La Traque de Muriel et Patrick Spens

Résumé :

En plein Paris occupé par les nazis, un officier SS, Walter Von Seelendorff, est assassiné. L’arme retrouvée un peu plus loin indique un meurtre commis par des résistants communistes Russes, mais tout cela est trop simple pour l’officier Fontenoy ami de la victime, selon une de ces connaissances les armes manquent trop en France et en Russie pour être abandonnées sur les lieux d’un crime. Fausse piste ? Mais alors serait-il possible que le meurtre ai été commandité par les nazis eux même ? Pourquoi alors éliminer l’un des leur ? Fontenoy remonte dans le passé de son ami et découvre grâce à des indices laissés par la victime son voyage au Mexique et la raison de son voyage là-bas Puis pourquoi le gouvernement de l’Allemagne Nazie s’intéresse tant au romancier et anarchiste Larsen exilé au Mexique ?

Mon avis :

Même si la couverture n’est pas des plus attrayante, l’entrée du roman reste pour le moins agréable. J’adore quand un livre commence par de courtes citations d’auteur, dans ce cas précis page 14 et page 162 on y trouve des citations d’un auteur allemand Erich Mühsam, plutôt agréable.

Le livre, un thriller de 363 pages, est original par son sujet. L’enquête sur l’assassinat d’un officier SS reste assez peu répandue dans les romans et la construction du roman change du schéma typiquement habituel du thriller ou du polar, c’est à dire meurtre, enquête et récolte d’indices puis arrestation du meurtrier. Dans ce bouquin c’est plutôt l’inverse, meurtre, petite enquête et quelques indices puis assassinat du meurtrier et une fois tout cela achevé on rentre enfin dans le vif du sujet par la question restée en suspens. Pourquoi a-t-on assassiné cet officier SS ? C’est un peu à l’envers mais pas du tout dérangeant et ça en ferait un livre agréable à lire s’il n’y avait pas tout ces rapports policiers allemands qui cassent l’ambiance du livre dans toute la première partie. Je les ai trouvés longs, fastidieux et pas toujours utiles. Pour moi ils égarent un peu le lecteur et le découragent à la lecture, surtout qu’ils arrivent souvent quand le livre, enfin le chapitre précédent devient vraiment intéressant. Puis je ne comprends pas pourquoi dans les premiers rapports de police le personnage de Bret Hamrut soit l’écrivain B.Larsen n’est nommé que par ses initiales B. H. alors que page 75 son nom est écrit en toutes lettres apparemment sans raison, pour moi ce mystère autour de ce personnage n’est pas utile.

Néanmoins les auteurs ont su composer en la personne de Fontenoy, policier dans le Paris occupé, un personnage sympathique. On sent, même s’il travaille pour les nazis, qu’il n’est pas mauvais, que c’est un homme d’honneur qui possède encore en lui des valeurs humaines dans cette période noire de l’histoire. Puisque avant d’enquêter sur le meurtre d’un officier SS, il enquête avant tout sur le meurtre d’un ami, d’un frère d’arme. Fontenoy est un homme de confiance il va jusqu’à risquer sa vie, pour comprendre la mort de son ami, dommage qu’il ait une fin si stupide…

En résumé ce livre reste pour moi mitigé, le suspense est bien entretenu, l’écriture reste assez simple, mais le livre part un peu dans tous les sens et il y a parfois trop de descriptions ou de détails inutiles. Puis le roman m’a quand même laissé sur ma faim.

Mais je ne peux finir cette critique sans évoquer un passage que j’ai adoré page 253 : « Qu’ai-je à faire de l’or ? La terre est bénie, elle porte bonheur, les fruits de même, mon troupeau aussi. L’or ne porte pas bonheur et l’argent non plus. Est-ce qu’ils vous portent bonheur, à vous les Espagnoles ?… Vous vous tuez pour l’or, vous vous haïssez pour l’or. Vous gâter votre vie pour l’or. »

Un grand Merci à Livraddict et aux éditions Le cherche midi.

« J’ai voulu porter l’étoile jaune » de Françoise Siefridt

Critique de « J’ai voulu porter l’étoile jaune » Journal de Françoise Siefridt, chrétienne et résistante.
Aux éditions Robert Laffont.

« J’ai voulu porter l’étoile jaune » se divise en trois parties : Une préface de Jacques Duquesne, le journal à proprement parler qu’a tenu Françoise Siefridt durant sa détention, et un postface de Cédric Gruat.

J’ai été surprise par la longueur de la préface, par rapport au journal lui même. Toutefois, elle s’avère nécessaire et fortement utile au lecteur. car, en effet, si chacun connait les conditions générales de l’occupation allemande en France, et les grandes lignes de l’histoire de la résistance, certains passages de l’histoire méritent une mise en lumière.

La préface fait une place d’honneur au catholicisme et son action durant l’occupation. Personnellement, j’ai appris nombre de choses, car on ne fait que très peu allusion à l’Eglise lorsqu’on parle de résistance, hors, la place de l’Eglise à cette époque était plus que prédominant. Malgré tout, cette présentation traine un peu en longueur, et la (très) longue liste de noms d’ecclésiastiques cités, ainsi que leurs actions, devient pesante. On se perd dans les noms, les faits, et j’ai fini par me demander « quand commence réellement le journal de Françoise Siefridt? ».

Au final, la préface est très intéressante, mais traine en longueur ce qui est fort dommage.

Le journal en lui même est d’une spontanéité incroyable. Contrairement à tout ce que j’ai pu lire en rapport à l’occupation, la résistance et les déportements, la pudeur et la douceur que la jeune femme pose dans ses descriptions et sentiments sont incroyablement touchantes sans tomber dans le mélodramatique.

Son optimisme apporte une vision que je n’avais jamais lue dans aucun récit autobiographique. Je craignais un peu, après la préface, de voir beaucoup de religion et de dévouement à Dieu dans son ressenti, mais il n’en est rien.

De mon point de vue, c’est un témoignage nouveau de cette période, qui mérite toute notre attention!

Quant au postface, classé en quelques très courts chapitres thématiques (quelques pages seulement pour chaque thème), il clôt parfaitement ce livre et apporte les précisions finales à la situation de ces « résistants à l’étoile ». Ce pan de la résistance n’a pas été le plus connu ni reconnu, mais, comme le dit Cédric Gruat, « s’il ne s’attaqua pas directement au pouvoir même de l’occupant ni ne le fit reculer, en revanche, ce geste peut être entendu comme l’affirmation visible et publique de valeurs positives et fondamentales d’humanité et de respect d’autrui ».

Cette conclusion de la postface décrit parfaitement mon sentiment. Chaque geste de la résistance à été important et essentiel. Et il était temps de se pencher sur le cas de ces résistants à l’étoile.

Je remercie les éditions Robert Laffont de m’avoir permis de découvrir cet ouvrage particulièrement intéressant et ce témoignage incroyablement touchant.

Percy Jackson, tome 1 : Le voleur de foudre de Rick Riordan

Résumé :
Etre un demi-dieu, ça peut être mortel…
Percy Jackson n’est pas un lycéen comme les autres. Sa prof d’histoire est en fait un monstre mythologique ! Et les dieux du mont Olympe entrent dans sa vie, ici et maintenant, en plein New York. Ils l’accusent d’avoir volé l’éclair de Zeus. Dans cette succession de catastrophes, une seule bonne nouvelle : Percy se découvre peu à peu des pouvoirs extraordinaires…

Mon avis :
Novice dans l’art des chroniques, balbutiante au sein d’un tout jeune blog, nouvelle chez Livraddict, c’est mon premier partenariat. Et voilà, je démarre ce livre et dès la première ligne  j’apprends que Percy Jackson est un sang-mêlé!  Zut me dis-je, encore une histoire qui se rapproche de Harry Potter! Et j’ai tellement aimé les aventures du petit sorcier aux lunettes rondes que j’ai été déçue à chaque fois en lisant des histoires similaires (Tara Duncan par exemple…)
Mais je suis très vite rassurée, on n’évolue pas du tout dans le même monde, ces sang-mêlés sont des demi-dieux. Et nous voilà plongé dans la mythologie grecque, car les dieux existent encore! Vous ne le croyez pas? Et bien lisez donc Percy Jackson, vous verrez qu’ils régissent encore toute notre vie à nous autres humains. Ils se chamaillent, se tirent dans les pattes et menacent même de déclencher la prochaine guerre mondiale si Percy ne réussit pas à mener bien la quête qui lui tombe sur les épaules.

En suivant les aventures de Percy Jackson on réapprend l’histoire et le rôle de chaque dieu et déesse de la mythologie, toujours avec humour et légèreté. Par exemple, le passage du Styx pour accéder au pays des morts, avec Charon le passeur. Sauf que là, on se trouve face à un Charon limite mafieux, qui réclame bien plus qu’une pièce pour la traversée. La « salle d’attente » déborde car c’est priorité à ceux qui peuvent payer plus cher que les autres: les costumes italiens dont il est friand coûtent si chers aujourd’hui! Quant au Styx, on apprend que c’est une rivière très polluée car elle charrie depuis des milliers d’années ce que les humains apportent avec eux: leurs espoirs, leurs rêves et leurs souhaits jamais réalisés. Il n’existe pas de station d’épuration pour ce genre de déchets…

J’ai bien aimé cette lecture, qui reste néanmoins un récit pour ado, niveau collège je pense. Je ne serai pas de ceux qui attendent la suite avec frénésie . En revanche s’il plait à mes fils (16 et 14 ans) ce sera avec plaisir que je leur achèterai les deux tomes suivants…et je me connais, j’y mettrai sûrement mon nez moi aussi !

Je rajouterai comme point positif, l’objet livre en lui-même. C’est la première fois que j’ai entre les mains un poche jeunesse, non, un livre tout court, qui tient tout seul ouvert sur une table! Cela paraît bête à première vue, mais je vous promets que c’est très confortable et j’ai bien apprécié ce détail!

Un grand merci à Livraddict et les Editions Livre de poche jeunesse qui m’ont permis de découvrir Rick Riordan et faire une sympathique révision de la mythologie.

Challenge « Découvrons Douglas Kennedy »

La première lecture de ce challenge concernait un ouvrage peu connu de Kennedy, Les désarrois de Ned Allen (1998, traduit en 1999 en français).

Le héros éponyme se trouve propulsé d’une situation très enviable de commercial new-yorkais, au train de vie plus que confortable, à celle de chômeur, mis au ban de sa profession (il a frappé son employeur) et abandonné par sa femme. Grâce à une vieille connaissance, il parvient néanmoins à sortir la tête de l’eau, mais c’est pour mieux se jeter dans les ennuis.

Ce premier roman m’a laissée perplexe car il manque d’unité, pour l’intrigue et a fortiori pour le style. La dernière partie du récit ne manque pas de rappeler les œuvres de Grisham, en particulier La Firme, qui a été adapté pour le cinéma. C’est une impression de littérature de gare qui dominait au sortir de cette lecture. C’est pourquoi je me suis lancée dans une seconde lecture du même auteur, plus consensuelle et surtout beaucoup plus relayée par les médias, La femme du Ve.

Le héros, Harry Ricks, paraît dans un premier temps moins antipathique que Ned Allen et le décor parisien ne manque pas de charme, en particulier lorsqu’il est familier. Cependant, on a le sentiment que Kennedy s’est empêtré dans son intrigue et qu’il lui a fallu trouver une porte de sortie à tout prix, au point que l’intervention du surnaturel arrive un peu comme un cheveu sur la soupe. L’intrigue est bien ancrée dans une réalité peinte avec beaucoup de précision, et d’un seul coup tout bascule. Cela manque encore, me semble-t-il, de cohérence.

De ces deux lectures, plusieurs éléments ressortent. On peut tout d’abord reconnaître à Douglas Kennedy la qualité de savoir dépeindre à merveille des personnages englués dans les ennuis. C’est là que son style s’exprime le mieux, devient plus clair. Dans les deux romans, ce sont les passages où Ned Allen et Harry Ricks sont dans une panade incommensurable qui sont les plus délectables. L’auteur réussit à les rendre sympathiques, même s’il est parfois tentant de les secouer quand ils se morfondent. A l’inverse, quand l’auteur se lance dans la description de milieux aisés, new-yorkais ou parisiens, son style devient lourd, ampoulé, et le lecteur s’ennuie.

Enfin, ce qui m’a le plus gênée, c’est le manque de cohérence des romans. Ils semblent composés d’idées éparses, mises bout à bout, avec une logique parfois branlante, un peu comme un patchwork. Les intrigues paraissent constituées de textes écrits presque indépendamment, et assemblées pour former un roman. Pour faire le liant, rien de tel que des personnages tombés du ciel, qui jouent alternativement le rôle de sauveurs ou de bourreaux.

Je doute par conséquent de replonger de sitôt dans les œuvres de Douglas Kennedy, qui permettent de passer le temps, mais sans grand plaisir. De la littérature de gare, ou de plage.

Héritage sanglant d’Odile Barski

En guise de préambule, je tiens à remercier Livraddict et les éditions du Masque qui ont permis la lecture de ce roman d’un genre et d’un style surprenants.

Aux côtés d’Ariane Messidor, lieutenant de police aux méthodes peu orthodoxes, le lecteur se trouve embarqué pour une mission de prime abord sans grand intérêt (une décharge de pneus qui pose problème au voisinage comme au propriétaire du terrain).

Héritage sanglant, c’est la rencontre de plusieurs enquêtes de police (la décharge de pneus, l’expulsion impossible des pensionnaires d’une maison de retraite et les visites nocturnes dont est l’objet la propriété d’un défunt maestro). La curiosité d’Ariane Messidor lui fait découvrir, comme on tire le fil d’une pelote emmêlée, que ces trois affaires sont liées. Les péripéties de l’enquête policière sont convenablement construites, sans toutefois que le lecteur soit vraiment surpris. L’intervention de jeunes neo-nazis au crâne rasé est un ressort connu, mais utilisé ici sans les maladresses et poncifs habituels. Quant à l’héritage, si son intérêt ne se manifeste qu’en fin de roman, c’est symboliquement qu’il guide le récit.

Car la richesse d’Héritage sanglant se tient dans la galerie de personnages, souvent décalés et tous lestés d’une de ces blessures de la vie dont on ne guérit pas. Les protagonistes, principaux comme secondaires, font tous preuve d’un grand cynisme. Ils portent un regard lucide et sans concession sur les réalités de la société contemporaine. Ce sont d’abord les deux héroïnes, Ariane et Colombe – celle par qui se rejoignent toutes les enquêtes – qui partagent une même souffrance, héritée d’une enfance malmenée par la figure maternelle. Et puis, il y a Amade, à la fois gardienne et comptable de la décharge, qui ponctue ses phrases de citations de Saint-Augustin. Et Marquez, le peintre sans public, qui voit dans Ariane son lien ténu avec le monde. Corsin, éternel adolescent amoureux, qui refuse la réalité pour vivre dans les souvenirs. Claudine d’Archangelo, produit d’un Lebensborn nazi, qui ne vit que pour la mémoire de son maestro d’époux. Au-delà de la résolution des enquêtes, c’est l’évolution de ces personnages troublants que suit le lecteur.

Cependant, la lecture du roman est rendue parfois douloureuse par le style adopté. La part belle est faite aux phrases courtes, très courtes, souvent nominales. Cette écriture lapidaire nuit à la compréhension du texte, qui manque de liant, et parfois de logique. On est obligé de relire pour être bien sûr d’avoir saisi le sens d’un paragraphe, d’un chapitre. Quand bien même, il arrive que le doute demeure. Et l’on s’accroche aux personnages pour ne pas perdre le fil.