La lucarne de José Saramago

La lucarne

Merci à Livraddict et aux éditions Points pour la découverte du superbe roman de José Saramago, La lucarne.

Présentation de l’éditeur :

De la fenêtre de sa chambre, Abel, jeune homme sans attaches, observe la vie ordinaire de ses voisins, petites gens du Portugal des années 1950. Sous la dictature de Salazar, chacun garde sous clef ses secrets: amours clandestines ou incestueuses, haines et espoirs… Quels peuvent être ceux de Lidia, qui occupe l’appartement du dessus, et dont le charme ravit Abel ?

Mon avis :

J’ai mille choses à dire sur ce livre enthousiasmant. La première est que le lecteur lira la préface avec amusement. Le manuscrit, envoyé par José Saramago à une maison d’éditions alors qu’il était encore jeune et inconnu, disparut pendant 40 ans. A l’époque, l’éditeur ne jugea pas utile d’adresser au futur prix Nobel de réponse concernant son manuscrit, qui ne fut retrouvé que lorsque la maison d’édition changea de locaux. José Saramago en refusa alors la publication et récupéra son manuscrit. C’est donc après sa mort en 2010 que fut publié ce bijou écrit par l’auteur dans sa prime jeunesse.

Les deux pouces en l’air pour le choix de la couverture, une photographie intitulée « Tableau d’intimités (Sydney », d’Anne-Laure Maison, qui colle admirablement à l’esprit de l’ouvrage.

Quant au texte, c’est un véritable enchantement. Je m’attendais à ce qu’il revête une dimension socio-historique, à ce qu’il m’apprenne des choses sur ce Portugal d’après-guerre dont j’ignore tout. Mon ignorance restera complète ou presque, car le livre n’a rien à avoir avec un quelconque portrait sociétal, il propose une observation fine, lucide et dénuée de jugement, de ce que sont les êtres dans l’intimité du couple, de la famille, du voisinage. Il parle de leur rapport à eux-mêmes, aux autres et au monde. De leurs espoirs, de leurs hontes, des sentiments cachés, que l’on dissimule aux autres et parfois à soi-même. Des mensonges qu’on se raconte pour se faire du bien ou pour survivre.

Le texte est sublime, il n’y a pas un mot de trop mais il n’en manque aucun. Les dialogues sont vraisemblables, parfois piquants ou inattendus, les sentiments des personnages sont crûs en ce qu’ils respirent la réalité.
Je me suis sentie, en lisant ce livre, comme le héros de Fenêtre sur Cour, penchée, dans une attitude peut-être un peu voyeuriste, sur le quotidien de ces gens, comme si j’habitais l’immeuble d’en face, ayant une vision à la fois instantanée et globale de la situation, comprenant à la fois le tout et le rien de leur existence.

Ce roman est une perle.

Les raisins de la colère de John Steinbeck

Les raisins de la colèreRésumé :

Années 1930, Oklahoma. Tom Joad est libéré de prison suite à un homicide involontaire. Il retourne à la ferme familiale mais une mauvaise surprise l’attend : la ferme a été saisie par une banque et sa famille, totalement ruinée, est sur le départ. Elle s’apprête à partir en Californie, avec l’espoir de trouver un emploi et de vivre dignement.

Mon avis :

De très beaux personnages qui restent dignes, respectueux et proches de leurs valeurs de vie (l’entraide, la fraternité ..) jusqu’à la fin. Nous traversons des épisodes de vie très dure, mais nous nous attachons à cette famille car, malgré la misère ambiante, ils continuent sans relâche. Après avoir fini ce livre, je me suis surprise à continuer à penser à cette famille car nous pouvons nous retrouver un  peu dans chacune de leur difficulté. C’est un roman très bien décrit dans tous les détails avec un Steinbeck qui sait embrasser avec merveille tous les éléments de la vie (la nature, la flore, la faune ..), c’est un monde vibrant de vie qu’il a su créer.. Et, pour moi, des personnages modèles,  avec de bonnes valeurs humaines et qui cherchent à s’en sortir. La fin est atypique, j’ai lu dans son journal qu’il a dû se battre pour que son éditeur ne l’a déforme pas et bravo à lui pour avoir eu le courage de se battre pour son oeuvre..

L’Alchimie du bien-être d’Indrajit Garai

L'alchimie du bien-êtreJe suis une lectrice qui aime les livres positifs qui nous font évoluer.

Ce manuel m’a touché car l’auteur partage un bilan sur ce qu’il a appris au cours de son métier. Il ne donne pas de solution toute faite, nous devons par nous-mêmes, avec un travail personnel, mettre en place au quotidien des actions qui vont nous faire évoluer.  Nous n’avons à aucun moment ce sentiment que l’auteur est supérieur et qu’il nous donne des leçons sur la vie. Il nous fait beaucoup réfléchir et agir en fonction de nos propres valeurs.

J’y ai  retrouvé des choses que je savais déjà par intuition, et ça fait du bien que cela soit écrit et confirmé par des exemples de vie qu’il donne:

– suivre ma conviction intime : tous les jours, je dois prendre des décisions et j’ai souvent une première pensée, c’est-à-dire ma conviction intime, qui me guide, et avec ce manuel, j’ai réappris à lui faire confiance.

– mieux vivre ma vie en étant en accord avec moi pour que ce ‘bien-être’ se propage sur mes relations avec les autres. J’ai toujours eu une confiance en moi et une stabilité intérieure qui m’ont permis d’avoir des excellentes relations avec les autres. Je comprends maintenant pourquoi cela marche pour moi, et je sais, aussi maintenant, quoi faire pour les jours où cela ne marche pas.

C’est un manuel pratique qui nous aide à atteindre l’excellence dans ce que nous faisons en étant en accord avec nous-mêmes. Et ainsi de faire rayonner ce bien-être dans nos relations avec les autres. Le tout illustré par des histoires de personnes ordinaires qui évoluent dans leur vie. J’ai pu appliquer ce que j’ai appris dans ce livre, pour mes relations dans mon travail et d’autres contextes.

Je vous conseille de lire la deuxième édition en ebook  de cet ouvrage (la première est moins bien).

Quelques passages que j’ai appréciés :

La clé pour réussir est la régularité de votre travail, et si vous restez conscient de votre évolution, vous ne tombez jamais dans la monotonie.

Nous devenons ce que nous pensons : nous devenons ce que nous faisons.

Les livres positifs nous nourrissent, nourrissons les écrivains qui les écrivent et non les écrivains qui nous entourent de noir et nous détruisent finalement.

Lésions dangereuses de Christian Jungersen

Lésions dangereusesQuatrième de couverture:

Mia, institutrice danoise, épouse Frederik, jeune directeur d’une prestigieuse école privée. Ils ont un fils, Niklas. Très pris par son travail, Frederik délaisse sa famille. Il est loin d’être l’époux dont Mia rêvait. Un jour, une dispute éclate et elle l’accuse d’avoir été infidèle. Contre toute attente, Frederik se métamorphose en mari idéal du jour au lendemain : tendre, présent, attentif, il est irréprochable. Pendant deux ans, Mia est parfaitement heureuse. Jusqu’au jour, où Frederik provoque un accident de la route alors qu’ils passent de paisibles vacances en Espagne. La vie de Mia va peu à peu devenir un enfer. Qui est cet homme qui partage sa vie ? Jungersen n’a pas son pareil pour raconter l’angoisse abyssale qui survient lorsque la personne que l’on croit connaître par cœur devient un inconnu et que la douce harmonie du quotidien s’effrondre.

Mon avis:

La quatrième de couverture est accrocheuse et laisse imaginer un thriller psychologique prenant. Les apparences sont toutefois trompeuses puisqu’il ne s’agit pas du tout d’un thriller mais plutôt d’un drame contemporain, ceci dit non moins captivant.

Le récit alterne entre les moments présents et les souvenirs passés. Les chapitres sont entrecoupés d’articles de journaux et de revues spécifiques très instructifs sur les lésions cérébrales et les troubles du comportement qui en découlent. Ceux-ci permettent au lecteur de mieux comprendre la situation de la famille Halling et les différentes nuances au niveau du changement de personnalité des malades.

La famille Halling doit faire face non seulement à une maladie terrible mais aussi à ses conséquences qui bouleversent tout le quotidien. Chacun tente de surmonter cette épreuve à sa façon. Faut-il se battre et essayer de retrouver une vie à peu près normale quoique différente? Est-il au contraire préférable de fuir et de se bâtir une nouvelle vie ailleurs? Telles sont les questions que se pose Mia face au comportement de son mari et qui incitent le lecteur lui-même à se mettre en situation et à réfléchir sur ses propres réactions.

Si le lecteur se questionne sur ses éventuelles réactions face à ce genre de situation, il est toutefois difficile de faire preuve d’empathie envers les différents personnages. Alors que Frederik est au plus mal, il est exécrable et on prend alors facilement parti pour Mia qui endure son comportement étrange. Cependant, les réactions de Mia sont parfois exagérées et sa tendance à tout vouloir analyser est rapidement agaçante.

Le style de l’auteur est fluide et agréable, les pages se tournent toutes seules. Néanmoins, un retournement de situation final renforçant les qualités psychologiques du roman aurait été souhaitable. La fin est malheureusement prévisible.

En bref: Un très bon roman sur les relations humaines face à la maladie, intéressant et instructif, mais toutefois sans grande surprise.

Barbe Bleue d’Amélie Nothomb

Barbe bleueTitre : Barbe bleue
Auteur : Amélie Nothomb
Editions : Le livre de poche
Pages : 128

Résumé :

« La colocataire est la femme idéale. »

Mon avis :

C’est le premier Nothomb que je lis. Je ne connaissais pas du tout son style. Cette lecture a donc été une double découverte pour moi.

Nous faisons connaissance avec Saturnine, une jeune femme, professeur au Louvre, à la recherche d’un appartement. Un jour, alors qu’elle se rend à un rendez-vous pour une colocation, on lui apprend, dans la « salle d’attente » que toutes les femmes qu’a prises le propriétaire Don Elemirio comme colocataires ont toutes disparues. Plusieurs femmes sont présentes uniquement dans le but de voir qui est celui qui fait tant parler de lui.

Don Elemirio fait signer Saturnine immédiatement après qu’elle se soit présentée. Première question qu’elle se pose : Pourquoi l’a-t-il choisie si vite, alors qu’il en a refusé beaucoup avant elle.

L’intrigue se place autour de cet homme et de sa chambre noire qui est interdite, non fermée à clef et dangereuse pour quiconque y pénétrerait.

J’ai été surprise d’abord par le prénom du personnage principal féminin puis par les autres ensuite.
Saturnine est une femme avec un caractère fort, elle n’a peur de rien.

J’ai apprécié ma lecture. J’ai passé un bon moment. Saturnine et Don Elemirio « s’envoient des balles ». Les dialogues sont courts et cela donne un effet de vitesse. Les répliques fusent. Parfois, je me suis surprise à rire (pas non plus à gorge déployée, il ne faut pas exagérer^^).

L’histoire est courte. Je trouve que Don Elemirio s’est confié un peu trop rapidement. Je suis un peu mitigée sur la résolution de l’intrigue : je ne m’attendais pas à cette fin ni à cette raison (le pour quoi du comment, je ne veux pas spoiler), c’est donc un bon point mais, je le répète, je trouve que ça a été trop vite. Je n’ai pas eu le temps de me faire à ce motif. J’ai trouvé cette résolution à la fois recherchée (plutôt scientifique, physique sans trop de détail non plus, c’est basique) et trop simple. Le gars est juste fou.

J’ai quand même bien aimé ce roman. Il se lit très vite. Il était agréable à lire de par son écriture fluide. Mais je reste mitigée sur la résolution. Celle-ci reste tout de même assez originale.

Note : 16/20