Elève de Bruno Bayen

Les dictionnaires sont des livres d’aventures, des romans noirs, dit le narrateur de ce roman, qui s’attache en quelque sorte à nous démontrer la justesse de cette confidence. Le lecteur est entraîné dans une étourdissante ronde de mots. Pour son plus grand plaisir, il va apprendre ce qu’est le verbe quand il se fait chair.

Je tiens tout d’abord à remercier chaleureusement les éditions Christian Bourgois de m’avoir envoyé ce livre dans le cadre de l’opération « Masse Critique ». Je l’ai lu avec grand plaisir. En effet, ce roman est écrit par une très belle plume. J’ai beaucoup aimé le style de l’auteur, qui, on le sent, est loin d’en être à son premier coup d’essai.

Je me suis rapidement laissée emporter par l’univers du personnage principal, Just, ou Terre à terre, qui nous raconte sa vie d’adulte, ses souvenirs d’enfance, sa famille, son entourage, ses émotions… Le tout dilué dans une expression soignée.

Cependant, le processus de remémoration perd un peu le lecteur car le personnage fait sans arrêt des va-et-vient entre ses différents souvenirs, les différentes périodes de sa vie, au point où il devient difficile parfois de le suivre. De plus, certains passages sont assez inégaux de ce point de vue-là, puisqu’ils peuvent parfois être quelque peu opaques, là où d’autres se lisent de manière très fluide.

Ce n’est pourtant pas si gênant et ce n’est pas ce que j’ai retenu de ma lecture. Je me suis davantage attachée à l’aspect « littéraire » et à la beauté de la langue employée par Bruno Bayen. L’homme de lettres maîtrise parfaitement le langage métalittéraire : il est beaucoup question de dictionnaires, qui accompagnent le personnage principal tout au long de sa vie, de la traduction, profession du père, des grands auteurs classiques antiques tels que Virgile, de l’apprentissage des langues…

Les figures familiales sont omniprésentes : la mère, le père, la cousine, la grand-mère, les frères (qui sont toutefois un peu moins présents)… À tel point que le lecteur devient à son tour un membre de la famille et s’attache tout naturellement à ces personnages qu’il apprend à connaître au fil des pages.

Finalement, j’ai apprécié cette lecture. Elle m’a un peu surprise car je m’attendais à ce que l’aspect métalittéraire et l’étude des lettres soient davantage développés, mais ils ne sont pas non plus totalement laissés de côté. Ils servent simplement de « prétextes » à une narration profondément personnelle, qui a besoin de s’épancher, de raconter la famille, les petits drames banals du quotidien. L’équilibre entre réflexion littéraire et recul sur soi-même livre ainsi de très belles pages qui émouvront à coup sûr le lecteur, aussi nostalgique que le personnage principal d’un passé qu’il n’a malgré tout pas connu lui-même.

Voici un lien sur lequel vous pouvez vous procurer ce roman : http://www.christianbourgois-editeur.co … "

Le garçon de Marcus Malte

Nous sommes en 1908, en France, quand celui que nous appelons le garçon, 14 ans, perd sa mère. La seule personne qu’il connaissait alors qu’ils vivaient tous deux cloîtrés dans une cabane, coupés du monde. Il ne parle pas et il en sera ainsi jusqu’à sa mort. Le garçon entrevoit la vie petit à petit au fil de ses rencontres auprès de fermiers, de Brabek l’ogre des Carpates, d’une femme, Emma (qui lui apprend tout). Il connaît aussi la guerre après laquelle il ne sera plus jamais pareil.

Le garçon accomplit un véritable parcours initiatique durant lequel il découvre l’amour, la poésie, la musique, le plaisir charnel (longuement détaillé !) et s’émerveille tout simplement à chaque fois comme ici pour la musique : « le son, le plaisir. Quand le garçon avait entendu ce chant issu du pavillon il en avait été transporté. Oh ! les vannes qui s’ouvraient, les flots, les vagues qui pénétraient son cœur, la houle qui à la fois le submergeait et le berçait. Tumulte et douceur. C’était la voix de sa mère, le rare et précieux filet de paroles qu’elle laissait soudain s’écouler devant la cabane et dont il s’abreuvait avant que le vent l’emportât vers d’autres sphères. C’étaient les paraboles crépusculaires que Joseph dévidait parfois à la table du souper en manière de bénédicité. Tout cela s’accordait, s’harmonisait, par une mystérieuse alchimie sonore, et le faisait littéralement chavirer. »

Ce récit épique, magnifiquement raconté, nous transporte littéralement hors de l’espace et du temps et nous fait prendre conscience, à travers l’émerveillement, du monde qui nous entoure. Marcus Malte parvient en même temps à y glisser des superstitions, des chimères, des données historiques et des critiques de la société pour compléter ce portrait universel. La plupart des mots qu’il utilise nécessite l’usage d’un dictionnaire, ce qui n’enlève rien au plaisir de lecture, bien au contraire ; il y aurait des bribes de récits entiers à recopier tant la langue est magnifiée. Un vrai ovni littéraire.

Tu comprendras quand tu seras plus grande de Virginie Grimaldi

Tu comprendras quand tu seras plus grande – Virginie Grimaldi

Résumé :

Quand Julia débarque comme psychologue à la maison de retraite Les Tamaris, elle ne croit pas plus au bonheur qu’à la petite souris. Pire, une fois sur place, elle se souvient qu’elle ne déborde pas d’affection pour les personnes âgées. Et dire qu’elle a tout plaqué pour se sauver, dans tous les sens du terme.
Au fil des jours, Julia découvre que les pensionnaires ont bien des choses à lui apprendre. Difficile pourtant d’imaginer qu’on puisse reprendre goût à la vie entre des papys farceurs, des mamies fantaisistes et des collègues au cœur brisé… Et si elle n’avait pas atterri là par hasard ? Et si l’amour se cachait là où on ne l’attend pas ?

J’ai la chance d’avoir une belle-mère qui aime beaucoup lire et qui a régulièrement de nouveaux livres à me prêter. Mais quand elle m’a fait passer ce livre j’ai de suite penser que celui ci n’allait surement pas me plaire. Il est vrai que je n’ai pas l’habitude de lire ce genre de livre et de plus j’étais dans ma période Thriller…

Mais comme je suis une curieuse l’envie de découvrir un nouvel auteur fut plus forte, et puis on était en été et je me suis dis qu’un livre un peu « léger » ferait du bien pour contrer ces journées de chaleur intense.

Alors un aprem sur mon transat, les jambes à l’air comme sur la couverture, je me suis mis à la découverte de ce roman.

A mon étonnement je suis vite entrée dans l’histoire. Julia est très attachante et j’ai énormément apprécier l’écriture de cette auteure.

Alors qu’on s’attend à entendre parler de chose triste et peut être sens grand intérêt on se retrouve à lire des moments de vie décrits avec un humour décapant et une certaine joie de vivre.

Ce livre fut pour moi une très agréable surprise, je ne m’attendais vraiment pas à éprouver ce sentiment de bonheur en le lisant.

Mais quel dilemme… Je n’arrivais pas à m’arrêter de lire chapitre après chapitre avec l’envie de toujours connaître la suite et en même temps je ne voulais pas arriver trop vite à la fin du livre tellement il me faisait du bien…

Alors oui en lisant ce livre j’ai ri, j’ai pleuré aussi mais je pense qu’il nous fait aussi beaucoup relativiser sur notre quotidien et que l’on apprend à apprécier tous les petits bonheurs que nous offre la vie…

Ce livre est une véritable ode au bonheur que je n’arrête pas de conseiller à qui veut lire !!!

L’auteure va sortir son prochain roman au mois de mai, et je sais que je serais dans les startingblock pour aller me l’offrir !!!

Ahriman de Gwenn Aël

Ahriman, de Gwenn Aël
Éd. Lune écarlate, 2017 (e-book)

Synopsis :

Alors que Toulouse sombre dans un déferlement d’intempéries inexplicables, le lieutenant Éliot Bénin est confronté à la plus sordide affaire de sa carrière. Des meurtriers aussi déterminés que sanguinaires s’inspirent des méthodes de l’Inquisition et de la mise à mort du Christ pour assassiner des hommes. Bénin ressent immédiatement le caractère hors norme de cette enquête qui le mènera, deux millénaires en arrière, au jour lointain où tout a réellement commencé : en l’an 33 après J-C…

Mon avis :

Âmes sensibles, passez votre chemin ! Si vous ne supportez pas plus l’évocation que la vue du sang, ce livre n’est pas fait pour vous. Dès le début ou presque, on est plongé dans l’ambiance, et c’est plutôt gore… Ça m’a rappelé avec bonheur quelques romans d’horreur que j’ai aimés, il y avait longtemps que je n’en avais pas lu et celui-ci mériterait bien d’être classé dans le genre.

Ce thriller fantastico-religieux plonge dans les racines du christianisme et les mythes sataniques, en mélangeant Histoire et légendes avec une pincée de sorcellerie. Le tour de force de l’auteure est d’instiller le doute en inscrivant toutes les manifestations surnaturelles dans le cadre normalement très cartésien d’une enquête policière : va-t-on déboucher sur une explication rationnelle, ou est-ce vraiment un récit fantastique dans lequel la magie a sa place ?

Les chapitres alternent le point de vue de l’enquêteur avec celui d’autres protagonistes, plus ou moins anonymes, et au fil des pages on se demande jusqu’où l’histoire va nous mener, côté « normal » ou surnaturel, jusqu’à un dénouement aussi tordu que le reste de l’intrigue !

C’est un roman qui se lit d’une traite ou presque, parce qu’on a hâte de savoir quel sera le prochain rebondissement, et parce que l’écriture est des plus agréables, avec un style dynamique et entraînant.

On pourrait s’interroger sur l’utilité des détails les plus sanglants ou des intempéries les plus invraisemblables, mais en fait tout concourt à l’ambiance générale « sur le fil » du récit, où les notions de Bien et de Mal s’enchevêtrent de plus en plus inextricablement. Impossible de cataloguer les personnages en « bons » et « méchants » de manière catégorique : à une ou deux exceptions près tous les « gentils » ont leur part d’ombre et tous les « mauvais » ont leurs bons côtés, d’une certaine manière.

J’ai beaucoup aimé cette écriture dans laquelle les pièces du puzzle se mettent progressivement en place, même si j’ai trouvé que l’apothéose finale menée tambour battant était presque trop rapide – les bourrasques de la tempête qui s’abattait sur Toulouse semblaient imprégner jusqu’au rythme du récit !

Merci beaucoup à Livraddict et aux éditions Lune écarlate pour cette très belle découverte, et bravo à Gwenn Aël pour cette petite pépite !

Links de Natsuki Kizu

8 hommes, 4 couples… certains se connaissent depuis plusieurs années, d’autres depuis seulement quelques jours. Chacun à son histoire, mais tous se retrouvent dans le fait qu’une simple rencontre a bouleversé le cours de leur existence. Links est l’histoire de ces 4 couples réunis par le destin. Une destinée qui leur a accordé la possibilité de vivre une histoire qu’ils n’auraient pu imaginer avant et (re)trouver, peut-être, un sentiment qui reste unique à chacun.

– Sekiya X Shibata
Sekiya, un animateur radio souffrant d’un trouble de la personnalité évident, ne cesse d’être courtisé par Shibata, un homme adorable, mais ne parvient pas à exprimer la tristesse qui le hante.
– Yahiko X Akiha X Un certain homme
Depuis la mort de son ancien amant, Akiha, le patron d’un café, n’arrive plus à se lancer pleinement dans une relation. C’est toujours le cas avec Yahiko qui l’aime pourtant envers et contre tout.
– Kameda X Ogikawa
Kameda et Ogikawa ont sympathisé grâce à un chat abandonné. Prenant soin de ce dernier, ils passent des jours paisibles a priori sans ambiguïté aucune.
– Sado X Nakajô

Même s’ils n’arrêtent pas de se disputer, Nakajô et Sado passent pour un couple. Seulement, comme Nakajô sait qu’il ne pourra jamais vraiment conquérir Sado, il se résigne et reste près de ce dernier tout en essayant de le détester.

Je tiens tout d’abord à remercier les éditions Taïfu Comics de m’avoir envoyé ce livre, que j’ai dévoré. J’ai effectivement bien aimé la forme particulière de ce yaoi, dans lequel les histoires de quatre couples s’entremêlent. Outre les sentiments qui naissent au fil des rencontres individuelles, certains personnages se connaissent déjà entre eux : collègues, frères, amis…

C’est cette richesse au niveau du nombre de personnages que j’ai bien aimé dans l’ouvrage car elle permet de développer certains aspects des romances, qui n’auraient pas évolué de la même manière sans cela. Par exemple, l’un des personnages discute avec son père des sentiments confus qu’il ressent pour un autre jeune homme, tandis qu’un autre se désole auprès de son ami du fait que ses sentiments ne sont pas réciproques. Fort heureusement, ces connexions ne sont pas tirées par les cheveux et sont tout à fait vraisemblables. C’est par ailleurs grâce à cela que l’on prend réellement conscience du talent de l’auteure.

Avant d’ouvrir ce livre, j’avais également peur que le fait d’entrelacer plusieurs histoires implique que les intrigues ne soient traitées qu’à la « surface » et que les personnages ne soient pas décrits en profondeur. Mais je me suis trompée, pour mon plus grand bonheur. La psychologie des personnages a bien été creusée et elle laisse même beaucoup de place à l’imaginaire du lecteur grâce aux non-dits et aux jeux de séduction à la « Fuis-moi, je te suis, suis-moi, je te fuis » et « Je t’aime, moi non plus », qui sont très présents dans l’œuvre.

Dans le même ordre d’idée, j’ai par exemple beaucoup aimé le couple Sado X Nakajô et leur relation haine/amour. J’ai trouvé que c’était l’histoire la plus intéressante parmi les quatre histoires développées tout au long du yaoi, même si les autres sont toutes bien abordées, chacune à leur manière.

En définitive, j’ai trouvé la lecture de Links très agréable et je la recommande sans hésiter. J’ai été aussi bien séduite par l’histoire en elle-même, que par les personnages et par les graphismes. Les dessins de certaines pages sont vraiment très beaux, au point où je les imaginerais bien en posters.

Voici un lien sur lequel vous pourrez trouver ce manga : http://www.taifu-comics.com/Serie-243-Links"