Ahmed Taroudant, jeune marginal, ne lit que des polars. Quand il trouve sa voisine pendue à son balcon, un rôti de porc à ses côtés, il sort de sa léthargie. Est-ce le meurtre symbolique d’un fou de Dieu? Avec Rachel Kupferstein et Jean Hamelot, flics cinéphiles et torturés, Ahmed enquête au coeur d’un 19e arrondissement cosmopolite où ripoux, caids et fondamentalistes se livrent une guerre sans pitié.
Mon avis
L’intrigue, un meurtre évoquant au premier abord des motifs religieux, n’est certes pas des plus originales mais plutôt délicate à traiter de nos jours sans faire polémique. Un pari réussi puisque ce fut une très bonne lecture!
Le style du récit est assez déroutant. On y trouve beaucoup de phrases sans verbe et de nombreuses descriptions qui n’apportent pas grand-chose à l’enquête mais donnent un certain charme au roman. Aussi, j’ai eu la sensation étrange, mais non moins intéressante, d’être à la fois dans la peau des personnages et à la fois à l’extérieur. De plus, l’auteur a semé dans le roman quelques références aux grands noms du polar, tels que Ellroy ou McCoy, pour le bonheur des lecteurs.
La scène se déroule tout d’abord en plein Paris, multiculturel et plurireligieux. Certains chapitres se passant à New York entrecoupent le récit, au début sans véritable rapport avec l’enquête parisienne puis, petit à petit les liens se tissent et tout s’éclaire.
Les personnages nous offrent une très grande mixité. Ahmed, l’Arabe dépressif, coupable idéal, sort de sa prostration après le meurtre de sa voisine. Rachel, issue d’une famille juive, et Jean d’une famille bretonne communiste, sont deux flics cinéphiles qui semblent avoir atterri dans la police un peu par hasard. S’ajoutent à ce tableau les flics ripoux, le coiffeur magouilleur, le brocanteur pervers, l’immam manipulateur, les Témoins de Jéhovah New-Yorkais… De quoi tomber dans nombre de clichés que l’auteur évite avec succès.
Au début, je me suis sentie mal à l’aise face à la thématique du fanatisme religieux et je me suis demandé si l’auteur la traiterait de façon directe ou politiquement correcte. Fort heureusement, Karim Miské n’y va pas par quatre chemins sans pour autant manquer de respect aux différentes cultures. Il m’a fallu un petit moment d’adaptation pour ce qui est du style mais finalement, les pages se sont tournées toutes seules. De plus, je me suis attachée à Ahmed et j’étais impatiente de connaître le fin mot de l’histoire. Je recommande vivement ce roman aux amateurs de romans policiers légèrement décalés.