilleur ami.

Il n’y pas beaucoup d’action dans ce roman, l’accent étant mis sur les sentiments et les émotions des différents personnages. Il y a par ailleurs un fort contraste entre la légèreté de l’écriture et les thèmes abordés, qui sont notamment le suicide, la maladie, la dépression mais aussi et surtout l’amour.

J’ai aimé la tranquillité qui caractérise le personnage de Watanabe. Il connaît ses premiers émois amoureux, tiraillé entre Naoko, la petite amie de son meilleur ami décédé, et Midori, rencontrée à l’université, s’interroge sur ses sentiments et se laisse surtout porter par les évènements.

Tous les personnages qui croisent la route de Watanabe sont très atypiques, par leur exubérance, comme Midori dont la vie n’est pourtant pas simple, ou par la profonde nostalgie qui les habite, comme Naoko ou Reiko.

J’ai également beaucoup apprécié les nombreuses références culturelles présentes tout au long de l’histoire, que ce soit en matière littéraire, Watanabe étant un grand amateur de livres, musicale et même culinaire, ce qui permet de découvrir une petite partie de la cuisine japonaise.

Ce premier contact avec Haruki Murakami a été une très bonne expérience et j’ai hâte de découvrir la suite de son œuvre, et notamment Kafka sur le rivage, qui vient de rejoindre ma PAL.

L’idéaliste de John Grisham

Résumé :

Le jeune avocat Rudy Bailor veut savoir si la Great Benefit est véritablement responsable de la mort du fils de Buddy et Dot Black. Cette puissante compagnie d’assurance de Memphis a en effet refusé la prise en charge d’une greffe de moelle épinière qui aurait pu sauver l’enfant de ce couple de vieillards, blancs mais démunis. Ce scandale change Rudy des affaires minables que lui confie d’ordinaire son patron, un raté que la corruption n’effarouche guère. Il découvrira que naître blanc mais pauvre dans une ville du Sud des États-Unis n’est parfois pas plus enviable que d’être noir et marginal.

Mon avis :

Avant de donner mon avis sur ce livre, je tiens à relever un petit bémol du résumé ; je n’ai pas compris de rapport entre la phrase « Il découvrira que naître blanc mais pauvre dans une ville du Sud des États-Unis n’est parfois pas plus enviable que d’être noir et marginal. » et le livre, mais ce n’est peut-être que moi. Excepté ce petit bémol, le résumé présente bien l’histoire, qui est assez intéressante d’ailleurs. Il y a de nombreux éléments qui arrivent au fur et à mesure de l’histoire et  qui maintiennent l’envie de continuer ce roman. Comme dans tous ces romans, Grisham cherche à dénoncer un fait social présent aux Etats-Unis, et dans ce cas il n’est pas difficile de voir qu’il veut dénoncer ces assurances qui sont prêtes à tous pour parvenir à leur fin. Bref, c’est un bon livre, qui se lit facilement, et qui est assez intéressant. Par contre, je ne le conseillerai pas à ceux qui veulent du suspens jusqu’à la dernière page car le verdict est vraiment prévisible ; un juge qui a une dent contre les assurances, des preuves accablantes et indéniables…. Rien qu’en vous disant ça vous devez déjà avoir une idée du verdict. Sinon j’ai été assez déçu par la fin, et par ce que fait notre protagoniste.

Ma note : 7.5/10

L’attentat de Yasmina Khadra

Résumé

Dans un restaurant de Tel Aviv, une jeune femme se fait exploser au milieu de dizaines de clients. À l’hôpital, le docteur Amine, chirurgien israélien d’origine arabe, opère à la chaîne les survivants de l’attentat. Dans la nuit qui suit le carnage, on le rappelle d’urgence pour examiner le corps déchiqueté de la kamikaze. Le sol se dérobe alors sous ses pieds: il s’agit de sa propre femme. Comment admettre l’impossible, comprendre l’inimaginable, découvrir qu’on a partagé, des années durant, la vie et l’intimité d’une personne dont on ignorait l’essentiel? Pour savoir, il faut entrer dans la haine, le sang et le combat désespéré du peuple palestinien…

Avis

J’ai relu ce livre dans le cadre d’une lecture commune organisée par Kactuss avec Flof13, Frankie, jcv, Gentiane, Nuitetoilée, Petit Speculoos,  Stellade.

Je l’avais énormément aimé il y a quelques années et il m’a encore plus bouleversée lors de cette relecture.

Amour, religion, liberté, démocratie : Yasmina Khadra aborde tous ces thèmes avec beaucoup de justesse et de finesse dans L’attentat.

Le personnage principal est Amine, brillant chirurgien d’origine arabe, naturalisé israélien, qui vit un mariage heureux auprès de son épouse, Sihem. Jusqu’au jour où tout son monde s’écroule : sa femme se fait exploser dans un lieu public, entraînant la mort de nombreuses personnes, dont un groupe d’enfants.

Amine est un personnage bouleversant qui va traverser plusieurs phases : le refus de croire que sa femme ait pu commettre un acte aussi odieux, l’horreur de découvrir qu’il ne connaissait pas la femme auprès de laquelle il vivait depuis tant d’années et qu’il chérissait, son désespoir et sa colère face à l’impact de l’attentat sur sa vie et sa carrière.

Pour comprendre la vérité, Amine va plonger au cœur du conflit israélo-palestinien  et va se rendre compte qu’aveuglé par sa fierté d’avoir brillamment réussi sa carrière et de s’être intégré au peuple israélien, il en a oublié son peuple d’origine.

L’auteur traite avec délicatesse un sujet d’actualité. Les différents personnages qu’Amine va rencontrer durant sa quête de la vérité nous éclairent sur ce conflit interminable et tragique. Comme tous les livres de Yasmina Khadra, L’attentat est un livre magnifique qui fait énormément réfléchir.

L’attentat de Yasmina Khadra

Titre : L’attentat
Auteur : Yasmina Khadra
Edition Pocket
Genre : Contemporain

4ème de couverture :

Dans un restaurant de Tel Aviv, une jeune femme se fait exploser au milieu de dizaines de clients. À l’hôpital, le docteur Amine, chirurgien israélien d’origine arabe, opère à la chaîne les survivants de l’attentat. Dans la nuit qui suit le carnage, on le rappelle d’urgence pour examiner le corps déchiqueté de la kamikaze. Le sol se dérobe alors sous ses pieds: il s’agit de sa propre femme. Comment admettre l’impossible, comprendre l’inimaginable, découvrir qu’on a partagé, des années durant, la vie et l’intimité d’une personne dont on ignorait l’essentiel? Pour savoir, il faut entrer dans la haine, le sang et le combat désespéré du peuple palestinien…

Mon avis

Je reste encore sous le charme de l’écriture de Yasmina Khadra.
Une  écriture sensible où s’entrelacent  métaphores et  oxymores.
« Le matin, à l’heure où la nuit retrousse ses ourlets sur les premiers attouchements du jour, je suis debout. »

Ce livre est un véritable hymne à la vie.

Amine, chirurgien arabe de nationalité israélienne entreprend un douloureux itinéraire vers ses origines.
Nous suivons ce personnage très sensible et partageons ses souffrances, ses interrogations puis sa quête de sens. Comme lui nous sommes  ballotés d’une communauté à l’autre.
L’auteur nous emmène sur les chemins de la rédemption.
Tel un voyage initiatique,  Amine refait l’itinéraire de son épouse. D’indices  en indicse, il rencontre des gens croyants, non croyants. Il retrouve sa famille. Face au fatalisme des uns, il découvre le fanatisme, la religion, le combat.
Il croise des individus dont il ne réussit pas à accepter  les valeurs.
Emporté au cœur d’une bataille sans espoir, il entend les mots : martyr, sacrifice,  combat mais ne les comprend pas car il est né pour soigner et non pur détruire.

L’auteur nous  plonge au cœur de ce moyen- orient où la sagesse est portée par les anciens. Le  grand-père juif de Kim tout d’abord qui raconte son histoire : déportation puis émigration vers l’espoir puis le patriarche devant lequel Amine s’agenouille. Ces vieillards portent en eux beaucoup de paix et de sagesse.

Ce qui est  gênant  c’est ce Mur avec un grand « M » qui en rappelle tant d’autres.

J’ai aimé la façon donc Yasmina Khadra raconte l’entrée d’Amine dans l’enfer de la guerre à Janin. Nous  avons les pieds dedans,  la guerre nous colle aux semelles. La ville est  exsangue et mourante.
« La chaussée ravinée conserve encore la morsure des engins chenillés comme un supplicié les traces fraîches de son calvaire. »

La scène la plus émouvante selon moi est la destruction de la maison du patriarche. Tout un symbole. Celle de l’enfance d’Amine. La scène du non retour dans laquelle  Amine se trouve broyé entre ses valeurs et le monde tel qu’il est.

Conclusion :

Je la laisse à Yasmina Khadra
« La vie d’un homme vaut beaucoup plus qu’un sacrifice, aussi suprême soit-il…car la plus noble des Causes sur terre est le droit  à la vie… »
Ma note pour être cohérente : 10/10