Titre : La trilogie New Yorkaise : Cité de Verre – Revenants – La chambre dérobée
Auteur : Paul Auster
Edition Livre de Poche
Genre : Contemporain
4ème de couverture chez Poche / Cité de Verre
Un auteur de série noire, Quinn, est éveillé au milieu de la nuit par un coup de téléphone qui ne lui était pas destiné : on demande un détective, un certain Paul Auster… Quinn, qui mène une vie errante, lestée d’un passé problématique, accepte le jeu consistant à être ce Paul Auster. Et le voilà lancé dans une aventure plus extravagante que toutes celles qu’il aurait pu imaginer. A la faveur de cette première faille de l’identité, le roman policier bifurque, et ce sont à la fois Kafka et Hitchcock que l’écrivain de L’Invention de la solitude convoque dans les détours de sa cité de verre…
Mon avis
En règle générale, je n’aime pas trop la littérature contemporaine qui broie du noir; avec cette série, me voilà servie.
L’histoire se passe à New-York. – Ah, facile, c’est LA Cité de verre bien sûr !-.
Quinn a pour mission de surveiller un vieil « illuminé », Stillman, qui pourrait avoir l’idée de se venger de son fils. Il le suit quotidiennement et doit noter chacun de ses déplacements. Bien que ceux-ci paraissent aléatoires, ils sont finalement porteurs d’une signification codée. J’ai beaucoup appréciée cette idée.
Puis, cette surveillance devient tellement obsessionnelle pour Quinn, que pour mieux l’assurer, il quitte son domicile pour s’installer dehors, dans l’allée en face, quasiment dans les poubelles.
L’histoire bascule alors dans l’irrationnel. Quinn choisit le dénuement et perd progressivement son identité. L’ultime étape apparait telle une chute annoncée. Les derniers repères de Quinn disparaissent: plus de commanditaire ni de sujet d’observation, comme si ceux-ci n’avaient jamais existés et qu’ils n’avaient été que la représentation de la folie naissante. La mission devient alors caduque. Mais il est trop tard, plus aucun retour en arrière n’est possible. Une seule solution : la Mort.
Dans ce livre, le lecteur reste dans l’attente d’un évènement qui jamais n’arrive. Le héros est comme pris dans une toile d’araignée et ne peut plus s’en sortir. Pourtant, l’histoire commençait bien en partant d’un superbe suspense à la Hitchcock mais progressivement, insidieusement, la folie s’installe. Le lecteur est précipité dans le sordide et le non-sens à la façon de Kafka.
Ce que j’ai le plus apprécié dans ce récit, c’est la façon dont Quinn tente d’entrer discrètement en communication avec son sujet. Ce sont alors ses derniers hoquets d’humanité.
J’aurai apprécié un petit plan du quartier, c’est mon côté pragmatique qui parle, afin de mieux visualiser le cheminement de Stillman dans ces rues new-yorkaise. Mais finalement, cela n’avait aucune importance, n’est ce pas?
4e de couverture Poche / Revenants
Ce deuxième volet de la Trilogie new-yorkaise met en scène, dans le décor qui était celui de Cité de verre, trois protagonistes nommés Noir, Blanc et Bleu. Deux d’entre eux sont des détectives privés. Mais, tout en nous entraînant dans un suspense qui ne le cède en rien à celui des meilleurs thrillers, le romancier nous donne aussi à sentir la précarité de l’identité, et fait jouer devant nous, dans un crescendo tragique, les plus pervers effets de miroir du destin. Roman policier, roman métaphysique : Paul Auster joue des deux registres avec une maestria qui justifie sa place – au tout premier rang – dans la jeune littérature américaine.
Mon avis
Principe number one, ce n’est pas parce que le livre est court (122 pages, écrit en grosses lettres) qu’il se lit vite.
Si dans le 1er volet, l’histoire ne m’avait que peu enthousiasmée, en commençant cette lecture, je me disais qu’au moins, celui-ci serait vite (dé)passé. Quelle désillusion car l’absence de chapitrage rend la lecture aussi lourde que l’ambiance.
Le protagoniste principal, Bleu, se rend rapidement compte que la surveillance de Noir est suspecte. Ce qui me rend perplexe c’est que Bleu, malgré ça, poursuit sa mission alors qu’il pourrait tout arrêter, jeter l’éponge, reprendre sa vie de détective miteux mais il en est comme prisonnier et ne peut s’en détacher. Encore une toile d’araignée?
Il ne se passe pas grand-chose ici non plus, le lecteur assiste à une expérience qui est d’observer comment Bleu va réussir à se sortir de la situation. Comme Quinn dans le tome 1, Bleu doit noter scrupuleusement ce qu’il se passe dans la chambre d’en face. Physiquement, il reste la plupart du temps immobile car Noir ne fait RIEN, il écrit à sa table. Il sort de temps en temps, certes, mais pour des futilités. Bleu essaie de provoquer des évènements et se déguise. J’ai apprécié les ruses que Bleu déploye pour entrer en relation avec son sujet d’observation.
Bleu m’est apparu comme un rat de laboratoire qui doit trouver une solution pour sortir d’un labyrinthe alors que celui-ci est sans issue. Dans ce cas, une seule fin est possible ici encore:la Mort. J’ai bien aimé l’effet de miroir entre Bleu et Noir au moment de la confrontation finale. Mais, au fait, qui était l’observateur?
4e de couverture Poche / La Chambre dérobée
Fanshawe a disparu, laissant derrière lui, à New York, une femme (Sophie), un fils (Ben) et une série de manuscrits dont il veut que le destin soit confié à la discrétion d’un ancien condisciple (le narrateur). Une immense aventure commence sitôt que les pions sont ainsi disposés sur l’échiquier : le narrateur va conduire l’œuvre de Fanshawe au succès, épouser Sophie, adopter Ben, et… Mais il ne faut pas en dire davantage, la part du mystère n’est pas la moindre chez Paul Auster
Mon avis
J’ai commencé à lire ce 3e volet avec une légère appréhension. Chat échaudé craint l’eau froide.
Le protagoniste principal s’en est apparemment sorti vivant cette fois-ci puisqu’il raconte sa propre histoire au passé.
Le lecteur a de nouveau très vite le sentiment de se trouver au coeur d’une manipulation. Mais ici, la situation est comme inversée par rapport aux autres livres de la trilogie car c’est le sujet de la quête, Fanshawe, qui mène la danse. Dans ce récit, comme le sujet est décentré, c’est lui qui meurt.
Je n’ai finalement pas beaucoup d’avis sur cette histoire.
Pour terminer
J’ai fini par remarquer, car cela ne m’a pas sauté aux yeux au premier abord, que les noms de certains personnages se retrouvaient d’un livre à l’autre sans que ce soient les mêmes personnes. Auster a peut-être voulu signifier là que les noms cités n’ont aucune importance, qu’il faut bien en donner ainsi il attribue des noms de couleurs aux gens dans « Revenants », cela aurait pu être des numéros.
Une sorte de malédiction plane au dessus de chacun de ces ouvrages dont la conclusion passe par deux étapes identiques, la première étape : le dénuement et la seconde : la mort.
Paul Auster aborde le sujet de la marginalité comme une situation choisie (Quinn dans le tome 1, Bleu dans le tome 2 se déguise physiquement en marginal avant de le devenir socialement, dans le tome 3 le marginal est Fanshawe).
Cette série traite également du thème de la quête : il FAUT observer, surveiller, enquêter, trouver des indices, rendre compte. Mais c’est une quête sans fin.
S’il fallait définir un lieu commun à ces 3 titres, je choisirai celui de la chambre.
La chambre est ici présentée comme un lieu d’enfermement et d’aliénation, un lieu d’observation puis un lieu de réclusion volontaire.
Les 3 personnages se sentent victime d’une manipulation. Par un effet miroir, l’observateur-enquêteur devient lui-même sujet d’observation.
A noter la présence dans ces 3 ouvrages de l’écrivain Paul Auster. (t1 : Quinn usurpe l’identité de Paul Auster, t 3: l’enquêteur est Paul Auster chapitre 8 – il fait référence aux 2 livres de la série qu’il a déjà écrits La Cité de verre et Revenants. Dans le tome 2, Auster est à la fois Bleu et Noir – l’observateur et l’observé et visse versa).
Franchement, ce type d’histoires n’est vraiment pas ma tasse de thé. Permettez-moi toutefois d’être relativement surprise de ce que j’ai pu y découvrir en rédigeant ce commentaire.
Ma note globale serait plutôt de 6,5/ 10 mais c’est vraiment une histoire de goût.
Merci à Kactusss de m’avoir embarquée dans cette lecture commune car cette trilogie serait restée longtemps dans ma pal et au pire je n’en aurais pas terminé la lecture. Cette lecture commune m’a contrainte à poursuivre et à ne pas me retrancher dans un terrorisme intellectuel du style : « je n’aime pas, j’abandonne ». Dépasser cela est toujours formateur et très enrichissant malgré tout. Merci encore.