Cet Homme-là, Eve de Castro

“Elle a joué tapis sans même l’avoir embrassé. Toute sa vie sur la table et elle ne connaissait alors de cet homme que deux grandes mains, une chaleur, une voix.”
Il vient du bout du monde, il n’a pas de diplôme, pas d’argent, pas d’attaches.
Elle est le fruit d’une éducation d’un autre âge, elle a une famille parfaite, un métier exigeant, un carcan de certitudes.
Il s’oublie dans le corps des femmes.
Elle se fuit dans les mots.
Depuis l’enfance, ils se cherchent.

Ils s’accrochent l’un à l’autre.
Ensemble, ils tombent au fond du puits.

Bonjour tout le monde !
Je m’appelle Lilith et j’ai l’honneur d’être publiée pour la première fois sur le blog de Livraddict pour vous livrer mon avis sur Cet homme-là d’Eve de Castro que j’ai eu la chance de lire en partenariat avec les Editions Robert Laffont ! Vous pouvez également trouver cette critique sur mon blog !

Ce qui m’a attirée vers ce livre, c’est sa couverture. Je sais qu’on ne juge pas un livre à sa couverture – et dans le cas de Cet homme-là, c’est dommage – mais en la découvrant la première fois, j’ai imaginé un roman débordant de passion et d’emportements. Lorsque j’ai enfin reçu le livre, j’ai trouvé que c’était un très bel objet et sa double narration m’a plu. Je l’ai commencé sur le champ.

Cet homme-là d’Eve de Castro est divisé en deux parties : Enfances et Spirale.
La première partie raconte, comme de juste, alternativement l’enfance de Roméo – pauvre mauricien – et de Marie – fille de sangs bleus l’éduquant selon des principes aussi rigides que désuets – vivants chacun dans leur bout du monde respectif. La seconde partie, Spirale, décrit, toujours selon le principe de la narration alternée (une fois Marie, une fois Roméo), leur « vie commune ». Comment Marie abandonne sa vie pour être avec Roméo et comment Roméo tente de trouver sa place dans le monde formaté de Marie. Cette partie raconte leur chute « au fond du puits ».

Mon avis sur ce livre est mitigé pour plusieurs raisons :

Premièrement, la partie enfance est assez ennuyeuse, on ne sait pas combien de temps se passe entre chaque chapitre et on imagine toujours une Marie de huit ans alors qu’elle en a seize. Roméo, de son côté, « raconte » les choses au présent, comme il parlait à l’époque, n’ayant aucune connaissance du passé. C’est assez troublant et cela donne l’impression qu’il ne grandit pas et a toujours dix ans.

Deuxièmement, c’est une sorte de narration indirecte puisqu’on a l’impression de se trouver dans la tête des personnages mais que le récit est à la troisième personne. C’est étrange mais pas fondamentalement dérangeant, en réalité.

Troisièmement, si la narration alternée est une idée fantastique pour ce genre de roman, il n’en reste pas moins qu’une distance importante est établie avec le lecteur du fait du type de narration. Tout est raconté comme si cela s’était passé il y a fort longtemps mais en même temps, à cause de cette double narration, on a l’impression que les choses sont racontées au fur et à mesure. C’est une dissonance, un paradoxe assez désagréable.

Enfin, c’est un récit qui emmène ses protagonistes au fond d’un trou, qui les déchire et les laisse pantelants parce qu’il est fait de non-dits. Si les personnages s’étaient parlé vraiment, l’histoire n’aurait pas eu lieu de cette façon. Dans le genre, j’avais largement préféré Autant en emporte le vent. Cependant, c’est l’histoire qu’a voulu raconter Eve de Castro et si je n’y ai pas été très sensible (sans doute parce que je crois dur comme fer que ce genre de relations, où rien ne relie les êtres que le sexe et un amour que rien n’explique, où les personnages n’ont rien en commun est voué à l’échec. Il faut pour moi un minimum de centres d’intérêts communs, sinon, rien ne fonctionne parce qu’on n’a rien à se dire.), j’ai apprécié son style, ses mots bien choisis, ses personnages à la fois caricaturaux et originaux (oui, je sais, c’est incompréhensible, donc lisez le livre si ça vous intrigue !) m’auraient plu si je m’étais sentie assez proche d’eux pour m’identifier à eux (mais c’est là que la narration intervient…).

J’ai beaucoup aimé l’idée de la double narration et de la double partie, tout est double dans ce livre et c’est ça qui est bon, puisqu’il s’agit avant tout de l’histoire de deux personnes. J’ai apprécié les essais qu’Eve de Castro a fait sur la narration (même s’ils m’ont empêchée d’apprécier), c’était très original (oui, je sais, je suis paradoxale).

Enfin, je voulais glisser un mot sur une chose que j’ai trouvé étrange, dans ce livre. Peut-être est-ce fait exprès mais je voulais le souligner : Eve de Castro a choisi d’appeler son héroïne Marie del Prato et d’en faire un auteur qui écrit son histoire avec Roméo. De plus, le livre est dédié au « petit garçon sous la veranda », qui est le plus cher souvenir de Roméo dans l’histoire. L’entremêlement de l’histoire et de la réalité est troublant. Est-ce du vécu ou bien c’est ce qu’elle essaie de nous faire croire ?

En résumé, l’histoire ne m’a pas touchée parce que je n’aime pas ce genre d’histoire. J’ai apprécié le style d’Eve de Castro et si la narration choisie m’a éloignée de l’histoire encore plus, je ne regrette pas d’avoir découvert cet auteur et je tenterai peut-être de lire d’autres de ses livres !

Merci beaucoup aux éditions Robert Laffont de m’avoir permis de découvrir cet auteur et ce livre !

La traque de Muriel et Patrick Spens

Avant de se plonger dans la Traque, je tiens à remercier les éditions du Cherche-Midi qui ont permis cette lecture en partenariat.

Un jeune officier SS, proche de Rudolf Hess, est assassiné à Paris pendant l’été 1942. L’enquête est confiée à Roger Fontenoy, inspecteur de police, mais surtout ancien camarade de combat du soldat allemand au cœur de la guerre d’Espagne. Loin d’accepter l’hypothèse de l’attentat terroriste que les autorités allemandes suggèrent avec force, Fontenoy cherche à élucider le crime et se trouve mêlé à une entreprise qui dépasse ses compétences parisiennes. Il découvre ce qu’est la traque menée par son ami, ainsi que les dessous d’une sombre affaire de famille.

La Traque propose une intrigue dense, avec de nombreux protagonistes, un enchaînement de rebondissements bien amenés dans l’ensemble. On ne s’ennuie pas à suivre cette enquête. D’autant plus que le contexte, celui de l’Occupation, est peint avec beaucoup de nuance. Au-delà des descriptions du Paris occupé, c’est la réflexion menée par les auteurs sur l’ambivalence des sentiments du héros qui oscille entre son passé de phalangiste aux côtés des franquistes et son dégoût de la politique antisémite de la France. Les références à la vie politique française des années 1930 et de l’Occupation sont nombreuses, assez claires pour le béotien en la matière, mais plus pertinentes encore pour un lecteur bien renseigné sur le sujet. Les personnages secondaires sont aussi complexes que le héros, qu’il s’agisse du jeune officier nazi mêlé aux anarchistes espagnols ou du romancier insaisissable qui peint avec brio la misère de l’Amérique latine.

L’intérêt du lecteur, pour l’intrigue comme pour l’évolution des personnages, est cependant entravé par la structure du roman, qui mêle des récits à la première comme à la troisième personne, des rapports officiels des services allemands, des compte-rendus de lecture, ainsi que des extraits de journal intime. Cette multiplication des points de vue et des types de récit rend parfois l’ensemble confus, trop haché. Le début du roman, surtout, est laborieux, car il accumule des rapports des autorités nazies qui pourraient rebuter un lecteur peu motivé.

Si j’ai pris plaisir à cette lecture, c’est en raison non seulement de l’intrigue et des personnages qui ont su me séduire, mais aussi de l’arrière-plan historique qui est parvenu à éveiller des souvenirs de lectures antérieures sur la période de l’Occupation.

La prophétie Charlemagne de Steve Berry

Ce livre a été lu dans le cadre d’un partenariat avec les éditions Le cherche midi.
Merci à elles de m’avoir permis de le découvrir et merci à l’attachée de presse pour son petit mot joint au livre.


Présentation de l’éditeur :

An 1000. Aix-la-Chapelle. Othon III, roi de Germanie, pénètre dans le tombeau de Charlemagne, inviolé depuis 814. Parmi de nombreuses reliques, il y découvre un étrange manuscrit, couvert de symboles inconnus. 1935. Allemagne. Himmler crée un groupe spécial d’archéologues et d’ésotéristes chargés de se pencher sur les racines de la race allemande, des Aryens aux chevaliers teutoniques. Dans la sépulture d’un proche de Charlemagne, ceux-ci trouvent un manuscrit montrant les mêmes symboles que ceux découverts neuf siècles plus tôt à Aix-la-Chapelle. 2008. Afin d’élucider la mort mystérieuse de son père, Cotton Malone va devoir déchiffrer les énigmes entourant ces deux manuscrits. Du coeur de l’Allemagne aux glaces de l’Antarctique, en passant par un monastère de la région de Toulouse, c’est un puzzle passionnant qui l’attend, à travers l’histoire, les cultures et les civilisations. Fourmillant de détails passionnants, depuis le formidable bouleversement du savoir à l’époque de Charlemagne jusqu’aux expéditions nazies au pôle Sud et au Tibet, ce roman exceptionnel ensorcelle le lecteur de la première à la dernière ligne.

Mon avis :

J’ai choisi ce livre, car la présentation de l’éditeur et la couverture me faisaient envie. Je me voyais déjà en train de découvrir une enquête extraordinaire sur fond historico-ésotérique et… grosse déception.
L’enquête se traîne, la lecture est difficile (en 15 jours je n’ai lu que 146 des 661 pages).
Dès que j’ouvre le livre, je m’endors… Je me force à lire un ou deux chapitres (heureusement très courts), mais je sombre rapidement…
Beaucoup de personnages dont j’ai le plus grand mal à me souvenir d’une page à l’autre (j’ai envisagé de me faire une « feuille de pompe » pour m’en souvenir d’un jour sur l’autre), une intrigue qui peine à avancer, beaucoup de points de vue différents ce qui ajoute une difficulté supplémentaire, des retours en arrière, bref, une lecture qui devient difficile.

Je me suis résignée à ne pas aller plus loin. Je n’aime pas arrêter les livres en cours de lecture, mais là, vraiment, je n’en retire aucun plaisir, au contraire.

Ironie du sort, lorsque l’on ouvre ce livre, on commence par les remerciements avec ce paragraphe « Enfin, je dédie ce livre à mon agent, Pam Ahearn, et mon éditeur Mark Tavarni. En 1995, Pam m’a choisi comme client, et dut endurer quatre-vingt-cinq rejets au long de sept ans avant de nous trouver une maison d’édition. Quelle patience. (…) »
Si les maisons d’édition ont eu autant de mal que moi à entrer dans le roman, ça explique les si nombreux refus.

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J’ai écrit cette critique il y a une semaine. Depuis, comme j’avais mauvaise conscience de ne pas finir un livre qu’on avait eu la gentillesse de me confier, je l’ai repris, en me faisant une antisèche avec les personnages, leurs fonctions, leurs rôles entre eux, mais… rien à faire… la lecture n’en est pas plus facile. Je m’englue dans l’intrigue, dans les intrigues, et le sommeil se fait toujours autant sentir au bout de quelques lignes. Cette fois-ci, c’est sur, je referme le livre sans l’avoir terminé.

Un grand merci malgré tout à Livraddict et à la maison d’édition qui ont permis ce partenariat (même s’il me laisse un goût d’inachevé) et je présente mes plus plates excuse auprès des mêmes pour ne pas être arrivée à remplir ma « mission ».

La Traque de Muriel et Patrick Spens

Résumé :

En plein Paris occupé par les nazis, un officier SS, Walter Von Seelendorff, est assassiné. L’arme retrouvée un peu plus loin indique un meurtre commis par des résistants communistes Russes, mais tout cela est trop simple pour l’officier Fontenoy ami de la victime, selon une de ces connaissances les armes manquent trop en France et en Russie pour être abandonnées sur les lieux d’un crime. Fausse piste ? Mais alors serait-il possible que le meurtre ai été commandité par les nazis eux même ? Pourquoi alors éliminer l’un des leur ? Fontenoy remonte dans le passé de son ami et découvre grâce à des indices laissés par la victime son voyage au Mexique et la raison de son voyage là-bas Puis pourquoi le gouvernement de l’Allemagne Nazie s’intéresse tant au romancier et anarchiste Larsen exilé au Mexique ?

Mon avis :

Même si la couverture n’est pas des plus attrayante, l’entrée du roman reste pour le moins agréable. J’adore quand un livre commence par de courtes citations d’auteur, dans ce cas précis page 14 et page 162 on y trouve des citations d’un auteur allemand Erich Mühsam, plutôt agréable.

Le livre, un thriller de 363 pages, est original par son sujet. L’enquête sur l’assassinat d’un officier SS reste assez peu répandue dans les romans et la construction du roman change du schéma typiquement habituel du thriller ou du polar, c’est à dire meurtre, enquête et récolte d’indices puis arrestation du meurtrier. Dans ce bouquin c’est plutôt l’inverse, meurtre, petite enquête et quelques indices puis assassinat du meurtrier et une fois tout cela achevé on rentre enfin dans le vif du sujet par la question restée en suspens. Pourquoi a-t-on assassiné cet officier SS ? C’est un peu à l’envers mais pas du tout dérangeant et ça en ferait un livre agréable à lire s’il n’y avait pas tout ces rapports policiers allemands qui cassent l’ambiance du livre dans toute la première partie. Je les ai trouvés longs, fastidieux et pas toujours utiles. Pour moi ils égarent un peu le lecteur et le découragent à la lecture, surtout qu’ils arrivent souvent quand le livre, enfin le chapitre précédent devient vraiment intéressant. Puis je ne comprends pas pourquoi dans les premiers rapports de police le personnage de Bret Hamrut soit l’écrivain B.Larsen n’est nommé que par ses initiales B. H. alors que page 75 son nom est écrit en toutes lettres apparemment sans raison, pour moi ce mystère autour de ce personnage n’est pas utile.

Néanmoins les auteurs ont su composer en la personne de Fontenoy, policier dans le Paris occupé, un personnage sympathique. On sent, même s’il travaille pour les nazis, qu’il n’est pas mauvais, que c’est un homme d’honneur qui possède encore en lui des valeurs humaines dans cette période noire de l’histoire. Puisque avant d’enquêter sur le meurtre d’un officier SS, il enquête avant tout sur le meurtre d’un ami, d’un frère d’arme. Fontenoy est un homme de confiance il va jusqu’à risquer sa vie, pour comprendre la mort de son ami, dommage qu’il ait une fin si stupide…

En résumé ce livre reste pour moi mitigé, le suspense est bien entretenu, l’écriture reste assez simple, mais le livre part un peu dans tous les sens et il y a parfois trop de descriptions ou de détails inutiles. Puis le roman m’a quand même laissé sur ma faim.

Mais je ne peux finir cette critique sans évoquer un passage que j’ai adoré page 253 : « Qu’ai-je à faire de l’or ? La terre est bénie, elle porte bonheur, les fruits de même, mon troupeau aussi. L’or ne porte pas bonheur et l’argent non plus. Est-ce qu’ils vous portent bonheur, à vous les Espagnoles ?… Vous vous tuez pour l’or, vous vous haïssez pour l’or. Vous gâter votre vie pour l’or. »

Un grand Merci à Livraddict et aux éditions Le cherche midi.

« J’ai voulu porter l’étoile jaune » de Françoise Siefridt

Critique de « J’ai voulu porter l’étoile jaune » Journal de Françoise Siefridt, chrétienne et résistante.
Aux éditions Robert Laffont.

« J’ai voulu porter l’étoile jaune » se divise en trois parties : Une préface de Jacques Duquesne, le journal à proprement parler qu’a tenu Françoise Siefridt durant sa détention, et un postface de Cédric Gruat.

J’ai été surprise par la longueur de la préface, par rapport au journal lui même. Toutefois, elle s’avère nécessaire et fortement utile au lecteur. car, en effet, si chacun connait les conditions générales de l’occupation allemande en France, et les grandes lignes de l’histoire de la résistance, certains passages de l’histoire méritent une mise en lumière.

La préface fait une place d’honneur au catholicisme et son action durant l’occupation. Personnellement, j’ai appris nombre de choses, car on ne fait que très peu allusion à l’Eglise lorsqu’on parle de résistance, hors, la place de l’Eglise à cette époque était plus que prédominant. Malgré tout, cette présentation traine un peu en longueur, et la (très) longue liste de noms d’ecclésiastiques cités, ainsi que leurs actions, devient pesante. On se perd dans les noms, les faits, et j’ai fini par me demander « quand commence réellement le journal de Françoise Siefridt? ».

Au final, la préface est très intéressante, mais traine en longueur ce qui est fort dommage.

Le journal en lui même est d’une spontanéité incroyable. Contrairement à tout ce que j’ai pu lire en rapport à l’occupation, la résistance et les déportements, la pudeur et la douceur que la jeune femme pose dans ses descriptions et sentiments sont incroyablement touchantes sans tomber dans le mélodramatique.

Son optimisme apporte une vision que je n’avais jamais lue dans aucun récit autobiographique. Je craignais un peu, après la préface, de voir beaucoup de religion et de dévouement à Dieu dans son ressenti, mais il n’en est rien.

De mon point de vue, c’est un témoignage nouveau de cette période, qui mérite toute notre attention!

Quant au postface, classé en quelques très courts chapitres thématiques (quelques pages seulement pour chaque thème), il clôt parfaitement ce livre et apporte les précisions finales à la situation de ces « résistants à l’étoile ». Ce pan de la résistance n’a pas été le plus connu ni reconnu, mais, comme le dit Cédric Gruat, « s’il ne s’attaqua pas directement au pouvoir même de l’occupant ni ne le fit reculer, en revanche, ce geste peut être entendu comme l’affirmation visible et publique de valeurs positives et fondamentales d’humanité et de respect d’autrui ».

Cette conclusion de la postface décrit parfaitement mon sentiment. Chaque geste de la résistance à été important et essentiel. Et il était temps de se pencher sur le cas de ces résistants à l’étoile.

Je remercie les éditions Robert Laffont de m’avoir permis de découvrir cet ouvrage particulièrement intéressant et ce témoignage incroyablement touchant.