Titre : Raison et sentiments
Auteur : Jane Austen
Edition 10/18
Genre : Littérature romanesque anglaise de la fin du XVIIIe siècle
Deux jeunes filles de la bonne société anglaise de la fin du XVIIIe siècle, Elinor et Marianne Dashwood, au décès de leur père, se retrouvent spoliées par leur demi-frère et doivent quitter, avec leur mère et leur jeune sœur, leur maison natale.
Elles trouvent refuge chez un parent éloigné, Sir John, qui leur propose de venir habiter un cottage inoccupé se trouvant sur ses terres.
Sir John leur témoigne tant de sollicitude et d’empressement que Mrs Dashwood et ses filles s’en trouvent d’abord gênées mais ces sentiments sont tellement exprimés avec sincérité qu’ils finissent par les convaincre de leur simplicité.
Alors que Elinor et Marianne semblaient assurées d’un bonheur sincère et véritable, elles se retrouvent toutes deux lâchement abandonnées et terriblement blessées.
Commentaire :
Jane Austen nous présente ici deux façons différentes de vivre et d’affronter des situations affectives.
Alors que Marianne livre des sentiments tant enthousiastes que désapprobateurs ainsi que ses souffrances, Elinor quant à elle conserve ses sentiments cachés et ne montre rien.
J’ai beaucoup apprécié ces deux jeunes filles qui sont des personnes intègres et sincères.
Marianne a une vision romantique et passionnée du monde qui l’entoure.
J’ai apprécié la façon dont l’écrivain relate le désespoir de Marianne. Sa souffrance va la rendre gravement malade. Elle est tellement sensible qu’elle s’évanouie à la place de sa sœur.
Elinor veut maitriser ses sensations absolument en toute circonstance afin de protéger ses proches.
Edward et Willoughby, sont victimes de la société dans laquelle ils vivent.
Edward aime Elinor mais est engagé secrètement depuis quatre ans envers une autre jeune fille, Lucy. Il regrette cette engagement de jeunesse mais ne peut le rompre au risque d’y perdre son honneur. Lorsqu’il informe sa mère, Mrs Ferrars, de son désir d’épouser Lucy, celle-ci le renie, lui refuse la rente sur laquelle il comptait et lui retire son droit d’ainesse au profit de son frère cadet Robert.
Il est perdu dans son monde de désœuvrement et cherche à donner un sens à sa vie. Finalement, son infortune est une chance qui va lui permettre de prendre ses distances et de s’émanciper de l’autoritarisme de sa mère.
Willoughby aime bien vivre, c’est un « flambeur ». Il reconnait avoir de multiples dettes. Malgré tout l’amour qu’il porte à Marianne, il préfère sacrifier son bonheur pour contracter un mariage d’argent et continuer à vivre comme il le souhaite.
Jane Austen aime entourer ses personnages principaux de figures aux caractères exacerbés.
Ces caractères excessifs marquent une opposition très forte entre les personnages charitables et ceux aux caractères détestables.
Mrs Jennings est débordante de bons sentiments au point de faire d’énormes « gaffes » mais personne ne songe à lui en vouloir. Elle est à la source de bien des quiproquos, notamment celui qui lui fait croire que le colonel Brandon va épouser Elinor à partir d’une conversation dont elle n’a pu entendre que des bribes.
Mrs Charlotte Palmer, sa fille, d’un naturel gai, rit de tout et de rien. Son mari la rabroue mais elle ne peut s’empêcher d’en rire. Son caractère exaspère mais c’est une personne tellement chaleureuse et positive qu’elle en devient contagieuse.
Parmi les personnages exécrables, je vous présente les plus marquants.
Lucy Steel utilise ouvertement la flatterie pour arriver à ses fins et obtenir une situation financière et sociale. Son hypocrisie, ou plutôt son excessive naïveté, sont vraiment très risibles. Ses tons d’affectation sont insupportables.
Son manque d’instruction est flagrant par rapport aux convenances.
John Dashwood, demi-frère de Marianne et d’Elinor, et son épouse Fanny :Leur cupidité à tous deux est tellement terrible que l’on fini par en sourire. Tout se monnaye et les relations ne peuvent être que question d’intérêts. J’ai lu avec délectation le passage où ils discutent de la rente qu’ils souhaiteraient offrir à leur famille et finissent par décider que ce n’est pas nécessaire de faire quoi que ce soit. Cette scène est particulièrement digne des Thénardiers.
« Il examina [le colonel Brandon] avec une curiosité qui semblait signifier qu’il attendait seulement de savoir s’il était riche pour lui consacrer les mêmes égards.»
Mon avis :
C’est le second livre de Jane Austen que je lis. J’ai retrouvé ici avec beaucoup de plaisir le procédé littéraire de Jane Austen qui consiste à faire progresser son intrigue au moyen de mini-rebondissements et d’amusants quiproquos jusqu’à la scène finale où tous les personnages se retrouvent pour une sorte d’« happy end ».
J’apprécie beaucoup le style de Jane Austen bien que j’aie lu ce livre dans sa traduction française.
J’ai trouvé dans cet ouvrage un plus grand équilibre entre les bons sentiments et l’égoîsme, la cupidité et la vanité. J’ai moins souffert des bavardages. J’ai trouvé également qu’il y avait plus d’action.
En conclusion : je confirme mon intérêt pour l’écriture de Jane Austen, découverte avec bonheur cette année et je remercie Evy pour avoir organisé cette lecture commune en écho à celle organisée par Bookine le 15 juillet 2011.
Appréciation : 9/10